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Aline Koala, ministre de la Culture, des Arts et du Tourisme : "La promotion du tourisme coûte cher"

Publié le jeudi 14 septembre 2006 à 08h09min

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Aline koala

Depuis 2006, Mme Aline KOALA est aux commandes du ministère de la Culture, des Arts et du Tourisme. La culture est la plus grande richesse dont dispose le Burkina Faso c’est pourquoi Mme la ministre entend non seulement la perpétuer en tant que patrimoine mais surtout la promouvoir à travers multiples actions dont la construction d’un palais de la Culture.

A travers cette interview, elle nous livre avec franchise les préoccupations et projets de son département en vue d’une reconnaissance internationale de ce patrimoine.

Comment vont les choses depuis votre arrivée à la tête du département de la Culture ?

Aline KOALA (AK) : Les choses comme vous dites vont bien dans l’ensemble. A mon arrivée en janvier passé, j’ai démarré directement avec les grands défis du ministère, précisément la Semaine nationale de la culture (SNC) et beaucoup d’autres dossiers importants qui attendaient comme la création de l’Institut supérieur de l’image et du son (ISIS) que le Conseil des ministres vient d’adopter.

Il y a eu aussi les projets de lois sur le patrimoine culturel naturel, la diversité culturelle qu’on a ratifiée. Et de façon quotidienne nous menons la réflexion sur la restructuration de certains secteurs, le projet d’organigramme va être proposé au Conseil des ministres. J’ai pu entrer analytiquement en quelques mois dans tous les secteurs pour y voir les forces et les faiblesses. Tout cela va me permettre en intelligence avec mon équipe d’améliorer la structuration de certains secteurs.

Le Burkina Faso est reconnu à travers le monde entier par sa culture, on ne comprend donc pas pourquoi il n’y a pas au Faso un site reconnu par l’UNESCO comme patrimoine mondial.

A.K : J’aurais aimé que cette question ne vienne pas tout de suite parce qu’il y a un dossier en cours ; mais comme elle est posée, je vais y répondre. C’est effectivement difficile à comprendre que notre pays, le Burkina reconnu comme pays culturel et ce n’est pas théorique, c’est dans la réalité au quotidien, par les pratiques et par l’effervescence artistique à travers les arts du spectacle, les festivals privés et les grandes manifestations que l’Etat lui-même organise, je veux parler du FESPACO, de la SNC, du SIAO, du SITHO, de la FILO...

Tout cela donne une visibilité culturelle du Burkina sur le plan international au point que certains se demandent comment avec la modestie de nos moyens nous arrivons à tenir le cap culturel. Je réponds toujours qu’il ne s’agit pas d’avoir de gros moyens ; il faut une bonne gestion, et surtout le sacrifice que les uns et les autres font par leur engagement à réussir l’organisation de telle ou telle manifestation. Au-delà de tout ça le sacre qui est la reconnaissance de cette vie culturelle intense à travers l’inscription d’un ou de plusieurs sites comme patrimoine mondial de l’UNESCO serait le courronnement de notre intensité culturelle.

La question reste toujours, pourquoi ce n’est pas fait ?

A.K : On a eu à soumettre deux dossiers qui ne sont pas passés. Il s’agit du « Faux départ du Moro Naba », on a voulu que l’UNESCO l’adopte comme manifestation culturelle au pays des Hommes intègres et qui relève de la nuit des temps.

Il y a eu une autre relecture de ce dossier et il n’a pas eu le O.K de la commission chargée d’adopter les sites et monuments par l’UNESCO. Il y a eu tout dernièrement le dossier des « Murailles de Lorépéni ». Contre toute attente il a été aussi rejeté. Sur ce dossier, nous avons rencontré le professeur KIETEGA de l’Université de Ouagadougou qui est une référence dans le domaine de l’archéologie, il est celui-là qui a exhumé plusieurs sites d’intérêt universel ; cependant dans la conduite du dossier de Lorépéni, il y a eu quelques failles qui ont fait qu’il a été rejeté.

