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Crise ivoirienne : Il était une fois M’Beki le torpilleur et Gbagbo le boulanger

Publié le vendredi 29 septembre 2006 à 07h52min

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Gbagbo et Mbeki

Seul Dieu peut sauver la Côte d’Ivoire, à l’étape actuelle des choses, a dit une fois un citoyen, très croyant. C’est peut-être vrai, si le Créateur lui-même n’est pas dépassé par les tromperies, les coups bas, la signature de contrats faramineux, etc., qui ont cours de nos jours sur les bords de la lagune Ebrié.

Une trop grande quantité d’encre ne suffirait pas pour consigner pour l’histoire, les revirements de l’homme orchestre du drame ivoirien, Laurent Koudou Gbagbo. Dans son entreprise malsaine, le boulanger d’Abidjan bénéficie maintenant de l’appui indéfectible du torpilleur de Johannesburg.

En effet, Thabo M’Beki, le chef d’Etat sud-africain, qui avait suscité beaucoup d’espoir lorsqu’il prenait les ficelles de la médiation entre les différents protagonistes de la crise ivoirienne, donne malheureusement raison à Jacques Chirac selon qui l’homme connaissait mal l’âme africaine pour pouvoir réussir dans cette mission. Venant d’un Occidental, même s’il est baptisé Chirac l’Africain, cette réflexion avait fait sourire en son temps. Et pourtant !

S’étant empêtré dans les dédales obscurs des compromissions et des passations de marchés floues, avec Gbagbo, l’indigne successeur de Nelson Mandela, au lieu de contribuer à la résolution de la crise ivoirienne en profite et en abuse même. Après avoir pris le dossier en main, M’Beki s’est très tôt illustré négativement par des propositions subjectives et des décisions unilatérales partisanes tout en affichant, éhontément, ses affinités avec Gbagbo.

D’une façon ou d’une autre, les deux larrons ont des atomes crochus. L’Ivoirien, opposant historique de feu Houphouët Boigny, paix à l’âme de ce rassembleur, avait tout du défenseur des peuples, du grand combattant contre l’injustice et le monopartisme. Ça, c’était avant qu’il ne soit pris par les vertiges du trône. Aujourd’hui, Gbagbo est celui qui a provoqué la partition de fait de la Côte d’Ivoire. C’est aussi celui sous lequel du sang et beaucoup de sang ne cesse de couler dans ce pays.

C’est encore celui qui, sans vergogne, s’enrichit sur le dos du peuple, le port et le café-cacao étant devenu un patrimoine du clan Gbagbo. C’est toujours le dirigeant ivoirien qui, au nom d’un fauteuil présidentiel qu’il s’obstine à ne pas lâcher alors qu’il n’y a plus droit, terrorise ses populations, en s’abreuvant à la source de l’ivoirité. C’est ce dictateur à la face angélique qui a pactisé avec Thabo M’Beki, l’autre accident de l’histoire africaine.

M’Beki a succédé au prisonnier le plus célèbre du monde qui est devenu à sa libération l’un des meilleurs dirigeants du monde, courtisé du reste par les plus grands de la planète. Cependant, il est loin d’en avoir la carrure. Il ne peut même pas, avec sa gestion catastrophique de la politique intérieure et de la crise ivoirienne prétendre marcher dans les pas de l’homme de parole et de paix qu’est Nelson Mandéla. Pire, ce qui pourrait se faire retourner dans leur tombe, ces milliers de Noirs morts à cause de l’inique politique d’apartheid, M’Beki cautionne l’adepte de la xénophobie qu’est Laurent Koudou Gbagbo.

Inéluctablement, le chef d’Etat sud-africain a oublié sa propre histoire. L’ivoirité est-elle autre chose qu’une politique de ségrégation divisant des fils et filles d’une même Côte d’Ivoire en Nordistes et en Sudistes, en Dioula, Baoulé ou Bêté ? Qui pis est, l’apartheid en Côte d’Ivoire est le fait d’Ivoiriens dominant d’autres Ivoiriens alors qu’en Afrique du Sud, ce système mettait en opposition Blancs et Noirs.

L’argument d’une lutte de Koudou Gbagbo pour "chasser les impérialistes français" de la Côte d’Ivoire ne trompe plus personne en dehors peut-être de M’Beki. Visiblement, le président sud-africain manque de charisme et c’est ce qui renforce sans doute l’image d’un certain Jacob Zuma qui bénéficie d’une popularité certaine.

