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RTI music Awards : Et si Gbagbo y croyait...

Publié le jeudi 21 septembre 2006 à 08h00min

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Le vendredi 25 août, la télévision ivoirienne RTI, fêtait les victoires de la musique et des musiciens dans le cadre de la soirée des trophées intitulée « RTI music Awards ». C’est l’équivalent des « KORAS » d’Afrique du Sud et des « KUNDE » du commissaire Jah Press. Le Burkina y était représenté par Bill Aka Kora, Smockey pour la partie musicale et Big Ben pour le volet maître de cérémonie.

A côté de lui il y avait l’animateur béninois Dany et l’Ivoirien Baba COULIBA. Pour ne pas être sexiste la belle Naomi de la RTI donnait sa touche féminine et de la grâce à la soirée en compagnie des « MC » hommes. Les Burkinabé on le sait, aiment tout ce qui provient de la Côte d’Ivoire, ce pays qui partage avec le Faso une longue frontière, et une longue histoire socio-politico-économique.

Mais depuis le déclenchement de la rébellion en septembre 2002, les liens historico-politiques qui unissaient les deux pays se sont brisés. Laurent GBAGBO a cultivé un nationalisme râpant avec une forte dose de xénophobie dont le promoteur est Blé Goudé qui a su instrumentaliser une partie de la jeunesse contre les étrangers en Côte d’Ivoire avec pour cibles principales les Français et les Burkinabé.

Nos compatriotes ont payé un lourd tribut dans cette lutte ivoiro- ivoirienne que certains ont tout fait pour extérioriser en y voyant la main des autorités Burkinabé. Accusées d’être la tête pensante des Forces nouvelles parce que le sergent -chef Ibrahim COULIBAY et ses hommes étaient réfugiés au Burkina, chose qui n’était pas un mystère dans la mesure où il y a eu des échanges entre les autorités burkinabé et celles Ivoirien Ives.

Seule la sécurité des réfugiés posait problème et c’est ce qui a empêché le retour normal de « I B » et son groupe. Dans ces atermoiements, il y a eu une entrée fracassante des rebelles en Côte d’Ivoire et on connaît la suite. La Côte d’Ivoire est divisée en deux les tables rondes, les médiations se succèdent mais les résultats restent toujours maigres. Mais cela a permis à des artistes ivoiriens de retrouver une âme de politiciens -conseillers à la présidence.

Sont de ceux-là, Gadji CELI, le footballeur devenu musicien et qui était particulièrement adoré par les Burkinabé, Hanny Tchelley, comédienne de cinéma ; voilà une à qui toutes les portes étaient ouvertes au Faso, jusqu’à avoir même une place dans le jury du FESPACO, place que la vigilance de la presse a permis de lui enlever pour cause de xénophonie avérée. On ne peut oublier, Serges Kassi dit « Sergent », ce, rastaman qui comptait dans le cœur des Burkinabé, il en est de même de Soum Bill et son groupe de Zougloumen qui ont chanté « libérez mon pays ».

A un degré moindre Alpha BLONDY qui ne cesse de jouer au « cube Maggi », une véritable feuille morte qui vole au gré du vent financier. Tout ou presque a été mis en œuvre pour salir le Burkina et les Burkinabé.

On n’oubliera pas de sitôt les sorties insultantes d’un certain Alain Toussaint prétendu porte-parole de la présidence sur les antennes de RFI. Il ne manquait pas de mots suffisamment durs pour accabler les autorités burkinabé. Il y avait des raisons à un certain moment que les deux pays en viennent à l’affrontement militaire. Au Faso ici les gens n’en pouvaient plus de se voir traiter de tous les noms d’oiseaux et surtout étaient fatigués de pleurer qui un frère qui, une sœur, un père, une mère abattus par les sbires de GBAGBO.

Certains avaient même commencé à trouver le calme olympien de Blaise COMPAORE comme une sorte de couardise. Heureusement qu’il sait bien que la gestion d’un Etat s’accommode mal des décisions hâtives. Le Burkina n’est pas entré en guerre contre la Côte d’Ivoire mais le président du Faso est resté ferme. Pendant la campagne présidentielle, il a affirmé qu’il ne laissera personne s’en prendre aux intérêts du Burkina et des Burkinabé de façon impunie. Le message a été clairement compris au bord de la lagune Ebrié.

La volonté d’apaisement du Président du Faso a eu pour effet de calmer les ardeurs des Burkinabé qui tenaient coûte que coûte à répondre aux coups de pieds de l’âne. Pendant qu’on insultait toujours à Abidjan, les Burkinabé ont continué à la manière de Jésus-Christ à aimer les frères ivoiriens. Des hommes de culture reconnus pour leur apport inestimable dans la conception du Nazisme tropicalisé qu’est « l’ivoirité » sont venus participer à de grandes rencontres à Ouagadougou.

Il s’agit principalement du professeur KIPRE. Des artistes ivoiriens ont été invités par des promoteurs pour des spectacles à travers les grandes villes du Burkina. Des animateurs de soirée ivoiriens ont assuré leur partition aux côtés de leurs frères burkinabé.

