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Journée mondiale des personnes âgées : « Un trésor à préserver »

Publié le mardi 3 octobre 2006 à 07h36min

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Le Conseil national des personnes âgées (CNPA), sous l’égide du ministère de l’Action sociale et de la Solidarité nationale (MASSN), a organisé le vendredi 29 septembre 2006 à Ouagadougou, une conférence sur le statut social des personnes âgées au Burkina Faso.

En prélude à la Journée internationale des personnes âgées célébrée le 1er octobre de chaque année, les gens du troisème âge se sont retrouvés le 29 septembre dernier à la Maison du retraité Antoine-Nanga pour suivre une conférence sur leur statut social au Burkina Faso. C’est Daouda Traoré, directeur général du Laboratoire national de santé publique et par ailleurs gérontologue qui a donné la conférence.Pour lui, le thème « Statut social des personnes âgées au Burkina Faso, » est à la fois intéressant et complexe. Peu de recherches ont été faites dans ce domaine.

La vieillesse est relative. En effet, pour le gérontologue Traoré, la vieillesse n’est pas uniforme ni homogène. « Il y a plusieurs vieillesses. Tout le monde ne vieillit pas à la même année ni de la même façon. Plus on se prépare tôt, mieux on vieillit », a-t-il affirmé en substance. Selon lui, le statut social des personnes âgées a subit beaucoup de changements. Il distingue la condition des personnes âgées dans les sociétés traditionnelles pendant la période coloniale et à l’époque contemporaine. « Avant l’arrivée des colons, le statut social était défini et conforme à la vision de la communauté ».

Ces personnes qui avaient l’avantage de l’antériorité et de l’expérience étaient respectées et bien considérées. Cette considération ne se limitait pas au « père ou à la grand-mère », mais à l’ensemble des vieux de la communauté. De plus, ces personnes étaient à la tête de grandes familles et possédaient des richesses (champs, troupeaux, etc.) et des connaissances scientifiques, notamment pharmaceutiques. Elles étaient écoutées par les chefs et jouaient d’importants rôles au plan coutumier et religieux. Dans les sociétés traditionnelles, l’adage selon laquelle « un vieillard assis voit mieux qu’un jeune debout, » avait toute sa vigueur.

Cette donne connaîtra un bouleversement avec la colonisation. Ce qui fait dire à Daouda Traoré que « le contact des cultures s’est fait de façon brutale et aliénante. La culture traditionnelle n’étant plus considérée ». La société sera déstructurée avec l’introduction de nouvelles règles par le colon et le règne de l’individualisme. « La solidarité n’est plus mécanique, la personne âgée n’est plus celle qui a le plus d’expérience. Son statut a évolué dans le mauvais sens », a dit le conférencier. A l’époque actuelle, coexistent la culture traditionnelle et celle occidentale. « L’individu sélectionne ce qui semble l’arranger dans les deux cultures ».

Le règne de l’individualisme

On remarque que la prise en charge des personnes âgées devient un problème à cause de l’individualisme. La solidarité se restreint au mieux à la famille. « Avant on faisait référence aux personnes âgées. Maintenant on croit qu’on n’a plus besoin d’elles pour tous les problèmes », a-t-il soutenu. Le statut sanitaire est dominé par les maladies cardio-vasculaires et celles liées à la vieillesse. En outre, on note le manque de gériatres pour soigner spécialement les personnes âgées.

Actuellement le ministère de la Santé veut mettre en place un programme pour s’occuper des « vieux ». Sur le plan économique, le statut n’est pas plus enviable car la pension vieillesse est insuffisante dans bien de cas et les personnes âgées obtiennent difficilement des crédits bancaires.

En plus, « 55% des personnes âgées sont obligées de travailler pour ne pas mourir de faim », a confié M. Traoré.

Plaidoyer pour un meilleur statut social

Selon lui, « la personne âgée doit être considérée comme un trésor à préserver ». Au plan national, l’Etat déploie des efforts à travers la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS), la Caisse autonome de retraite des fonctionnaires (CARFO) et la célébration de la Journée internationale des personnes âgées.

Mais, « cela ne résoud pas tous les problèmes ». Daouda Traoré préconise entre autres un appui plus accru de l’Etat au Conseil national des personnes âgées, de même que la mise sur pied d’une politique nationale de la vieillesse. Il a suggéré aussi la mise en place d’une structure de micro-finances en faveur du troisième âge, ainsi que la réduction de leurs frais médicaux.

Qui plus est pour le gérontologue, une éducation des jeunes sur la vieillesse favorisera une considération et une prise en charge des personnes âgées « face au vent de l’individualisme et de l’occidentalisation ». Cependant, il a aussi invité le troisième âge à ne pas se conformer aux préjugés négatifs et à s’adapter à la société en mutation afin de pouvoir apporter leur contribution.

