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Côte d’Ivoire : Gbagbo bredouille

Publié le mercredi 4 octobre 2006 à 07h27min

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Laurent Gbagbo

Très cher oncle,

Je ne t’apprends rien en te disant que tout flatteur vit aux dépens de celui qui l’écoute. Simplement pour te dire que les interlocuteurs burkinabè du président ivoirien n’ont pas cédé au charme de serpent de Laurent Gbagbo.

De sources généralement bien informées et concordantes, le président ivoirien et son compagnon Tabo M’Beki sont rentrés bredouilles de leur rencontre avec Blaise Compaoré. Cela me rappelle l’image de l’insecte qui, attiré par l’odeur du lait, s’est retrouvé dans la gourde d’un voyageur. Et ce dernier de s’empresser de l’en extirper et de le sucer en disant : "Tu es venu noir, tu retourneras noir."

Beaucoup de gens se demandaient ce qu’était venu chercher Gbagbo à Ouaga. D’aucuns avançaient même que Blaise ne devait pas le recevoir, car à chaque fois qu’il vient à Ouaga (cela fait son troisième voyage), c’est pour retourner en Côte d’Ivoire et tout remettre en cause. Ceux qui étaient dans le secret des dieux disent que la présence de Tabo M’Beki, plus que jamais soupçonné d’être de connivence avec son homologue ivoirien, n’a pas empêché Blaise Compaoré d’être ferme sur la manière de traiter le dossier ivoirien.

Beaucoup d’observateurs ici pensent qu’il n’a pas eu tort. En effet, dès son retour de Ouaga, Laurent Gbagbo s’est lancé dans des diatribes et dans de longues tirades mettant tout le monde hors jeu, y compris la CEDEAO à laquelle le dossier a été confié. Dans ces conditions, Blaise Compaoré aurait pu paraître comme celui qui sème la division au sein de la CEDEAO s’il avait suivi Gbagbo dans ses dérives mégalomaniaques.

Un piège que le Burkina a donc su déjouer en se référant à la CEDEAO comme passage obligé pour tous les protagonistes de la crise. Gbagbo va-t-il encore pratiquer la politique de la chaise vide comme il l’a fait lors de l’ouverture de la 61e session de l’Assemblée générale de l’ONU ? Si Gbagbo adopte la même attitude, il ne pourra que donner raison à Jacques Chirac qui disait que la suspension de la Constitution ivoirienne était la seule alternative à l’instauration de la paix en Côte d’Ivoire.

Pour terminer avec la Côte d’Ivoire, nous vivons ici dans la crainte des conséquences des déchets toxiques sur la santé des populations frontalières de la Côte d’Ivoire. Cette crainte est d’autant plus justifiée que ceux qui sont à l’origine de cette catastrophe sanitaire n’ont pas toujours le souci de la santé d’autrui. Le seul paramètre qui compte, c’est l’argent.

Très cher oncle,

Présentement, c’est le printemps des rentrées. Rentrée gouvernementale, rentrée scolaire et universitaire et rentrée judiciaire. Si la première est passée comme une lettre à la poste, les deux autres feront parler d’elles pendant des mois. La rentrée scolaire, d’abord avec ses récurrents problèmes d’insuffisance d’infrastructures, d’effectifs pléthoriques, de manque d’enseignants en nombre et en qualité et surtout de note salée due à l’augmentation des frais de scolarité. Dans certains établissements on a enregistré des augmentations de 10 000 F CFA, comparativement aux frais de l’année dernière.

Heureusement, la perspective de bonnes récoltes va certainement atténuer le calvaire des parents d’élèves, surtout ceux qui vivent dans l’extrême pauvreté. En tout cas, la terre n’a pas menti cette année pour ceux qui se sont investis dans l’agriculture. Quant aux autres, ils pourront être soustraits aux griffes des spéculateurs de céréales et des affameurs, car le prix des denrées de première nécessité va considérablement baisser.

L’autre événement, c’est la rentrée judiciaire. Tu sais comme moi que la justice, dans une société, est aussi vitale que l’eau et l’air. La cérémonie de cette rentrée a été présidée comme d’habitude par le Chef de l’Etat, président du Conseil supérieur de la magistrature. Lors de la cérémonie, un membre de ce Conseil n’a pas craint de dire que la justice épinglait le menu fretin tout en épargnant les gros poissons. Vrai ou faux ?

