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Chantal Nikièma, directrice générale de l’entreprise CC3d

« La qualité est toujours un gage de réussite »

Publié le lundi 9 octobre 2006 à 08h55min

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Chantal Nikièma

Chantal Nikéma est l’une des doyennes des femmes chefs d’entreprise. Elle évolue dans un secteur jadis réservé aux hommes : la construction. Dans cet entretien, elle retrace son parcours et l’histoire de l’entreprise CC3d qu’elle dirige de main de maître.

Sidwaya (S.) : Qui est Chantal Nikiéma ?

Chantal Nikièma (C.N.) : Je suis née en 1956 à Bobo-Dioulasso d’un père burkinabè et d’une mère française. J’ai passé les 25 premières années de ma vie en France où j’ai effectué des études en droit. Rentrée au pays en 1981, j’ai commencé à travailler dans l’entreprise familiale à Bobo-Dioulasso.

Notre domaine d’activité était essentiellement la vente de matériaux de construction, le transport, puis la manutention en gare.

S. : Comment alors êtes-vous passée de la vente de matériaux de construction à la construction elle-même ?

C. N. : Les choses sont venues tout naturellement car entre la vente des matériaux de construction et la construction elle-même, il n’y a qu’un pas à franchir. En effet, lorsqu’on fournissait des matériaux de construction, on recevait très souvent des demandes de réfection de clôtures, de construction de caniveaux, etc.

Alors, je n’ai pas hésité à sauter sur l’occasion. Petit à petit, on a commencé à avoir des marchés importants.

Entre- temps, je me suis rendue compte que les opportunités étaient un peu limitées à Bobo-Dioulasso. C’est ainsi qu’en 1994, j’ai commencé à faire la navette entre Bobo-Dioulasso et Ouagadougou.

Lorsque l’activité s’est avérée plus intense à la capitale, je m’y suis définitivement installée en 2000 à mon propre compte.

Aujourd’hui, grâce à Dieu, la société que j’ai créée (CC3d) est une SARL avec un capital de 2 000 000 FCFA, un personnel composé de 20 agents permanents. Et lorsque je vois en ville toutes les grandes ouvres qu’on a pu réaliser, je ne peux qu’être fière.

S. : Lesquelles par exemple ?

C. N. : La CC3d a construit pas mal d’infrastructures au Burkina dont la MABUCIG, la SOFAPIL, SAPHYTO, l’immeuble Bolloré, l’agence BCB à la Patte d’Oie, etc.

S. : Comment arrivez-vous à vous en sortir étant donné que vous n’avez pas fait d’études dans le domaine de la construction ?

C. N. : C’est vrai que je suis juriste de formation, mais j’ai toujours été passionnée par la construction. Et c’est en mon sens le plus important car lorsqu’on aime ce qu’on fait, les difficultés sont facilement surmontables.

C’est ainsi que je me suis formée au fur et à mesure avec l’aide de certains professionnels. Aujourd’hui, le domaine de la construction n’a pas de secret en moi.

S. : Peut-on dire que Mme Nikièma a commencé avec les grands moyens ?

C. N. : Si vous faites allusion à l’entreprise familiale qui m’a permise de décoller, on peut dire que vous avez raison. Mais je dirai tout de suite que mon plus grand capital est la confiance que les clients ont en moi.

Mon objectif premier est la satisfaction du client. Dans toute entreprise, il faut avoir un objectif clair. Et pour moi, la qualité est toujours gage de réussite. C’est ce que nous recherchons en faisant toujours mieux à travers le respect des normes, du délai prévu, du budget, etc.

S. : Au regard de vos différentes réalisations de 1999 à aujourd’hui, peut-on dire que Chantal Nikièma est riche ?

C. N. : Être riche, c’est quoi ? En tout cas à mon sens, le mot riche est inapproprié, car je ne sais pas vraiment à quel moment ou à quel degré, on peut dire que quelqu’un est riche. Si je peux parler de richesse, c’est peut-être celle que Dieu m’a donnée. C’est-à-dire la santé, la chance d’avoir pu exercer le métier que j’aime, la fierté d’avoir réalisé de beaux ouvrages et surtout, d’avoir des gens à côté qui vous soutiennent et qui comptent sur vous. La richesse matérielle n’est que secondaire.

L’homme passe mais le matériel demeure. En clair, la richesse c’est pour moi toutes les choses que les autres vous apportent et toutes les bénédictions que l’on peut avoir.

S. : Chantal Nikièma a-t-elle des projets en vue ?

C. N. : Les projets ne manquent pas. Mais pour l’instant, nous envisageons de faire la promotion des matériaux locaux à travers la construction de villas ou d’immeubles à base de latérite. Très bientôt, nous allons former des femmes à cette construction. La construction avec la latérite pourra favoriser la réduction des coûts et permettre ainsi au plus grand nombre d’avoir des logements décents.

S. : Que faites-vous lorsque vous n’êtes pas occupée par un chantier de construction ?

C. N. : L’entreprise, c’est toute ma vie. J’y mets le maximum de moi-même. Mais en dehors du travail, je suis comme tout le monde.

Entretien réalisé par Fatouma Sophie OUATTARA

Sidwaya

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