Bachirou NANA (nbachir1@yahoo.fr)


Message du ministre de l’Action sociale et de la Solidarité nationale

Il est coutume pour nous de commémorer le 1er octobre de chaque année, la Journée mondiale des personnes âgées.

Et comme vous le savez, cette journée a été instituée le 14 décembre 1990 par l’Assemblée générale des Nations unies dans sa résolution 45/106. Aujourd’hui, nous célébrons pour la 15ème fois cette journée.

Cette pratique ne doit pas être considérée comme une routine mais une incitation renouvelée pour approfondir notre réflexion sur le traitement et l’attitude à avoir vis-à-vis de nos aînés, de nos parents et grands-parents. C’est vous dire que nous sommes interpellés tous autant que nous sommes petits ou grands, car les enfants et les jeunes sont les futurs « vieillards ».

En effet, si aujourd’hui nous nous félicitons de l’augmentation de l’espérance de vie dans de nombreuses régions du monde, il reste cependant que cet accroissement du nombre des personnes âgées constitue un défi pour le continent africain dans son ensemble et pour chaque pays en particulier. Les changements en train de s’opérer dans les structures familiales et les bouleversements économiques et sociaux se répercutent de façon négative et multidimensionnelle sur les personnes âgées, il s’ensuit que ces dernières se trouvent de plus en plus isolées au sein de leurs familles respectives et de la société en général et dernièrement, de plus en plus vulnérables et sans source de protection sociale.

Face à cette dure réalité, la communauté internationale a placé la commémoration de cette année sous le thème « Promouvoir les stratégies globales des Nations unies pour améliorer la qualité de vie des personnes âgées ».

Ce thème nous interpelle sur notre responsabilité et notre rôle dans la transformation de nos familles, de nos communautés pour en faire des communautés soudées, qui reconnaissent et prennent en compte la participation et la contribution de chaque membre de la société, homme, femme, enfant, jeunes et personnes âgées, à la vie sociale, à la croissance économique et au développement.

Au Burkina Faso, les principaux problèmes des personnes âgées sont : problème de santé, faiblesse des revenus, problèmes de transport, absences de structures de rencontre et de loisir, pauvreté.

Face à ces préoccupations, le gouvernement dans le cadre de la mise en œuvre de sa politique sociale apporte des réponses multiformes selon les ressources disponibles. Mais en dépit des efforts consentis, beaucoup reste à faire et nous sommes tous, individuellement et collectivement interpellés pour améliorer la situation des personnes âgées dans notre pays.

Aussi, me plaît - il en cette journée, d’inviter tous les citoyens à quelque niveau qu’ils soient à une prise de conscience afin qu’ensemble nous opérions un changement des attitudes actuelles négatives à l’égard des personnes âgées et œuvrons à la diminution de leur vulnérabilité et à la promotion de leurs droits à l’équité en matière de jouissance des services et de participation à la prise de décision.

Dans cette perspective les initiatives devront tendre à aider la famille à jouer son rôle traditionnel consistant à prendre en charge les personnes âgées, à reconnaître leur apport et leur valeur et à leur donner la possibilité de contribuer au développement économique, social et culturel.

Les personnes âgées jouent de plus en plus un rôle déterminant dans l’encadrement des personnes malades du Sida et dans la prise en charge de leurs petits-enfants dont les parents ont été emportés par le fléau. A cet égard, des stratégies d’information et de sensibilisation sur le VIH/Sida doivent être spécifiquement développées au profit des personnes âgées pour renforcer leur contribution et la rendre plus efficiente.

Je ne saurais terminer mon propos sans féliciter le Conseil national des personnes âgées du Burkina pour ses inlassables efforts en vue de l’amélioration des conditions de vie des personnes âgées. Je l’encourage à poursuivre la mise en place de ses instances au niveau déconcentré afin d’avoir à terme au niveau local, des interlocuteurs susceptibles de défendre et de promouvoir les droits des personnes âgées.

Je salue également la naissance de nouvelles associations de personnes âgées, signe d’un engagement à œuvrer vous - mêmes à l’amélioration de la qualité de votre vie.

Je forme l’espoir qu’au terme de cette journée, chacun de nous soit plus sensible à la situation des personnes âgées car vieillir est un processus naturel qui nous concerne tous. Alors, engageons-nous pour créer et maintenir des conditions favorables à notre vie d’aujourd’hui et de demain.

Bonne fête à toutes les personnes âgées du Burkina Faso.

Pascaline TAMINI

Sidwaya

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