Or, au Burkina Faso comme partout ailleurs en Afrique, les populations rurales doivent leur pitance quotidienne à la ville. Par conséquent, il est une évidence que quand la pauvreté avance par trot en ville, dans les villages, c’est à grands galops qu’elle occupe le terrain. Peut-il en être autrement quand le terrain est débarrassé de tout obstacle à l’avancée de la pauvreté ? Après les séminaires et autres rencontres sur le thème générique de la lutte contre la pauvreté, on ne voit pas toujours sur le terrain, la mise en ouvre des conclusions et résolutions. Tout se passe comme si la lutte contre la pauvreté, au lieu d’être une véritable préoccupation, ne constitue qu’un phénomène de mode.

En effet, sous le couvert de cette lutte, de nombreuses manifestations s’organisent à travers le pays : soirées dansantes, tournois sportifs, quêtes,..Chacun y va de son imagination afin d’avoir de quoi combattre sa propre pauvreté. Dans ce jeu de cache-cache, c’est l’avenir du pays qui est compromis.

En plus d’être un phénomène omniprésent dans les campagnes, la pauvreté a un visage féminin. Les femmes, 52% de la population totale, demeurent encore, du fait des présanteurs socioculturelles, insuffisamment impliquées dans les activités de la vie publique. Par ailleurs, une enquête réalisée en 2003 révèle que l’ensemble des Burkinabè de plus de 15 ans, sachant lire et écrire n’excède pas 32% de la population.

Une situation de faible développement humain et de pauvreté de masse constituant une grave menace sur la cohésion sociale et à toute initiative de développement durable. La lutte contre la pauvreté n’a pas pour objectif certes de rendre tout le monde riche. Mais, elle doit chercher en premier lieu à restituer à l’être humain sa dignité, son envie et sa joie de vivre.

Loin des discours et autres comportements virtuels, elle doit passer par les quatre axes suivants : une croissance fondée sur l’équité, l’accès des pauvres aux services sociaux de base et à la protection sociale, la création d’emplois et d’activités génératrices de revenus pour les pauvres, la promotion de la bonne gouvernance aux plans politique, économique et administratif. La lutte contre la pauvreté, loin d’être une simple manifestation de bonnes intentions, doit être caractérisée par des actions concrètes.

Rabankhi Abou-Bâkr ZIDA (rabankhi@yahoo.fr)

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