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SOTRACO : Plus de trois cents travailleurs aux abois

Publié le jeudi 14 septembre 2006 à 07h43min

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Ils sont plus de trois cents travailleurs de la Société de transport en commun de Ouagadougou (SOTRACO) qui sont dans une situation désespérée face aux remous que vit leur employeur. Pour partager leurs angoisses au quotidien, avec l’opinion nationale, les délégués du personnel ont animé ce mercredi 13 septembre 2006, à la Bourse du travail de Ouagadougou, une conférence de presse.

Le secrétaire général de l’Union provinciale du Kadiogo de la CGT-B, Dominique Yaméogo, et Luc Mano, secrétaire général du comité CGT-B de la SOTRACO, étaient les principaux interlocuteurs de la presse nationale. Dans leur déclaration liminaire, ils ont rappelé la sortie de la directrice générale de cette société, Honorine Damiba, pour expliquer les difficultés laissant entrevoir l’arrêt des activités de celle-ci, le 24 août 2006 (le jour même de la suspension des activités de la SOTRACO).

Le ministère des Transports a fait plus tard une mise au point sur les multiples contributions dont la société a bénéficié de la part de l’Etat. "Devant une situation qui menace dangereusement les emplois de plus de 300 travailleurs, et le mutisme prolongé du Conseil d’administration, ces travailleurs qui ont le souci de la sauvegarde de leur outil de travail, ne peuvent rester indifférents", ont dit les conférenciers, pour justifier la tenue de la conférence de presse. Société anonyme, le capital de la SOTRACO et toute la gestion sont aux mains de privés (des actionnaires).

Le capital est détenu à 85% par des privés et 15% par la commune de Ouagadougou. Le président du conseil est Mahamud Hamuda (NDLR : L’ancien DG de la BCB), actuellement en poste en Algérie, et l’Etat n’a qu’un statut d’observateur, selon les interlocuteurs du jour. Aujourd’hui, la SOTRACO disposerait de 54 bus, dont 33 seulement sont en circulation.

Plusieurs correspondances ont été adressées à la direction générale sur les risques de cessation des activités, tant que les personnels ne seront pas associés aux débats sur la gestion, avons-nous appris. L’augmentation du coût du ticket de 100 F CFA à 150 F CFA aurait été faite sans consulter ceux-ci. Autrement, leur avis aurait permis quelque peu de revoir la copie. Les recettes journalières de plus de 4 millions de francs CFA, la société ne peut plus, aujourd’hui, en faire la moitié.

C’est dire que l’augmentation a découragé énormément la clientèle. "L’attitude anti-syndicale" avec un acharnement constant contre les responsables syndicaux et délégués du personnel, ou encore des opérations dites douteuses liées à la gestion du stock des hydrocarbures de la SOTRACO, à l’acquisition de bus et d’autres matériels sont décriées par les travailleurs.

Des travailleurs seraient auteurs de surfacturations pour des réparations de bus. "Nous l’avons seulement appris par voie de presse. Trois travailleurs ont été licenciés après une interpellation au commissariat de Ouaga 2000 pour le vol de 2000 litres de carburant. A notre niveau, nous n’avons pas connaissance de pareilles pratiques..."

En somme, c’est toute la gestion des finances avec "des ordres de priorités très contestables au niveau des dépenses" que tous dénoncent. "De notre point de vue, pour que la SOTRACO puisse sortir de la zone de turbulence, il faut, de la part des pouvoirs publics, une volonté politique forte. Celle-ci devrait se traduire d’abord par une refondation même du statut juridique de l’entreprise." Tel est le cri du coeur des travailleurs pour éviter que cette société connaisse les "échecs" de la RNTC X9 et de la SOTRAO. Pour leur part, les travailleurs pensent jouer ainsi leur rôle en interpellant qui de droit.


Des chiffres de mauvaise gestion financière selon les personnels

15/06/2004 Peinture et autres travaux de 5 bus VOLVO occasion 14 030 000 Investissement improductif

22/02/2005 Prime d’Assurance de 5 bus VOLVO occasion 9 608 815 Investissement improductif

21/10/2005 Achat groupe électrogène 17 868 681 Inutilisé depuis sa livraison en novembre 2005

06/02/2005 au 13/09/06 (585 jours) Manque à gagner sur retard livraison d’un bus 40 950 000 (70 000 F CFA x 585 jours)

11/11/2005 Achat 5 ordinateurs FM100 3 250 000 Investissement inopportun

22/11/2005 Conception, réalisation, diffusion, Promo-vision 3 097 500 Enregisrée le 11/01/06 et non diffusée depuis lors

03/02/2005 Commande de cartes et coupons d’abonnement année 2005 22 125 000 6 mois de retard de livraison et stock invendu

14/04/2006 Achat Hologramme H21 14 165 900 Inutilisé depuis avril 2006 pour non-conformité

09/02/2006 Commande pièces de rechange SFI 50 436 413 Aucun bus réhabilité malgré l’importance de la commande

05/06/2006 Transit et Douane

Pièces SFI 17 885 728

68 322 141

Mai 2006 Découverte de vol de 2000 litres de gazoil 1 204 000 Dossier en traitement Commissariat de police Ouaga 2000

Mai 2006 Surfacturation sur achat de pièces Montant inconnu Dossier en traitement Commissariat de police
Ouaga 2000

30/11/2003 au 08/08/2006 Utilisation non transparente de 3 TOMCARD TOTAL Montant inconnu Audit nécessaire

11/01/06 à nos jours Révision à la hausse du tarif 100 à 150 F /Course Chute vertigineuse des recettes de + de 50%

Par Philippe BAMA

Le Pays

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