LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

Situation alimentaire dans le Sahel : espoir et inquiétude pour une saison capricieuse au démarrage

Publié le mardi 26 septembre 2006 à 08h35min

PARTAGER :                          

L’analyse de la situation agricole et alimentaire produite par plusieurs sources
d’information (Agrhymet, Fews Net, FAO) indique
une amélioration de la situation pluviométrique
dans l’ensemble de la zone sahélienne.Cependant, le mois d’Août a été marqué par des
inondations qui ont touché le Burkina Faso, le
Mali, la Mauritanie, le Niger et le Nigeria

Au 15
septembre, les fortes pluies causé d’importants
dégâts. Au Niger, les autorités estiment à 30 000
le nombre de personnes touchées par les
inondations.

Dans l’Ouest du Burkina Faso, près
de 20 000 personnes seraient également affectés
La situation alimentaire, est globalement
satisfaisante avec néanmoins quelques poches
d’insécurité alimentaire localisées comme au
Niger et au Tchad. D’une manière générale les
marchés de céréales confirment toujours leur
stabilité avec une tendance à la baisse des prix
en raison des importations importantes mais
également des débuts de récolte du mil et du
niébé dans certaines localités du Niger.

Sur le plan acridien, la situation apparaît calme
en dépit de l’apparition de quelques ailés isolés
dans le sud de la Mauritanie, le nord Mali et au
Niger. Mais la situation recommande une
vigilance accrue en raison de l’amélioration des
conditions écologiques favorables à l’éclosion.
Des oiseaux granivores ainsi que les sauterelles
ont été signalés au Nigeria et pourraient affecté le
marché des produits alimentaires en Afrique de
l’Ouest.

2. Des raisons d’espérer

2.1 Situation de la campagne agricole

En dépit de quelques disparités régionales, le
mois d’août a été marqué par de fortes pluies
ainsi que des inondations dans quelques pays
comme le Burkina Faso, le Mali, la Mauritanie le
Niger et le Nigeria. Au niveau de l’élevage, les
données disponibles indiquent une bonne reprise
des pâturages.

Concernant la situation acridienne, les informations
disponibles indiquent une situation calme dans
l’ensemble même si la vigilance est recommandée en
raison de l’amélioration des conditions écologiques
dans la plupart des aires de reproduction du criquet. Au
Nigeria cependant, il est signalé une vague de
sauterelles migrantes venant du Cameroun qui envahit
le centre du Nigeria. 50 000 ha auraient été détruits.
Des oiseaux (quelea quelea ou travailleurs à bec rouge)
venant du lac Tchad sont également signalés. Cette
situation pourrait avoir des conséquences sur l’offre de
produits alimentaires dans la région.

2.2 Situation alimentaire et nutritionnelle

La situation alimentaire se présente globalement
satisfaisante pour le Sahel en dépit des poches
d’insécurité alimentaire dans certaines localités du
Niger, du Tchad (notamment la situation des personnes
déplacées internes et des réfugiés).

Au Niger, en date du 25 août, le PAM et le
gouvernement ont commencé la distribution gratuite de
nourriture aux personnes les plus vulnérables et cette
opération concernera 650.000 personnes. Près de la
moitié de la population bénéficiant de ces distributions
vit dans les régions durement touchées de Tahoua,
Maradi, Zinder, Tillabéri et Dosso.
Au niveau nutritionnel, les résultats disponibles des
enquêtes font état d’une amélioration de la situation
d’ensemble. Cependant, les cas d’admission dans les
centres de récupération nutritionnels sont en
augmentation au Niger.

Les marchés demeurent également stables et la
tendance à la baisse des prix semble se poursuivre.
Les importations de céréales des pays voisins du sahel,
de même que l’arrivée à maturité du mil et du niébé
dans certaines localités du Niger, sont autant
d’éléments favorables à cette tendance à la baisse. Le
marché de bétail est caractérisé par une amélioration
des termes de l’échange en faveur des éleveurs. Cette
amélioration est liée à un meilleur état d’embonpoint
des animaux. La commercialisation de la volaille et de
ses produits dérivés a globalement repris.