Mais nous ne baissons pas les bras, nous allons repartir à la charge en respectant les critères du cahier de charges de l’UNESCO pour le réintroduire. Nous sommes confiants car il y a eu une forte mobilisation de la communauté internationale au niveau de l’Institut international qui statue sur ces questions.

La dernière réunion s’est tenue en Lituanie en juillet dernier, nous avons rencontré les responsables de l’UNESCO pour connaître les raisons fondamentales en plus des recommandations qui avaient été faites après l’expertise de l’UNESCO sur le terrain à Lorépéni. Dans les principes, on devrait nous dire les insuffisances avant l’introduction des dossiers. Ce ne fut pas le cas, mais il faut avouer qu’en parcourant les raisons de la commission, les insuffisances reprochées au dossier sont fondées.

C’est-à-dire ?

A.K : Les insuffisances de notre dossier que la commission a fait ressortir sont scientifiques. Il fallait faire des fouilles complémentaires pour exhumer des objets qui vont permettre des interprétations scientifiques pour les ajouter à certaines thèses contenues dans le dossier. L’UNESCO est aujourd’hui partante pour nous aider financièrement et on nous a donné le cheminement à suivre. Et cette contribution financière va nous aider à monter une équipe scientifique qui va être pilotée par le professeur KIETEGA. Le dossier sera repris à son début pour le monter selon les termes du cahier de charges. Et nous restons optimistes que cette fois sera la bonne.

Pourquoi on parle à propos de votre département que du volet « Culture » on oublie presque l’aspect tourisme. Qu’en dites-vous ?

A.K : Je ne suis pas d’accord avec vous ; la culture se vit au quotidien, « ya kudurru ». Mais pour parler de tourisme dans nos langues, c’est un peu compliqué de trouver le concept juste. Il faut le reconnaître le concept-tourisme est assez occidental. C’est certainement ce qui fait qu’on parle facilement de culture que de tourisme. Mais du point de vue de mon département, le tourisme est considéré à la hauteur de sa valeur. Sur le plan travail, nous entendons créer une direction chargée de l’évaluation et des statistiques touristiques. Quand on n’arrive pas à connaître l’apport du tourisme dans l’économie, on ne saurait apprécier le tourisme en tant que valeur pour notre économie.

Le tourisme est un secteur qui apporte beaucoup au pays mais il n’est pas au soleil comme on dit.
Nous avons un gros projet de campagne publicitaire sur le tourisme qui sera fait sur les chaînes internationales. Nous irons au salon Tourisme Africa à Genève. La promotion du tourisme coûte cher et les budgets alloués ne sont pas toujours à mesure de faire une véritable campagne promotionnelle.

Il y a un gros potentiel de sites touristiques au Burkina, mais ces sites doivent être aménagés, avec des voies d’accès, des sites d’accueil.
C’est toute une chaîne qui doit avoir ses maillons bien soudés les uns aux autres. Selon une évaluation de l’Organisation mondiale du tourisme dans les toutes prochaines années, c’est le tourisme qui sera le premier facteur de promotion économique des pays qui auront mis en place une bonne stratégie touristique. Les tendances mondiales montrent que le tourisme prend de plus en plus des aspects spécieux.

Et le tourisme matériel, c’est pour les gens qui ont les moyens, ils ont fini avec la satisfaction matérielle, ils recherchent aujourd’hui à se ressourcer spirituellement, dans le sens de la valorisation de l’être humain, de la pensée positive. De ce point de vue, nos pays ont plusieurs atouts, l’Afrique a une gamme variée de pratiques rituelles et culturelles. C’est dire donc que le tourisme est dans notre champ de mire, et notre travail est de faire qu’il y’ait une emprise au sein des populations.

Que faites-vous pour promouvoir le tourisme interne ?

A.K : Cette année nous avons eu du mal à gérer nos bus, plusieurs fois ils ont emmené des enfants au parc animalier de Ziniaré ; l’Office du tourisme a organisé le CAMP ETE (Enfants Tourisme Environnement) qui a permis à des dizaines d’enfants de visiter la région de Bobo. Le tourisme interne existe, mais il est plus développé par la frange jeune de la population.

