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Société : A l’ombre des protestations...

Publié le samedi 30 septembre 2006 à 09h09min

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La vague de fond du mouvement de protestations diverses, à plusieurs niveaux professionnels de l’éducation, des télécommunications, ainsi que la ’’croisade des dames en noir’’, pourraient bien bouleverser les pronostics de cette opinion acquise aux thèses de la passivité des Burkinabè : l’ombre des protestations et des grèves menace de s’étendre sur le Faso.

Comme d’habitude, la grève d’hier est différemment appréciée selon que l’on se trouve d’un côté ou de l’autre de la « barrière ». Mais tous l’attendaient, tout aussi différemment : les uns pour renouveler leur foi en la lutte pour une cause juste, les autres pour dire que rien ne doit changer et que l’herbe n’est pas plus verte ailleurs qu’au Faso...

Forts de leurs convictions, les syndicats s’attendaient à une « démonstration de force ». C’était sans compter avec leurs « adversaires » dont certains se sont livrés à un prosélytisme effarant quelques jours avant la manifestation : dans certains cercles syndicaux, on indique que des individus, sans doute liés à des partis politiques, auraient quasiment effectué du « porte-à-porte aux fins de dissuader leurs « amis » de participer à la marche. Qui aura le mieux réussi son « coup » ? On attend les bilans.

Dans un registre plus modéré, on souligne qu’il s’agissait essentiellement de prouver que les travailleurs du Faso refusent à des individus le désir de s’arroger le droit de faire des choix pour eux, de déterminer les conditions de leur bonheur. Pour nombre de syndicats en effet, le gouvernement essaie de détourner l’attention des travailleurs en l’anesthésiant sur la question des moyens et la situation géographique du pays. Et d’évoquer le train de vie de l’Etat et ses dignitaires...

On aura noté la présence de nombreux enseignants au cours de cette journée qu’on voudrait, déjà, « historique ». Des hommes qui tentent simplement de retrouver la place qui leur a été retirée par le fait de mauvais système d’adaptation et de planification.

Ici, l’on a tendance à oublier que c’est un service inestimable rendu aux communautés que celui de l’enseignant qui forme l’esprit et oriente le comportement social du futur citoyen : Le Faso a mal à son enseignement, à son éducation. Au niveau du supérieur, ce n’est guère mieux, et des parents font le constat d’un recul : l’université n’est plus ce creuset culturel, libéral, mais un ’’coin’’ où la ’’diplomite’’ prend largement le pas sur la recherche de compétences. Ce ne sont pas les professeurs qui, bien souvent, ont sous les yeux de véritables copies-transcription style SMS qui diront le contraire...

La privatisation de la nationale du téléphone s’invite de plus en plus dans le débat social sans qu’on sache, clairement, de quoi il retourne. Encore un problème de communications défectueuses, qui ne manquera pas de laisser des traces, surtout lorsqu’on sait le bilan de certaines privatisations peu reluisant.

Des solutions n’ont pas manqué pour résoudre le problème ’’vie chère’’, et la dernière en date, émanant de la Ligue des consommateurs, rejoint quelque peu celle de l’opinion. Le gouvernement fera-t-il un autre « petit pas » ?

Ou bien demandera-t-on aux travailleurs - comme on dit cette chose des gens qui n’ont sans doute pas d’autre choix - la patience ? Pour reprendre les termes d’un président américain, « nos problèmes sont créés par l’homme, ils peuvent donc être résolus par lui ». Pour peu que l’on s’efforce de sortir de la logique des passions...
Sur fond de guerre des nerfs sociale, le Faso vient de s’enrichir d’un nouveau ’’prophète’’ du bonheur des Burkinabè.

Le caractère pluraliste de la démocratie laissant le champ libre à la multiplication des partis, il s’en crée ici, périodiquement : par explosion et scissiparité. Dernier en date, le Parti pour la démocratie et la concorde du Faso, créé par Sanou Stéphane Wenceslas, transfuge du Paren. Sa devise - unité, liberté, travail - laisse espérer, mais pour nombre de ses ’’anciens camarades’’, il y a loin du Paren au PDCF...

Pendant ce temps se poursuivent, dans les ’’Parlements officieux’’ surtout, les débats sur la Commission électorale nationale indépendante, après l’élection jugée « très discutable » par nombre d’acteurs de la société civile de son représentant. Un débat sur lequel vient se greffer un autre, non moins important : celui de l’alternance.

Cyril Goungounga, chef du Paris, vient, en effet, de jeter un pavé dans la mare du peuple, en se refusant à cautionner dans une démocratie l’alternance par les textes. Un beau sujet pour chercheurs en sciences politiques. Les autres partis apprécieront chacun selon l’entendement de sa chapelle. Pour sa part, le PDP/PS souhaite une relecture du Code électoral, qui contiendrait quelques « anomalies », et mettent à mal la notion même d’indépendance de la commission électorale nationale...

L’hémorragie constatée au sein des partis politiques ne semble pas près d’être jugulée, et ce « nomadisme politique » fixe de plus en plus dans la mémoire collective l’idée que la politique est une ’’très bonne affaire’’, moins risquée que toutes les autres si l’on sait « choisir ». Ainsi les boursicoteurs politiques se font-ils de plus en plus nombreux.

A huit mois des élections législatives cependant, certains s’interrogent sur les rapports entre les partis, ceux que lient certains « accords » que la campagne électorale pourrait rendre caducs, inévitablement. L’histoire a suffisamment prouvé que les ’’accords’’ et autres ’’arrangements’’ agissent très souvent comme les principes : plus l’on s’y appuie, moins elles sont solides et finissent à la longue par éclater sous la pression de « malentendus » divers. Attendons de voir.

Pour l’heure, à entendre les uns et les autres au sein de nombreux partis, l’on procède à des « recrutements », et les arguments ’’idéologiques’’, et quasi magiques, fortement et abondamment exploités, ne tiennent qu’en deux mots : ’’les feuilles’’.

A. Pazoté

Journal du jeudi

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