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Tracteur du guide libyen : La famille Dawindé sur la voie de l’autosuffisance alimentaire

Publié le mardi 26 septembre 2006 à 08h32min

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Le 28 juin 2005, le jeune Abdoul Fatao Dawindé, agriculteur dans le village de Zaogo (Koupèla-Fada), recevait un tracteur, promis par Muammar Kadhafi, lors du passage du guide libyen au Burkina. Une année après, nous avons rencontré l’heureux bénéficiaire, qui nous parle des retombées générées par la machine.

C’est un jeune homme tout rayonnant de joie habillé d’un tee-shirt à l’effigie du président du Faso et du guide libyen qui nous a reçu. « Si vous ne m’aviez pas prévenu de votre arrivée, vous ne m’auriez pas trouvé car je dois retourner à Fada où j’entretiens un champ de maïs », nous lance Abdoul Fatao.

Le jeune Fatao a toujours en mémoire, les images du passage du guide libyen. « J’étais dans mon champ là-bas (il nous le montre) quand le cortège des véhicules passait et puis, il est descendu venir vers nous.

Il a pris ma charrue et a fait quelques sillons et puis voilà ». La promesse, y aviez-vous cru ? Fatao s’étonne de notre question. « C’est un grand homme, il a les moyens de ce qu’il veut faire. Je croyais à ce qu’il a promis » répond-il sec. Après ces préliminaires, nous entrons de plain pied dans notre entrevue. Si nous avons fait le déplacement de Zaogo, c’est pour savoir ce qu’est devenu le tracteur.

A-t-il porté fruits à son bénéficiaire ? « Je voudrais dans un premier temps exprimer toute ma reconnaissance aux autorités municipales et provinciales et au président du Faso car c’est grâce à toutes ces autorités qu’il m’a été donné de rencontrer Kadhafi. Sinon, comment aurais-je fait pour rencontrer une telle personnalité ? ».

C’est encore une occasion pour lui de solliciter l’ambassadeur de la Libye au Burkina de transmettre ses remerciements à Kadhafi. C’est le 28 juin 2005 que Abdoul Fatao a reçu des mains de l’ambassadeur de la Libye son tracteur flambant neuf. Cela fait un an. Mais Fatao relève que c’est pratiquement au cours de la présente saison agricole 2006-2007 qu’il a commencé réellement à tirer profit de son tracteur. « L ’année dernière, Je ne maîtrisais pas la machine. Alors, ce fut un peu difficile et puis, elle est venue en pleine saison ».

Toutefois, les retombées sont déjà visibles, à entendre le jeune Fatao. Cette année, grâce à la machine, chacun des membres de la famille a presque doublé ses surfaces cultivables. A écouter Fatao, tout le village de Zaogo aurait bénéficié de la machine. « Ils sont nombreux les voisins qui ont gratuitement bénéficié des services de la machine », affirme-t-il. Et Fatao est heureux de pouvoir servir tout le monde.

Son désir, devenir un grand exploitant agricole

Comme le dit l’adage africain, « le bon enfant est l’enfant de tout le monde ». Fatao est devenu subitement la plaque tournante du village en cette saison hivernale. Pour préserver sa machine, Fatao a dû mettre au second plan, le gain financier « J’avais des marchés de labours mais cela n’était pas ma priorité ni ma vision avec la machine ». Toutefois, le tracteur lui a déjà généré des fonds.

Et Fatao n’a pas attendu pour réinvestir en achetant deux jeunes taureaux pour embouche. La vision du jeune Fatao, c’est plutôt d’être un exploitant agricole. Malheureusement au Kourittenga, la terre fait défaut. Là où elle existe, elle est très pauvre. Cette situation a conduit Fatao à faire un tour à l’Est vers Fada. Là, il a acquis un terrain où il tente l’expérience de la culture du maïs avec un champ de deux hectares. « Je veux devenir un grand exploitant agricole, » nous répète Fatao.

C’est aussi la vision de son père, Issa Dawindé qui encourage son fils à persévérer. Mais pour ce faire, le jeune Fatao aura besoin d’appui, à savoir bénéficier d’une bonne formation à l’utilisation et à la maintenance de sa machine. « Il est bon que je puisse moi-même réparer les petites pannes de la machine », confesse-t-il. Au premier moment de l’arrivée du tracteur, Fatao a dû embaucher un conducteur qui, malheureusement, a failli brûler sa machine en intervertissant un jour par mégarde, les pôles de la batterie. Ce qui a endommagé l’alternateur du tracteur rendant du coup, difficile les démarrages. Le jeune Fatao aurait également pu tirer amplement profit de sa machine en saison sèche si celle-ci disposait d’une remorque-charrette.

En effet, il existe en saison sèche de multiples sollicitations pour des travaux de ramassage de sable, de gravillon ou des récoltes etc. Hélas, la machine ne dispose pas pour l’instant, de remorque-charrette. Mais en attendant tout cela, la famille Dawindé est déjà satisfaite des retombées de leur joyau. « Avec cette machine, nous sommes certains que l’on ne parlera plus de famine au sein de notre famille. Et cela est un grand avantage pour nous », affirme le père.

En compagnie de Fatao, nous avons pu visiter les champs de mil, sorgho et maïs de la famille qui sont en épiaison-maturation. Si les pluies continuent, la famille Dawindé fera de bonnes récoltes et peut-être, doublera cette année ses récoltes. A notre sens, la lutte contre la pauvreté commence par l’autosuffisance alimentaire. Merci au guide libyen de nous montrer le chemin.

Onésime Aké Loba LANKOANDE (onesimeakeloba@yahoo.fr)
AIB/Koupèla

Sidwaya

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