C’était difficile à accepter mais l’hospitalité légendaire des Burkinabé a pris le dessus. Aujourd’hui, les choses ont pris une autre tournure, les Ivoiriens ont fini par comprendre que le Burkina n’est pas à la base de leurs malheurs. C’est dans cet esprit qu’on peut comprendre la présence d’hommes de culture burkinabé à la soirée « RTI music Awards ».

C’était un gros chalenge pour Big Ben, Smockey et Bill Aka Kora. Pour un pays, qui n’avait plus de place sur les antennes de la RTI sinon pour les mauvais côtés, comment faire pour assurer une bonne prestation devant un public mue par son complexe de supériorité ? Notre « Bigo » national a relevé le défi de fort belle manière.

Des quatre animateurs, il était celui-là qui maîtrisait le mieux l’événement par une aisance devant le micro et surtout les bons mots qui venaient au bon moment. « Barka » Big Ben comme tu l’as dit sur les antennes de la RTI urbi et orbi, comme le Pape à la ville et au monde. Les Ivoiriens devant leur petit écran ont dû se demander comment le petit pays qu’est le Burkina a pu secréter un tel talent d’animateur.

On ne doute point que Big Ben en damant le pion aux autres animateurs a pris une place dans le cœur des Ivoiriens et que le pays des hommes intègres par la même occasion en tire des dividendes en termes de considération. Beaucoup d’Ivoiriens ont compris que le Burkina Faso n’est pas le pays des « GAOUS » et des « Gnatas ». Rouge est aussi le sang des Burkinabé. Dans le genre prestation artistique, Smockey a fini de convaincre qu’ici au Faso, il y a des artistes musiciens qui sont talentueux.

Avec son tube « Votez pour moi » il est tombé pile poil dans la situation socio-politique de la Côte d’Ivoire et c’est pourquoi au petit écran on pouvait voir les spectateurs dodeliner de la tête en suivant les mouvements « rappologiques » de Smockey. Il a convaincu plus d’un sur sa maîtrise de la scène, son talent artistique et la force des ses thèmes.

Du troisième Burkinabé de la soirée, Bill Aka Kora, il faut dire franchement que sa prestation fut très moyenne. Il a mis un bémol dans la remontée en considération des Burkinabé. L’artiste Bill est réputé pour le timbre de sa voix et surtout sa chorégraphie tirée à la source de son village natal dans le Nahouri avec la danse de force et d’acrobatie.

Bill Aka Kora est un bon danseur , malheureusement, il s’est présenté en Côte d’Ivoire dans une tenue quelconque et a choisi de faire une chanson live avec sa guitare acoustique. On n’a pas reconnu le Bill Aka Kora qui soulève des foules par ses pas de danse endiablés. Bill a sérieusement raté le coche.

On aurait aimé le voir dans un bel ensemble danfani du pays Gourounssi et au lieu du live avec guitare, il aurait mieux donné dans un play-back qui l’aurait permis de mieux s’exprimer sur scène. Quel gâchis ! Heureusement sur trois, le Burkina avait deux gros talents qui ont tiré la barque.

Bravo à Smochey et Big Ben ; pour Bill Aka kora , il faut qu’il s’entoure de conseillers marketing qui vont lui permettre de mieux s’exprimer en fonction des circonstances. Bill n’a pas eu le nez suffisamment ceux pour faire une prestation à la hauteur de son talent.
Si Smockey a soulevé les foules, Bill pouvait le faire aussi, puisqu’il est un grand danseur.

C’est vrai qu’il n’avait pas son groupe mais il aurait pu saisir l’option play-back pour permettre aux Ivoiriens de voir qu’il est baigné à la source de sa culture. Il a confondu une soirée de défis avec une soirée mondaine où la musique douce berce les tympans des spectateurs afin qu’ils savourent mieux leur caviar et autres vins vieux de plusieurs années.

Ici, il fallait se faire un nom dans un pays où l’artiste musicien burkinabé n’est pas toujours considéré à sa juste valeur. C’est pour Bill manquer une occasion en or. Heureusement la diaspora burkinabé peut s’enorgueillir d’avoir Big Ben grand « MC » et Smockey grand rappeur devant l’éternel.

Issa SANOGO

L’Opinion

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Vos commentaires

  • Le 29 septembre 2006 à 15:01, par jokinda En réponse à : > RTI music Awards : Et si Gbagbo y croyait...

    je suis ici en France juste pour cette année académique, et je suis autant que faire se peut, les nouvelles de notre cher Faso. Je ne voudrais pas ternir par un language approximatif, le beau que vous avez mis en exergue dans cette merveilleuse soirée si bien décrite. Je regrète simplement la sortie moins bien négociée de Bill que j’aime beaucoup et l’invite à prendre en compte votre précieusse remarque:savoir s’entourer de conseillers à la taille de sa musique ; parce qu’il faut qu’il retienne qu’il FAIT DE LA BONNE MUSIQUE !

    Abbé jo KINDA

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