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Affaire dite des 50 millions d’Oumarou Kanazoé : « Une décision sur commande », selon Me Sankara

Publié le mercredi 18 octobre 2006 à 07h40min

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Le Tribunal de grande instance de Ouagadougou séant en matière correctionnelle, contradictoirement et en premier ressort a rendu son verdict dans l’affaire dite des 50 millions d’Oumarou Kanazoé.

Pour l’essentiel, les deux prévenus, Dabo Moussa et Tapsoba Noaga Ousmane, écopent d’une peine d’emprisonnement ferme de 14 mois, assortie du remboursement de la somme de 50 millions de francs à Oumarou Kanazoé ainsi que de 15 millions de francs à titre de dommages-intérêts.

Au regard du verdict, on peut dire que le tribunal a suivi la partie civile et le parquet qui dans leurs plaidoiries et réquisitoires, avaient demandé que les prévenus soient reconnus coupables d’abus de confiance (article 487 du Code pénal) compte tenu de la « simplicité » de l’affaire et de la « limpidité » des faits.

Les sieurs Dabo et Tapsoba commis par OK à la tâche de remettre l’argent aux diverses associations de commerçants ne l’ont pas fait. Ils ont préféré ouvrir un compte bloqué de 40 millions et un autre, courant celui-là, de 10 millions pour « gérer » le pactole. En fait de compte bloqué, il n’en était rien puisque l’historique de compte relèvera que celui-ci avait été « siphonné » en quelques mois, avec au final un solde d’un peu plus de 190 000 F CFA.

Des prévenus « dissimulateurs » et qui plus est « difficiles et suffisants » au regard de leur attitude devant le tribunal précisera la partie civile. Et « inconstants » comme le relèvera le parquet en raison de la « non-concordance » de leurs propos. Aussi, l’intention coupable existant dès l’ouverture du compte bancaire, l’argent ayant été remis à tous les commerçants et non aux deux. Le son de cloche diffère à tous points de vue du côté de la défense, pour qui l’infraction d’abus de confiance n’est pas constituée.

Outre les exceptions qu’elle a soulevées et qui devaient empêcher la tenue du procès selon elle, la défense a indiqué que les personnes mandatées n’avaient pas « qualité » pour remplir leur tâche. Elle a insisté sur la « pertinence et la réalité » du mandat, le parquet n’ayant pas établi clairement que ces sommes avaient été remises à leurs clients pour être distribuées à des commerçants.

Et puis, le président du Faso étant « satisfait », où est le problème, s’est interrogé la défense. Il faut donc « rendre grâce au droit et à l’esprit de justice » car les faits ne sont pas établis de manière « irréfragable ». Et, Me Farama de conclure au regard de tous ces griefs qu’il ne « faut jamais avoir le malheur d’affronter plus fort que soi en justice ». Autant d’arguments qui n’ont pas prospéré au vu de la peine infligée à leurs clients, « une décision sur commande », à propos de laquelle ils ont promis de relever appel.

Boubakar SY


L’avis des avocats

Après verdict rendu par le tribunal en premier ressort, les différentes parties s’expriment :

Me Halidou Ouédraogo, avocat des parties civiles : « Je suis content car justice a été rendue à mon client Oumarou Kanazoé. C’est une affaire tellement simple qu’on n’aurait pas dû débattre huit heures pour la vider. Et pourtant, que n’a-t-on pas entendu autour de cette affaire des 50 millions. Maintenant que le droit a été dit et bien dit, nous espérons que l’opinion publique ne se laissera plus divertir ».

Me Bénewendé Sankara, avocat de la défense : « C’est une décision sur commande. La justice a été instrumentalisée pour satisfaire Oumarou Kanazoé. Cette décision ne colle pas avec la matérialité des faits et, il n’est pas normal que le corrompu seul soit condamné et pas le corrupteur. Nous allons relever appel et nous ne doutons pas cette fois que justice nous sera rendue ».

B. S

Sidwaya

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