Nous prévoyons pour les années à venir sensibiliser les fonctionnaires au tourisme. Il s’agira d’organiser une sorte d’épargne sur plusieurs mois afin qu’en juin-juillet, les épargnants aillent en convoi, visiter les sites touristiques. Il y a une nécessité de sensibilisation et mon département va s’y atteler.

Quels commentaires faites-vous sur la fermeture des salles de ciné dans le pays du FESPACO ?

A.K : Il faut le dire, franchement la fermeture des salles de ciné n’a pas été faite par plaisir. C’est la gestion des salles qui a atteint un stade de non-retour. A mon arrivée au ministère, le dossier était déjà engagé en Conseil des ministres pour la liquidation. Je l’ai fait ajourner pour mieux le comprendre. J’ai eu des séances de travail avec les parties concernées, j’ai rencontré Idrissa OUEDRAOGO de l’ARPA ; après tout cela, j’ai vu que le dossier ne pouvait pas reculer.

En certaines situations, il vaut mieux reculer pour mieux sauter et c’est ce que le gouvernement a fait. La page SONACIB est tournée, depuis 1993 cette société était sous administration provisoire.
Et cela montre comment l’Etat a soutenu la SONACIB du bout des bras.

Que faire maintenant ?

A.K : On est obligé de trouver des solutions et c’est ce que le gouvernement est en train de faire. Nous sommes sur une très bonne voie.

Quelle est cette solution ?

A.K : Je vous réserve la surprise pour plus tard.

Comment va-t-on faire pour le FESPACO ? Des projections sous les kaïlcidrats ?

A.K :Pas du tout, nous allons voir les films dans des salles en bonne et due forme. Je vous donne ma parole.

Quelles sont vos principales angoisses depuis votre nomination à la tête du département de la Culture ?

A.K : Quand on voit des choses qu’on devait pouvoir faire ou qui devraient être faites, et que souvent pour des limites de moyens on ne puisse accomplir les ambitions qu’on nourrit, des fois cela peut empêcher de dormir. Mais de façon globale on arrive toujours dans la conjugaison des efforts et des idées à assurer l’essentiel.
Notre ambition est de disposer d’une salle de spectacles pour l’appeler par son nom, « Un palais de la culture » afin de mieux répondre à notre nom de Pays culturel avec Ouagadougou comme capitale culturelle africaine.

Qu’on n’ait pas une telle infrastructure cela froisse quelque part. Il manque à notre pays un site typiquement artistique où le national ou bien l’étranger de passage peut aller acheter des œuvres et rencontrer des artistes. Notre idée du Palais de la culture regroupe tous ces volets.

Le CENASA ne joue-t-il pas déjà ce rôle ?

A.K : Non, le CENASA est un centre de l’audiovisuel et il a des missions spécifiques liées au ministère. Le Palais sera une structure autonome. C’est un complexe que l’on peut appeler Forum de la culture. Et avec le Palais on aura des saisons de spectacle, en théâtre, chorégraphie, etc.

Le pays a besoin d’un complexe culturel et c’est notre grande préoccupation.
Dans la même lignée, on a constaté que depuis les longues années qu’existe la SNC, il manque toujours les infrastructures d’accueil des artistes et de salle de spectacles dignes de ce nom.
Le théâtre de l’Amitié à Bobo commence à montrer les signes évidents d’insécurité. Il faut des infrastructures pour que les artistes puissent mieux s’exprimer au grand bonheur du public.o

Par Issa Sanogho


Aline KOALA : Donner une nouvelle impulsion au tourisme

Faire du Burkina Faso une destination touristique incontournable telle est l’ambition du ministre de la Culture, des Arts et du Tourisme, Mme Aline KAOLA. Notre pays, trouve t-elle, est à fort potentiel touristique. Ses attraits sont fondés entre autres, sur sa riche diversité culturelle résultat de la composition multi-éthique de son peuple, son sens original de l’hospitalité et de l’ouverture, les manifestations culturelles, artistiques et autres rencontres que le Burkina abrite.

