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Les petits métiers à Ouagadougou : Le sable de la survie à Binsiguin

Publié le vendredi 13 octobre 2006 à 07h31min

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Si ce n’est pas un site orifière, c’est tout comme. C’est du moins ce qu’en pensent les jeunes du quartier Binsigin, dans l’arrondissement de Sig-Noghin, où ceux-ci s’organisent pour extraire du sable à au moins 5 m de profondeur.

« Euh, c’est du vrai sable ! », s’est écrié un visiteur du site d’extraction souterraine de sable du quartier Binsigin, situé à la sortie de la capitale sur la route de Ouahigouya. Des montagnes de sable par-ci, des trous d’au moins 5m de profondeur par-là, des coups de pioches retentissant du fond de ces trous, des jeunes transpirant à grosses gouttes, y retirent du sable à l’aide de bidons reliés à des cordes. « Ici, on se débrouille. Chacun cherche à manger », expliquent Madi et ses deux compagnons. « On est obligés d’y revenir, car on n’a rien à faire », réplique de son côté Amado. Les jeunes viennent extraire le sable qu’ils revendent à 1000 F CFA, la charrettée. Adossé sur « sa montagne de sable », Ilassa Sawadogo raconte son histoire. Revenu de la Côte d’Ivoire, il est présent sur ce site depuis deux (2) mois. « Je suis venu chercher l’argent », dit-il d’un air souriant.

Vêtu de haillons, il paraît visiblement très épuisé. Combien gagnes-tu alors ? A cette interrogation, il hésite à dévoiler ses gains. « On gagne un peu ». Ilassa travaille avec cinq (5) camarades. Ils ont affirmé vendre entre 10 à 20 charrettées de sable par jour, soit 10 000 à 20 000 F CFA/jour. Cet argent leur permet de s’acheter des vêtements ainsi que des vélos, ont-ils expliqué.

Le sable, c’est de l’or !

Le sable, c’est notre or, disent les jeunes. Ce sable-là signifie pour beaucoup d’entre eux, l’espoir. C’est le gravat de la survie. Désouvrés, ils se donnent du travail. Les risques sont énormes : Les éboulements, la fatigue, les coups de soleil...sont autant de danger qu’ils doivent affronter. « On a peur que des gens tombent dans ces trous. Mais, que voulez-vous, on n’a rien à faire pour subvenir à nos besoins », se justifient-ils. Sur le site de Binsigin, une centaine de jeunes s’adonnent bon gré mal gré, à la recherche du sable. Ils ne sont pas seul à profiter de cette « manne » souterraine.

Des propriétaires de charrettes soustraitent avec eux en rachetant leur sable au prix de 1000 F CFA la charrettée. « C’est du bon sable, j’irai revendre cette charettée à 2 500 F CFA », a déclaré Mathieu, un soustraitant. Nombre d’entre eux estiment que c’est une occupation temporaire. Ils nourrissent l’espoir de l’abandonner dès qu’ils auront trouvé mieux ailleurs.

Aussi se disent-ils conscients de la dégradation de l’environnement, occasionnée par cette activité. Faute de mieux, ils entendent poursuivre sur un autre site au cas où celui-ci se « tarirait ». Tout serait parti à Binsigin d’un constat fait par les jeunes. Du sable se déposait dans et à proximité du bas-fond. Ils ont alors creusé le sol pour voir si du sable se trouvait en bas. Et l’expérience fut concluante. Aujourd’hui, la ruée vers le sable de la survie attire de plus en plus les jeunes désouvrés, désireux de gagner leur vie à la sueur de leur front.

S. Nadoun COULIBALY (coulinad@hotmail.com)

Sidwaya

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