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El Hadj Issaka Dipama, SG du mouvement sunnite du Burkina : "Nous sommes parvenus à une réconciliation définitive"

Publié le mercredi 4 octobre 2006 à 06h36min

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La mesure de fermeture qui frappait la grande mosquée sunnite de Ouagadougou a été levée le 28 septembre dernier par le ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation.

Pour connaître davantage les tenants et les aboutissants de la nouvelle donne, nous avons rencontré le secrétaire général du Mouvement sunnite du Burkina, El Hadj Issaka Dipama, qui revient sur les tractations menées secrètement depuis plusieurs mois et qui ont abouti à ce dénouement heureux.

Le Pays : Comment avez-vous accueilli la mesure du MATD autorisant la réouverture de votre mosquée ?

El Hadj Issaka Dipama : Nous louons Dieu pour nous avoir permis, au niveau du Mouvement sunnite, de nous retrouver. Comme vous le savez, le Mouvement sunnite a traversé une crise qui a connu beaucoup de péripéties et qui a eu pour conséquence la fermeture à deux reprises de sa mosquée. Avec l’aide de Dieu tout-puissant et de certaines personnes qui se sont investies, la crise a trouvé un dénouement heureux. Ce qui s’est traduit par la dernière mesure prise par le MATD et concernant la mosquée.

Car le Mouvement n’avait pas de restrictions en ce qui concerne les autres activités. Il menait normalement ses activités avec le bureau issu du congrès de Ziniaré dont le mandat s’achève le 4 juin 2007, s’il plaît à Dieu. La réouverture de la grande mosquée est pour l’ensemble des Sunnites du Burkina, du monde musulman, et du peuple burkinabè, un grand événement. Depuis la mesure du MATD, nous sommes assaillis de messages de félicitations et de voeux. C’est en cela que nous comprenons que la fermeture de la mosquée préoccupait pratiquement tous les Burkinabè : les uns parce qu’ils sont de fidèles musulmans, les autres parce que notre mosquée représente tout un symbole pour notre pays.

Quelles garanties avez-vous données à l’Administration sur le respect des engagements que vous avez pris ?

La mosquée a été fermée suite à la crise qui durait depuis 1994. Les deux camps adverses ont tous déploré cette fermeture et n’ont eu de cesse de réfléchir sur une solution qui pourrait ramener les gens à l’apaisement des coeurs, à l’entente et à la réconciliation. L’homme est ce qu’il est avec ses forces et ses faiblesses. Et une grande association comme le Mouvement sunnite ne peut pas éviter ces moments difficiles. Même le Prophète a prédit des crises au sein des musulmans et a édicté les comportements à adopter dans pareilles situations.

Nous disons qu’aujourd’hui, chacun de nous a pris du recul, a réfléchi sur les torts que nous causons à l’Islam. C’est vrai, depuis 1994, nous n’étions pas parvenus à trouver la solution. Mais nous reconnaissons que la crise porte atteinte à l’honneur de l’Islam. Une entente ne se décrète pas. Après mûre réflexion, nous sommes arrivés à une réconciliation définitive. Nous l’avons souligné dans l’accord et nous pensons que, s’il plaît à Dieu, la réconciliation est irréversible.

Comment, de façon concrète, se sont passées les tractations ?

La réconciliation a été possible grâce à un comité de 12 membres mis en place depuis juin 2005. Ce comité a été fortement appuyé par le médiateur principal, El Hadj Oumarou Kanazoé, qui s’est dépensé depuis le début de la crise pour l’unité des sunnites. Ce comité a travaillé d’arrache-pied jusqu’à la signature des accords. Dans un premier temps, il a fait le tour des principales mosquées sunnites de la ville de Ouagadougou pour appeler les fidèles à la réconciliation.

Ensuite, il a rencontré les responsables des deux groupes pour des discussions formelles qui ont abouti à une entente qu’il fallait matérialiser sur un document. On a convenu de signer un accord en quatre points. Le premier point concerne le Bureau national qui a été maintenu jusqu’à la fin de son mandat le 4 juin 2007, avec la possibilité de tenir à tout moment un congrès extraordinaire.

Le deuxième point, c’est la mise en place d’une commission pour organiser le prochain congrès. Elle est composée de 25 membres à raison de 10 pour chaque groupe et 5 de nos étudiants rentrés des pays arabes. Le troisième point est lié aux démarches pour la réouverture de la grande mosquée. Et le dernier point a trait à la gestion de cette mosquée. Nous avons pris des dispositions pour que la mosquée soit gérée de façon sereine. C’est la commission chargée d’organiser le congrès qui va assurer cette gestion, sous la supervision des responsables, pour la période transitoire.

Des travaux d’achèvement de la mosquée sont-ils à l’ordre du jour ?

Les travaux d’achèvement vont continuer. C’est un problème de moyens qui se pose. Les travaux de construction ont commencé en octobre 1990 pour être suspendus en 1992, faute de moyens. Entre-temps, la crise est intervenue. En 1999-2000, une partie des ouvertures ont été installées. Puis est survenue la seconde fermeture. Dès que les fonds seront disponibles, les travaux reprendrons.

Quel message avez-vous à l’intention des fidèles en ce mois sacré de Ramadan ?

En premier lieu, nous demandons à Allah tout-puissant de donner la santé nécessaire à tous les fidèles musulmans, pour qu’ils puissent accomplir leur jeûne. Nous lui demandons également d’agréer notre jeûne. Ensuite, nous prions pour que la paix continue à régner dans notre pays. De par la prière des uns et des autres, le Burkina est un havre de paix. Nous, musulmans, nous ne cesserons de prier pour la paix et la prospérité de ce pays. Enfin, il est de mon devoir de remercier toutes les personnes qui se sont investies pour le retour de la paix au sein du Mouvement sunnite.

Propos recueillis par Mahorou KANAZOE

Le Pays

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