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Blaise Compaoré : “Nous avons le sentiment d’avoir donné de nouvelles ambitions à la Francophonie”

Publié le samedi 30 septembre 2006 à 09h35min

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Abdou Diouf et Blaise Compaoré

Bucarest Hebdo : Monsieur Le Président vous avez passé le “témoin” au Président Roumain, Traian Basescu, lors du Sommet de Bucarest. Quel bilan tirez-vous de l’action de la Francophonie durant votre présidence en exercice ?

M. Blaise Compaoré : Nous sommes tout d’abord fiers de voir la Francophonie s’enraciner au cœur de l’Europe, et spécialement en Europe orientale.

S’agissant du bilan on peut surtout se féliciter, après Antanarivo, d’avoir une organisation multilatérale unitaire plus solidaire dont l’action sera d’autant plus visible et cohérente.

Ensuite nous sommes heureux d’avoir pu initier de nombreuses activités en relation avec les ambitions du cadre stratégique décennal dans les domaines de l’humanitaire, de la paix et de l’éducation.

Enfin nous avons joué un rôle actif s’agissant des questions de coopération-développement et de celles de la mondialisation en particulier dans le domaine de la culture à travers la Convention sur la diversité culturelle.

Nous avons le sentiment d’avoir donné de nouvelles ambitions à la Francophonie et les valeurs qu’elle véhicule !

Le Sommet de Bucarest a surtout un nouveau chantier dans le domaine des technologies de l’information et de la communication au service de l’éducation. Je suis convaincu que ce XI° Sommet a été un autre grand moment dans la vie de notre institution.

B.H. : Qu’elle serait, selon vous, Monsieur le Président, la meilleure définition de la Francophonie ?

B.C. : Selon moi la Francophonie est d’abord un espace d’échanges et de solidarité au sein duquel le dialogue des Cultures et la culture du dialogue apportent une plus value à nos nations.

L’adoption de la Convention sur la diversité culturelle à l’UNESCO a particulièrement illustré le rôle fondamental de la Francophonie.

B.H. : A votre avis que manque-t-il aujourd’hui à la Francophonie comme organisation internationale ? Le pouvoir politique ? la dimension économique ? la dimension humaine ?

B.C. : La récente réforme institutionnelle a amélioré la cohérence du mouvement francophone, d’autant qu’elle a posé véritablement les fondements de la personnalité juridique de l’Organisation. Elle a également précisé, en outre, les attributions du Secrétaire général de la Francophonie. L’adhésion à la Francophonie se fait désormais selon des critères et des modalités bien définis. Des textes ont été adoptés en la matière à Beyrouth en 2002.

Le cap politique a été ainsi clairement défini !

S’agissant de Beyrouth il est bon de rappeler que la “feuille de route” du Secrétaire Général comprenait la dimension économique qui devait être approfondie et développée au sein de notre Organisation.

Il est donc évident que des actions vigoureuses sur le plan économique devront être poursuivies afin de mieux arrimer les Pays de l’OIF à la mondialisation.

Par ailleurs, lorsque les intérêts des pays francophones sont en jeu tous manifestent leur solidarité. L’exemple le plus illustratif est le dossier du coton à l’OMC et celui de la Convention sur la diversité culturelle à l’UNESCO. Il en est de même pour la question des migrations ; la récente rencontre euro-africaine de Casablanca illustre bien la prise en compte par les pays du Nord des questions posées au Sud.

Enfin, il faut également encourager la coopération Sud-Sud qui, sur de nombreux plans, se révèle efficace. Un exemple entre autres : le Burkina Faso entretient des relations fructueuses avec le Royaume du Maroc notamment dans les domaines de la formation, de l’agriculture ou des pluies provoquées.

Les valeurs humaines et culturelles qui caractérisent la Francophonie et qui doivent être approfondies sont : l’esprit d’ouverture, la promotion culturelle et linguistique, le respect et la défense des valeurs cardinales que sont la solidarité, la paix et la démocratie.

A titre d’exemples, les pays d’Europe centrale et orientale, le Cap-Vert et la Guinée Bissau, pays lusophones, et tout récemment le Mozambique et le Ghana, apporteront un enrichissement humain et culturel certain à notre Organisation.

B.H. : Avec le Sommet de Bucarest la Roumanie espère combler le déficit des relations avec les pays d’Afrique, enregistré depuis 1989. Comment faire que ces relations retrouvent leur niveau d’antan ?

B.C. : La présence importante des pays africains ayant répondu à l’invitation du Président Traian Basescu à ce Sommet augure d’une nouvelle dynamique dans les relations, de toutes façons, indispensables entre nos différents pays.

Je saisis l’occasion pour me féliciter de l’arrivée de la Roumanie au sein l’Union Européenne, ce qui renforcera encore plus les relations de coopération entre nous.

Je suis d’ailleurs agréablement surpris par les nombreuses possibilités qu’offre la Roumanie pour commercer et échanger avec nos pays.

B.H. : Le fait d’avoir accueilli le Sommet a-t-il permis à la Francophonie de se développer davantage au Burkina Faso ?

B.C. : L’organisation du X° Sommet au Burkina Faso a permis à notre pays de jouer un rôle accru dans le concert des nations et d’apporter notre contribution à la bonne marche de notre communauté.

Je suis donc ravi que la Roumanie puisse à son tour assumer une telle exaltante responsabilité et je suis persuadé qu’à travers l’exercice de celle-ci, la francophonie s’enracinera chez vous.


Biographie du président Blaise Compaoré

Blaise Compaoré est né le 3 février 1951 à Ouagadougou.
Il est marié avec Chantal K. Terrasson et père d’une fille.

Il a étudié à l’École militaire Inter-armes du Cameroun (EMIAC) et depuis juillet 1975 est sous -lieutenant. Entre 1975 et 1977, il fait plusieurs stages et spécialisations en France et au Maroc.

En 1981, M. Compaoré devient commandant du Centre national d’entraînement commando (CNEC) à Pô et Membre du Conseil des Forces armées voltaïques. En 1982 il devient capitaine.

En mai 1983, il échappe de justesse à un coup de filet du régime du Conseil de Salut du Peuple (CSP II) et organise la résistance à Pô pour libérer ses compagnons arrêtés. Au 4 Août 1983, M. Compaoré investit Ouagadougou avec ses commandos et installe avec Thomas Sankara, le Conseil National de la Révolution (CNR).

Entre 1983 et 1987 il est ministre d’Etat délégué à la Présidence, puis Ministre d’Etat chargé de la Justice.
Au 15 octobre 1987, Blaise Compaoré devient Président du Front Populaire (nouvelle instance dirigeante) et Chef de l’Etat.

En décembre 1991, il remporte la première élection présidentielle de la quatrième République et en novembre 1998 est réélu pour un nouveau septennat. En novembre 2005, M. Compaoré est réélu pour un quinquennat.

par Ruxandra Radoslavescu

http://www.bucarest-hebdo.ro

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