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Côte d’Ivoire : Des déchets toxiques pour ralentir le processus de paix ?

Publié le samedi 23 septembre 2006 à 09h03min

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La Côte d’Ivoire traverse une crise depuis plus de 4 ans. Une situation dont elle a du mal à se défaire suite au manque de volonté réelle des protagonistes. La crise des déchets toxiques qui est survenue depuis quelques jours contribuera sans doute à bouleverser le processus de sortie de crise qui depuis un certain temps semble s’embourber dans le statu quo Le bilan de l’intoxication fait état de sept (7) morts et plus de quarante (40) mille consultations dans les centres de santé.

Alors qu’elle se débat difficilement pour sortir de la crise politico-militaire qu’elle traverse depuis le 19 septembre 2002, la Côte d’Ivoire vient de connaître une autre crise aussi grave. Il s’agit de la crise des déchets toxiques qui depuis plus de trois semaines fait couler beaucoup d’encre et de salive du côté de la lagune Ebrié.

En effet, les populations d’Abidjan, capitale économique, vivent une situation difficile ces derniers temps. Cette crise est consécutive au déversement de plus de 500 tonnes de déchets toxiques dans une dizaine de décharges publiques d’Abidjan, ville la plus peuplée du pays.

C’était dans la nuit du 19 au 20 août et c’est une société ivoirienne qui les avait déchargés du Probo Koala, un navire battant pavillon panaméen. Les déchets sont un mélange boueux, noir et nauséabond de résidus pétroliers et de soude caustique utilisé pour le nettoyage des cuves. Vomissement, éruptions cutanées, malaises, diarrhées et maux de tête, ce sont entre autres les désagréments que causent ces déchets toxiques à la population. Le bilan fait état de sept (07) morts et plus de quarante (40) mille consultations dans les centres de santé. Le nombre des consultations ne fait qu’augmenter de jour en jour. D’où viennent ces déchets toxiques et qui a bien pu permettre leur arrivée en Côte d’Ivoire ? Ce sont entre autres ces questions auxquelles les autorités ivoiriennes doivent répondre ou devront tenter de répondre. Ce qui est sûr c’est que cette situation a valu la démission du gouvernement Banny et le limogeage de deux ministres.

En attendant que les enquêtes diligentées pour la circonstance situent les responsabilités et que les autorités de cet arrangement crapuleux soient punis à la hauteur de leurs actes, c’est la population ivoirienne qui depuis plus de 4 ans suite à la guerre voit ses souffrances s’allonger de jour en jour. Dix personnes ont été arrêtées. Certes, une opération de dépollution a été engagée mais cela va-t-il vraiment enrayer le mal causé à la population ? Elle devra continuer de subir puisque cette opération va durer au moins deux mois. Ces déchets devront selon le plan de dépollution, être rapatriés en Europe pour être traité dans des laboratoires spécialisés.

Voilà qui confirme davantage les propos du reggaeman ivoirien Tiken Jah Fakoly selon lesquels ; "Son pays va mal".

La Côte d’Ivoire va mal et même très mal depuis le décès du père de la nation feu Félix Houphouët-Boigny. La crise désormais historique du 19 septembre 2002, à l’inflexibilité des différents acteurs et leur refus des solutions proposées par la communauté internationale fondent à croire qu’un désordre total s’est installé dans le navire et que plus rien n’est contrôlable.

Sinon comment comprendre que des déchets toxiques indésirables de l’autre côté soient déversés dans un Etat à l’insu des autorités ? Le président Laurent Gbagbo dont la principale préoccupation semble être la conservation du fauteuil a du mal à contrôler son pays.

C’est connu depuis un certain temps, les élections qui étaient prévues pour se tenir en octobre 2006 ne pourront pas se tenir car les conditions techniques ne sont pas réunies. L’identification, le désarmement restent cependant les principales causes qui bouchent l’issue du tunnel.

Le mini sommet en marge de la 61e session de l’assemblée générale de l’ONU sur la Côte d’Ivoire devrait pour la énième fois essayer d’apporter des solutions de sortie de crise. Ces solutions auront-elles des effets sur la crise surtout que le président Gbagbo et son camp ont toujours affiché une mauvaise volonté quant à l’application des accords de paix. L’enfant terrible de Mama se réfugie toujours derrière la constitution ivoirienne pour gripper le processus. En tous les cas, la communauté internationale doit prendre toutes ces responsabilités face à la situation en Côte d’Ivoire.

Le président en exercice de l’Union africaine Denis Sassou N’Guesso, qui a rencontré les différents protagonistes quelques jours avant, n’a pu dégripper la machine de la paix. Chacun restant campé sur sa position.

Sans doute que la crise des déchets toxiques contribuera à gripper davantage le processus de paix déjà en panne. Et ce sera au bonheur de l’historien-président qui se maintiendra toujours au pouvoir.

Roger W. NANA

L’Hebdo

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