Le 20 septembre, l`Onu et les acteurs de la crise ivoirienne, à l`exception notable du président Laurent Gbagbo, ont rendu officiel le report sine die de l`élection présidentielle prévue fin octobre et confié aux instances collectives africaines, la Communauté économiques des Etats d`Afrique de l`Ouest (Cédéao) et l`Union africaine (UA), le soin de trouver un nouveau cadre au processus de paix.

Au coeur du débat, l`étendue des pouvoirs du Premier ministre de transition : le groupe de travail international (GTI) sur la Côte d`Ivoire et l`opposition ivoirienne plaident pour l`attribution des pleins pouvoirs au chef du gouvernement, avec notamment le contrôle de l`armée, et ce faisant pour le dépouillement des prérogatives de Laurent Gbagbo.

Ce dernier met en avant la Constitution et maintient qu`il restera chef de l`Etat jusqu`à l`organisation de nouvelles élections.

"Nous ne sommes plus disposés à ce quelqu`un d`autre vienne faire la paix pour nous. Notre paix sera notre paix parce qu`elle sera faite par nous, pour nous", a-t-il déclaré samedi en marge d`une cérémonie officielle.

Première à ouvrir le bal, la Cédéao, qui regroupe 15 pays de la sous-région ouest-africaine, et dont les relations avec le président Gbagbo ont été houleuses par le passé.

Ainsi, en septembre 2005, M. Gbagbo avait rejeté la saisine de la Cédéao "en raison de l`implication directe de certains pays membres de cette organisation dans le conflit ivoirien", sans les citer nommément.

De fait, outre des relations personnelles empreintes de défiance entre M. Gbagbo et plusieurs chefs d`Etat de la sous-région, le président burkinabè Blaise Compaoré a été régulièrement accusé par Abidjan d`avoir soutenu la rébellion des Forces nouvelles qui contrôle le nord du pays depuis septembre 2002.

A ces relations orageuses est venue se greffer la récente tentative du médiateur de l`UA, le Sud-Africain Thabo Mbeki, d`organiser un mini-sommet régional à Ouagadougou, provoquant l`ire du président sénégalais Abdoulaye Wade. La rencontre avait finalement réuni MM. Gbagbo, Mbeki et Compaorè.

"Quand la Cédéao est saisie, il faut laisser la Cédéao s`occuper de la question, et non pas aller créer des groupes et des sous-groupes informels" n`ayant "aucune (...) légitimité", a persiflé M. Wade, ajoutant que les chefs d`Etat malien et nigérien avaient décliné l`invitation.

Plusieurs observateurs et diplomates en poste à Abidjan se montrent toutefois prudent sur la volonté de la Cédéao de mettre à l`écart Laurent Gbagbo.

"Certes, les relations entre le président Gbagbo et plusieurs de ses pairs sont exécrables. Mais de là à ce que des chefs d`Etat de la sous-région prônent la suspension de la Constitution ivoirienne ou la mise à l`écart de M. Gbagbo, au risque de voir cette décision se retourner un jour contre eux, il y a de la marge", commente un observateur occidental.

Le président Gbagbo, dont on ignore s`il se rendra au sommet de la Cédéao à Abuja, mise plus certainement sur la réunion de l`UA qu`il juge moins défavorable et où il peut compter sur le soutien de son allié angolais et, à tout le moins, sur l`écoute du président Mbeki.

La presse favorable au camp présidentiel se montre d`ores et déjà très sceptique sur la Cédéao, "composée de sbires de Chirac".

"Le président Thabo Mbeki a une parfaite maîtrise de l`Afrique digne, qui, sans aucun doute, fera des propositions qui contrebalancerons celles de la Cédéao pipées par Chirac", a écrit Notre Voie (proche du parti présidentiel).

AFP