On peut cependant penser que le thème de la rentrée, "des conflits de compétences entre les institutions judiciaires au Burkina", procède du souci des responsables de nettoyer les textes qui régissent la Justice afin d’en faire un instrument efficace au service de tout le monde. Avec cette rentrée judiciaire, on espère que certains dossiers pendants trouveront un dénouement rapide pour un peu décrisper le climat social, même s’il convient d’admettre que la justice ne doit pas être expéditive, toute chose qui pourrait conduire à des erreurs judiciaires parfois irréparables.

Cher oncle. Le front social, qui a connu un bouillonnement ces derniers temps, va-t-il connaître une accalmie avec la décision du gouvernement de réduire sensiblement le prix des hydrocarbures et de résoudre la question des arriérés d’avancements des fonctionnaires, en souffrance depuis longtemps ? On sait que la cherté de la vie a toujours constitué la pomme de discorde entre les syndicats et le gouvernement, les premiers considérant que le train de vie de l’Etat n’est pas en adéquation avec cette pauvreté presqu’endémique.

Quant au second, il avait toujours répété que toute augmentation entraînerait la rupture des équilibres financiers. Il reste à espérer que cette décision n’est pas uniquement conjoncturelle, liée à la baisse du prix du baril sur le marché international.

Très cher oncle, parlons maintenant de football, cette discipline qui, ici, comme ailleurs, passionne les gens. En éliminatoires de la CAN Juniors 2007, les Etalons Juniors viennent de battre les juniors ghanéens, autrement dit, les Black Starlets, par un but à zéro. Un petit lot de consolation, mais peu sécurisant pour la suite des événements. Il faut néanmoins reconnaître que les Etalons juniors relèvent un peu notre tête par rapport à leurs aînés, les Etalons Seniors. Malheureusement, on n’a pas l’impression que les premiers font l’objet de la même attention. Et pourtant, la relève doit venir de là-bas.

Enfin, je te signale que les membres de la CENI (Commission électorale nationale indépendante) viennent de prêter le serment de bien conduire leur mission. On espère qu’ils auront à coeur de nettoyer les écuries d’une CENI (code électoral, fichier électoral) qui n’a pas toujours eu bonne presse. Surtout que nous sommes à l’approche des élections législatives. il s’agit, à n’en pas douter, d’une course contre la montre. Mais, au Burkina, on a l’habitude de se dépêcher lentement, au point de se laisser surprendre par les événements.

Ton neveu

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 5 octobre 2006 à 17:55, par OUEDANDRE En réponse à : > Côte d’Ivoire : Gbagbo bredouille

    bonjour, je suis Burkinabé vivant en Côte D’Ivoire et je voudrais pour le respect d’un peuple qu’est la Côte D’Ivoire qu’on arrêtte de prononcer sur des ouï dire car il faut être en Cote D’Voire pour voir ce qui s’y passe.
    arretons donc de diaboliser les gens et passer au peigne fin les dessous de la crise qui dure trop lomgtemps.
    Le Pays est souverain et à sa constitution par conséquent on ne peut lui demander de la dissoudre.
    s’il se levait une rebellion au Burkina aujourd’hui on ne chercherait pas à marchander avec elle mais on cherchera plutôt à la faire disparaitre parcequ’elle est dangereuse pour la Nation.
    Pour nous etranger qui sommes en Côte D IVOIRE connaissons ce qui se passe ici si du moins nous voulons savoir tte la vérité sns parti pris,
    Connaissez-vous la positon de certains pays occidentaux dans cette crise ? Leur interêt égoîste prime et la vie du citoyen noir n’est d’aucune importance pour eux.
    nous sommes independants ou non ? si la reponse est oui pouquoi devons nous être aujourd’hui encore victime d’une colonisation mentale.
    Ne dit on pas que la vérité finie par triompher un jour.
    Aujourd’hui ceux qui en C I veulent connaitre la vérité sur cette crise la connaisse ceux qui veulent la retenir captive la retienne.
    A chacun sa conscience
    Vos ecrits sur la Cote D Ivoire et son président ne fait que révolutionner le peuple Ivoirien qui de + en + risque d être hostile à l’égard des Burkinabé en C I.
    CHACUN DONC A SA PART DANS CETTE CRISE ALORS PRUDENCIA comme on le dit en C I
    Je peux affirmer que si cette crise était au B F et que les journaux Ivoiriens en parlait comme vous le faite les Ivoiriens du FASO ne seraient plus alors arrêttez de jetter de l’huile sur le feu et ensemble concourons a la paix et à des paroles paisibles et prometteuses
    Je vous en remercie
    Je ne manquerai pas de vous ecrire
    DIEU VOUS BENISSE

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