Peut-on donner tort à ceux qui disent que la paix en Côte d’Ivoire et en Afrique de l’Ouest n’est pas le problème de Thabo M’Beki qui s’y est invité en véritable opportuniste ? Autrement, ce dernier ne devrait pas se mettre à créer des sous-groupes informels, comme s’en est offusqué le Sénégalais Abdoulaye Wade, alors que le dossier de résolution de la crise ivoirienne se trouve sur la table de la CEDEAO.

A moins que ce soit une intention inavouée de saboter l’initiative de l’entité sous-régionale qui devrait se réunir en principe le 7 octobre prochain. Si l’oeuvre de sape du "torpilleur" de Soweto marche, nul doute que cette rencontre accouchera d’une toute petite souris, à l’instar des précédentes. Sentant la chose venir, le Malien Amadou Toumani Touré et le Nigérien Mamadou Tandja ont simplement évité de venir à la dernière rencontre de Ouaga qui s’est finalement réduite à une visite touristique du boulanger et du torpilleur.

Blaise Compaoré, en sa qualité de président en exercice du Conseil de sécurité et de paix de l’Union africaine, pouvait difficilement se dérober à cette rencontre hautement informelle qu’il a accueillie sur ses terres. D’ailleurs, cette réunion qui a duré environ 4 heures d’horloge n’a officiellement apporté aucune avancée significative à la recherche de l’introuvable paix en Côte d’Ivoire. Le chef d’Etat burkinabè connaît bien "son" Gbagbo et n’étant pas né de la dernière pluie, il sait qu’il ne peut pédaler que dans la même direction que ses autres pairs.

En tout cas, à moins d’un miracle, la médiation de Thabo M’Beki sous sa forme actuelle est vouée à l’échec, vu que l’homme roule manifestement pour Gbagbo. Les autres protagonistes de la crise ivoirienne ainsi qu’Abdoulauye Wade sont donc pleinement dans leur droit de le récuser. En réalité, M’Beki constitue désormais un sérieux obstacle pour la paix en Côte d’Ivoire et c’est une donnée importante à prendre en compte.

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 29 septembre 2006 à 12:42 En réponse à : > Crise ivoirienne : Il était une fois M’Beki le torpilleur et Gbagbo le boulanger

    Vous au moins , vous avez une bonne analyse de la situation.
    Alors que MBEKI qui a participait à la réunion des nations unies sur la situation en côte d’Ivoire, qui du moins est beaucoup plus formelle, aurait du non seuleument plaider pour Gbagbo renonce à son désir afficher de boycotter la rencontre, il ne l’a pas fait. Et on ne l’as pas entendu comme d’habitude proposer d’autres solutions à cette rencontre pour la sortie de crise.

    Ce n’est pas après tout celà qu’il faut venir créer l’amalgame entre les ivoiriens non seulement et aussi entre présidents de la CEDEAO. Ce sont des actions, qui peuvent à la limite même bloquer les négociations. Je crois qu’on doit lui retirer ce dossier et j’ai beaucoup apprécié les propos de Wade sur RFI qui n’as pas manqué de le rappeler à l’ordre.

    • Le 12 juillet 2010 à 14:58 En réponse à : > Crise ivoirienne : Il était une fois M’Beki le torpilleur et Gbagbo le boulanger

      cet article est plein de contre vérité vous décrivez le président GBAGBO comme un monstre un dictateur je veux vous rappeler que ce n’est pas lui qui a pris les armes en 2002 et qui a plongé la COTE D’IVOIRE dans cette situation abominable. bien que la médiation de MBEKI ait échoué , le président GBAGBO n’en n’est pas la cause nous savons tous que c’est la mauvaise foi de ses adversaires en l’occurrence l’ex premier ministre ALASSANE DRAMANE OUATTARA( parrain des forces nouvelles). aussi voudrais je vous signaler qu’il existait des affinités entre MBEKI et l’ex premier ministre OUATTARA mais cela n’a pas empêché le fait qu’il soit choisi comme médiateur. sachez également que le concept d’ivoirité a été crée par le président BEDIE en 1998. AVANT DE VOUS PRONONCER SUR UN SUJET DONT VOUS NE MAITRISEZ PAS TOUT LES CONTOUR VEILLEZ VOUS INFORMER

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