3. Maintenir la vigilance

3.1 La situation pluviométrique de fin septembre et
octobre sera déterminante

Sur le plan agricole, la reprise de la pluviométrie en ce
mois d’août et septembre constitue un facteur
encourageant. Mais le démarrage tardif de la saison a
causé des retards de semis dans beaucoup de pays -
Ce décalage (même si la plupart des variétés cultivées
sont photopériodiques) nécessite un étalement des
pluies jusqu’au mois d’octobre. La pluviométrie des
mois de septembre et d’octobre demeure déterminante
Mais l’inconnu se trouve à ce niveau.

3.2 Le criquet pèlerin pourrait constituer une
menace

Même si la situation actuelle apparaît calme,
l’amélioration des conditions écologiques avec les
pluies abondantes dans les zones de reproduction
constitue un élément à suivre de près. Cette vigilance
est recommandée dans le sud et le centre de la
Mauritanie et au nord Mali et Niger.

3.3 Les inondations observées dans le mois d’août
risquent de fragiliser davantage la situation
des populations vulnérables

La plupart des inondations enregistrées dans ce mois
d’août a eu lieu dans des zones à risques.

Au Burkina Faso par exemple c’est les régions nord
(Yatenga, Lorum, Passoré, Zondoma), centre-nord
(Bam) et du sahel (Oudalan) qui ont été très touchées.
L’évaluation faite à la date du 07 septembre indiquait
7.568 sinistrés au total, dont 95% des personnes
touchées se trouvent dans les régions nord, centre nord
et Sahel.

Au Niger, la situation indiquait 15.610 personnes
directement affectées avec malheureusement 4 décès.
Là également les zones les plus touchées sont celles
les plus vulnérables à l’insécurité alimentaire : Agadez
(Bilma, Tabelot, In Gall), Dosso, Tahoua, Tillabéri et
Zinder. Les premières estimations font ressortir des
besoins alimentaires d’urgence de 1.050 tonnes de
céréales.

Que ce soit au Burkina Faso ou au Niger ces
inondations ont entraîné des destructions de champs -
Cela risque de fragiliser encore plus la situation de ces
populations vulnérables.

4. Quelle réponse ? Sur quoi porter la vigilance ?

a. Dans les pays où des opérations de pluies
provoquées existent comme c’est le cas de
« saaga » au Burkina Faso ou de « sanji » au
Mali, les efforts d’ensemencement doivent
s’accélérer en fin septembre et dans le mois
d’octobre en fonction de l’évolution de la
pluviométrie.

b. Même si la situation du criquet pèlerin apparaît
relativement calme, une surveillance et un
contrôle accrus vigilance accrue devrait être
portés dans les zones de reproduction de
manière à éteindre le feu à temps. De même
et au regard de la production nigériane sur les
marchés de produits alimentaires dans la
région, les attaques causées par les
sauterelles et les oiseaux granivores au
Nigeria méritent une attention particulière en
terme de suivi.

c. Développer des mesures adéquates dans les
pays pour éviter que la situation des
populations victimes des inondations dans les
zones vulnérables ne se fragilisent davantage

Au-delà des mesures d’urgence alimentaire il
pourrait être pertinent de prévoir des actions
de développement pour les sinistrés victimes
d’importantes destructions de leurs champs et
troupeaux.

Dans les régions victimes des
inondations, la disponibilité en eau des
bas-fonds devient plutôt un atout majeur
pour le développement des cultures de
contre saison (maïs, sorgho de décrûe,
légumes et fruits). La distribution des
semences maraîchères et des petits outils
d’exploitions et la vulgarisation de ces
cultures de contre saison pourraient
pallier aux déficits de production et même
permettre de dégager des excédents
locaux.

Club du Sahel (www.oecd.org/sah)

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Burkina : Une économie en hausse en février 2024 (Rapport)