La variété des sites naturels, pittoresques et insolites à la fois, les attraits de la faune encore nombreuse et relativement bien protégée.
La stabilité politique et la position géographique du pays qui compte 6 frontières sont autant d’éléments qui constituent des atouts essentiels qu’il faut faire découvrir.

Cependant si en général, c’est le produit qui va vers le consommateur dans le cas du tourisme, c’est plutôt le client, le touriste, qui doit se déplacer vers le produit. Le produit touristique se consomme sur place, il ne se délocalise pas. Cette caractéristique du secteur, selon Aline KOALA, en fait un puissant moyen de promotion de l’image et de la notoriété d’un pays mais aussi, en secteur demandeur d’actions de touristes de façon à inscrire la destination du Burkina Faso parmi les possibilités offertes aux consommateurs.

Ainsi, donc, en complément aux actions traditionnelles de promotion de son département, Aline KOALA avec l’appui des plus hautes autorités, a initié la réalisation d’une série de films publicitaires sur la destination touristique Burkina Faso. Il s’agit de quatre films d’une durée de 24 secondes chacun, destinés à susciter la curiosité et l’intérêt du public, du touriste potentiel pour le Burkina Faso. Ces films seront diffusés par trois chaînes de télévision internationales de grandes audiences que sont Canal+ Horizon, TV5 Monde, Euronews sur une période de cinq semaines, et pour 75 diffusions.

Les thèmes sont relatifs au culturel/rituel, aux infrastructures hôtelières, aux monuments et sites naturels et au Safari.

Le lancement de la diffusion de ces films a été fait le 11 septembre depuis Paris dans la mouvance du Salon international du tourisme, le Salon tourism Africa qui se déroule à Genève du 10 au 15 septembre, au cours duquel il est organisé aujourd’hui 13 septembre et les horaires de diffusion des films réalisés par le groupe 2H et Novasion, ont été de téléspectateurs durant la campagne.
Par ailleurs, pour le reste de l’année, l’agenda du ministère de la Culture, des Arts et du Tourisme comporte trois activités phares.

Il s’agit tout d’abord de l’organisation les 3 et 4 novembre à Ouagadougou d’une conférence régionale sur le thème : « Artisanal et tourisme au service du développement ». Elle se tiendra sous l’égide de l’organisation mondiale du Tourisme (OMT) dont c’est la toute première activité au Burkina Faso. Cette conférence est conçue pour examiner à fond les perspectives de partenariat durable entre le tourisme et l’artisanat dans le vaste cadre de lutte contre la pauvreté.

La deuxième activité est la troisième édition du Salon international du Tourisme et de l’Hôtellerie de Ouagadougou (SITHO) prévue 30 novembre au 3 décembre sous le thème « tourisme équitable et développement ».

Comme à la 2e édition, le SITHO 2006 comportera deux volets à savoir une exposition professionnelle et un espace de gastronomie africaine. Une quinzaine de Tours opérators de France qui programment et commercialisent les destinations touristiques sont attendus. Il faut rappeler que le SITHO est né pour expérimenter une nouvelle approche de promotion du secteur touristique africain. L’idée étant de donner l’occasion aux Tours opérators de venir en Afrique pour tisser leurs relations commerciales et découvrir par la même occasion les produits qu’ils vont proposer à leurs clients.

Enfin, du 23 au 28 novembre se tiendra la 6e édition de la Foire internationale du livre de Ouagadougou sur le thème : « littérature burkinabè, bilan et perspectives ». Il s’agit là également d’un événement qui connaîtra la participation des professionnels du domaine du livre et écrivains des pays membres de l’UEMOA. Cette année, un accent particulier sera mis sur la concertation, la question de la production du livre avec des discussions entre les acteurs du domaine.

Par Samba DIARRA

L’Opinion

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