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L’art contemporain burkinabè s’expose à Pasewalk en Allemagne

Publié le jeudi 19 octobre 2006 à 08h21min

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Pendant que le commissariat général du SIAO est aux dernières retouches pour le succès de la grand’messe des Arts et de l’artisanat, des artistes burkinabè exposent leurs dernières créations à Pasewalk, une ville de l’est de l’Allemagne.

Après un séjour de deux semaines au Burkina Faso, l’artiste Inès Diederich , l’organisatrice de l’exposition fût émerveillée de l’approche esthétique des créations des artistes burkinabè. « Les peintures, les sculptures des artistes burkinabè ne reflètent nulle part de ce qui est dit de l’art contemporain africain, un art qui a du mal à prendre le train de la contemporanéité » dit-elle.

Si la reconnaissance de l’art contemporain africain n’est plus matière à discussion, il reste cependant évident que les galeries et les musées européens ont du mal associer cet art à des expositions de grande renommée. Il est cependant plus facile de voir des créations africaines dans le musée ethnologique de Dahlem (Berlin) que dans la nouvelle galerie nationale de Berlin. « Cette considération de l’art contemporain africain est frustrante que salvatrice ». affirme Susanne Ouédraogo, l’une des grandes figures de l’art contemporain burkinabè.

Pour se démarquer des sentiers battus, Madame Diederich croit que pour l’éclosion et pour une reconnaissance entière de l’art contemporain africain plus particulièrement du Burkina, une approche entre les artistes du Nord et ceux du Sud est plus que nécessaire. Les toiles de Suzanne Ouédraogo, Souleymane Nikiéma, Lacina Konseimbo seront vues durant cette exposition ( du 15 octobre au 30 novembre ) à côté de celles d’artistes allemands tels que Brigitte Meyer, Anke Meixner, Karin Camara, Thomas Reich.

Madame Diederich, dans sa vocation de faire connaître l’art burkinabé dans toutes ses dimensions a aussi prévu un débat sur la situation et l’avenir des arts plastiques fût réalisé. Face à la quasi-inexistence de critiques d’art burkinabé pour produire des documentations liées à l’art de leur pays, un tel débat est un rayon de lumière sur l’obscurité dans lequel vit l’art contemporain du Burkina Faso.

L’ambassadeur du Burkina Faso en Allemagne, S.E.M. Xavier Niodogo a tenu être présent au vernissage de l’exposition en présence des premières autorités de la région.

De telles approches, de telles rencontres, se présentent comme une véritable occasion pour les artistes burkinabè de se confronter à d’autres créations, à d’autres artistes. « Cette exposition commune avec les artistes allemands est un rendez-vous du donner et du recevoir », affirme Souleymane Nikiéma, président de l’association des artistes plasticiens professionnels du Burkina.

Il est évident que les échanges artistiques nord-sud ne sont pas seulement bénéfiques aux Africains mais aussi à ceux du nord qui croient avoir l’apanage de la création contemporaine. La preuve en est que nombreux sont les artistes allemands de Rostock qui se préparent pour prendre part à la première grande rencontre internationale de la peinture de Ouagadougou (RIPO) à la fin de ce mois. Une première au Burkina, qui selon Suzanne Ouédraogo, initiatrice de ce projet, fera tâche d’huile dans l’histoire de la culture burkinabè.

Le Burkina Faso, ce n’est seulement pas le Fespaco. C’est aussi la peinture, la sculpture et le design. Goudou Bambara, Christophe Sawadogo, Fernand Nonkouni, Hassan Dao, Saliou Traoré, Hamed Ouattara sont des artistes burkinabè parmi tant d’autre qui font la fierté du pays hors de ses frontières. Si leur reconnaissance sur le marché mondial de l’art est quasi inexistante, les artistes plasticiens peuvent s’enorgueillir d’être parmi les artistes burkinabè qui vivent de leur art.

La présence des artistes burkinabé dans l’est de l’Allemagne est une des forces de cette rencontre artistique germano-burkinabé qui se caractérise par le lieu de l’exposition. Le Land de Mecklembourg Vorpormmern, est reconnu par les agressions fréquentes des « crânes rasés » à l’encontre des étrangers. Mettre en exergue les potentialités et les capacités de création artistiques d’un pays étranger dans une région où le néo-nazisme est monnaie courante, relève d’une gageure et contribue à faire reculer cette xénophobie tant redoutée.

Alex Moussa Sawadogo
Lefaso.net
Correspondant à Berlin, Allemagne

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