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Migrations internationales : Un nombre croissant de femmes

Publié le mardi 26 septembre 2006 à 08h58min

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Les femmes ne migrent plus pour suivre leurs maris, mais de leur propre initiative, et au bénéfice tant des pays de départ que des pays d’accueil. C’est ce que souligne, à contre-courant de bien des idées reçues, le rapport annuel 2006 des Nations unies sur l’état de la population mondiale, à la veille d’une assemblée de l’ONU sur le sujet.

En 2005, 191 millions de personnes vivaient en dehors de leur pays d’origine. Un nombre « plus élevé que jamais dans l’histoire », indique le Fonds des Nations unies pour la population (FNUAP) dans son rapport 2006, publié ce 6 septembre. Fait nouveau : les femmes représentent désormais près de la moitié de ces migrants.

Vers les pays industrialisés, elles représentent désormais de 50 à 55% de ceux qui tentent leur chance.

La migration des femmes n’est pas seulement devenue plus vaste, elle a aussi changé de nature, précise le FNUAP. Alors que traditionnellement les femmes migraient pour se marier, rejoindre leur famille ou parce qu’elles étaient prises dans des réseaux de prostitution, « les dernières décennies ont vu augmenter le nombre de femmes, mariées ou célibataires, qui émigrent seules ou en compagnie d’autres femmes ou d’autres migrants extérieurs à leur cercle familial ». Elles représentent en moyenne 47% des migrants africains, mais jusqu’à 85% des Cap-Verdiennes qui se rendent en Italie.

Tous ne vont pas dans les pays industrialisés : un pays africain, la Côte d’Ivoire, figure parmi les 20 pays au monde qui comptent le plus grand nombre de migrants internationaux : environ 3 millions. Contrairement à une idée reçue, ceux qui partent ne sont pas les moins favorisés, mais ceux qui « ont en général, reçu une meilleure éducation (...), possèdent une instruction secondaire ou supérieure », et disposent d’informations sur les pays de destination, ainsi que de fonds pour payer le passage.

Dès lors, précise le rapport, le pays de départ, qui a investi dans l’éducation de ces émigrés, « perd à la fois les compétences du migrant et son investissement initial ». Une perte d’autant plus lourde quand il s’agit d’universitaires attirés pour leurs compétences dans des pays étrangers. Ainsi, relève le FNUAP, on trouve plus de médecins originaires du Malawi dans la ville anglaise de Manchester que dans tout le Malawi.

Moins riches, plus généreusesMême à qualification égale, les femmes qui migrent affrontent plus d’obstacles. Elles aboutissent généralement dans les « occupations traditionnellement « féminines », comme le service domestique, le secteur des services et l’industrie du sexe - emplois fréquemment instables et caractérisés par de bas salaires » alors que le sentiment xénophobe est présent dans nombre de pays industrialisés, le FNUAP constate que « les avantages de la migration (féminine) se font sentir de part et d’autre (...). Pour les pays d’origine et d’accueil, la contribution des femmes migrantes peut littéralement transformer la qualité de la vie ».

Dans les pays de destination, elles permettent de répondre à des besoins en main-d’œuvre, notamment dans le secteur de la santé, confronté à une pénurie d’infirmières, tandis que dans les pays de départ, elles fournissent des moyens de subsistance à leurs familles. Le transfert de fonds par les migrants à leurs familles constitue désormais une source de devises parfois plus importante que l’exportation de matières premières ou l’aide au développement.

Paradoxalement, le rapport du FNUAP relève que, bien que moins payées en moyenne, les femmes immigrées « envoient une plus forte proportion de leurs gains - cela de manière régulière et constante ». L’Afrique est cependant le continent qui reçoit proportionnellement le moins : 8% environ de son revenu provient des rapatriements de salaires, probablement parce qu’un grand nombre de migrants africains se trouvent dans d’autres pays du continent, où ils ne gagnent pas grand- chose. L’Afrique subsahariene ne reçoit que 1,5% du total mondial de ces rapatriements, alors qu’elle fournit 9% des migrants internationaux dans le monde.

L’Afrique est également la région dont les migrants affrontent le plus de dangers, non seulement lors de la traversée vers l’Europe, mais aussi, comme le souligne le rapport, parce que les femmes et filles mineures qui traversent le Maroc subissent de nombreuses violences sexuelles, commises parfois par d’autres migrants ou des passeurs et parce que « des observations éparses donnent à penser que jusqu’à 50% des femmes migrantes sont enceintes ou voyagent avec des enfants en bas âge ». Elles accouchent dès lors parfois sans assistance.

Le FNUAP conclut en affirmant que la place des femmes dans la migration n’a jusqu’à présent pas été prise suffisamment en compte.
Une session de l’assemblée générale des Nations unies y sera consacrée en mi-septembre.

André LINARD (SYFIA International)

Sidwaya

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