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Culture africaine : Il y a cinquante ans, le 1er Congrès international des écrivains et artistes noirs !

Publié le mercredi 13 septembre 2006 à 07h57min

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Aimé Césaire

« Ce jour sera marqué d’une pierre blanche. Si depuis la fin de la guerre, la rencontre de Bandoeng constitue pour les consciences non européennes l’événement le plus important, je crois pouvoir affirmer que ce premier Congrès mondial des hommes de culture noirs représentera pour nos peuples le second événement de cette décennie ».

Ainsi s’exprimait Alioune Diop, initiateur du premier Congrès des écrivains et artistes noirs qui s’est tenu du 19 au 22 septembre 1956 dans l’amphithéâtre Descartes de la Sorbonne à Paris, en France en présence d’une centaine de délégués venus d’Afrique et de la diaspora d’Europe, des Etats-Unis et de la Caraïbe. Cette rencontre organisée aux lendemains de la seconde guerre mondiale marquée par la débâcle du nazisme, épouse en fait la philosophie abolitionniste des XVIIIe et XIXe siècles.

Elle s’inscrit également dans la continuité des mouvements panafricanistes symbolisés par les Congrès de Londres, New-York, Bruxelles et Manchester, animés par des personnalités telles que W.E.B. Du Bois, Georges Padmore, Kwamé Nkrumah ou encore Nnamdi Azikiwe et Jomo Kenyatta. Toutes ces personnalités intellectuelles et politiques ont consacré leur énergie à la lutte contre le colonialisme et pour l’indépendance du continent africain et des peuples sous domination.

Le Congrès de 1956 a connu un énorme succès et un grand retentissement mondial grâce à l’activisme d’Aimé Césaire, Léopold Sédar Senghor, Jacques Rabemananjara, Cheikh Anta Diop, Franz Fanon...qui ont célébré la culture comme vecteur de dialogue entre les peuples. A l’heure où la lutte nécessaire contre le terrorisme prend la forme d’une guerre des civilisations, le message du Congrès de 1956 mérite d’être rappelé. D’autant que les nouvelles générations de l’intelligentsia noire, totalement aphones sur les sujets internationaux, donnent le sentiment d’avoir renoncé à penser au profit du fonctionnariat.

L’heureuse initiative prise par la maison d’édition Présence Africaine, créée en 1947 par Alioune Diop, par la Communauté africaine de culture et le W.E.Du Bois Institute for African-American Research et de l’Unesco de célébrer, du 19 au 22 septembre 2006, le cinquantième anniversaire du premier Congrès des écrivains et artistes noirs tombe à point. L’anniversaire s’inscrit également dans le cadre de l’année 2006 célébrée par l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) comme l’année Senghor, l’un des fondateurs de la francophonie.

Trois séries de manifestations qui se dérouleront à la Sorbonne et à l’Unesco sont au programme de cette commémoration. Un hommage sera rendu aux participants du premier Congrès, un forum de réflexion portant sur les conclusions du Congrès à la lumière de l’actualité et enfin des manifestations artistiques.

Plusieurs thèmes seront débattus dont entre autres, « l’apport du 1er Congrès des écrivains et artistes noirs à la pensée contemporaine », « la jeunesse africaine dans la dynamique du développement », « le monde noir aujourd’hui », « la question raciale », « diaspora africaine et nouvelle solidarité » et « les femmes dans la dynamique du développement culturel contemporain ».

Sont annoncées pour prendre part à ce rendez-vous culturel, des personnalités politiques et intellectuelles du monde noir : Nelson Mandela, ancien président d’Afrique du Sud, prix Nobel de la paix, Abdou Diouf, ancien président du Sénégal et secrétaire général de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF), Koïchiro Matsuura, directeur général de l’Unesco, Wole Soyinka, écrivain, prix Nobel de littérature et président de la Communauté africaine de culture, Henri Louis Gates, président de l’institut W.E.B Du Bois, Edouard Glissant, René Depestre, écrivains et Mme Yandé Christiane Diop, directrice de Présence Africaine.

Joachim Vokouma,
Lefaso.net

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