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11-septembre : Bush a-t-il vraiment honoré la mémoire des victimes ?

Publié le mardi 12 septembre 2006 à 08h10min

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Cinq ans après, on revoit avec autant d’émotion et de stupeur, les deux avions s’écrasant sur les tours jumelles de New York. Depuis, le choc et la psychose créés par ces attentats terroristes ne se sont pas dissipés. Pire, ils ont été entretenus, plus par les maladresses stratégiques des Etats-Unis que par la menace permanente que faisait planer les groupes radicaux.

En effet, l’invasion irakienne, les prisons où se pratiquent les pires formes de tortures, les détentions arbitraires, les exactions contre certaines organisations religieuses, la caution aveugle apportée à Israël, etc., sont une option qui s’est révélée contre-productive en matière de lutte contre le terrorisme et pour honorer la mémoire des quelque 3000 Américains tués le 11 septembre 2001.

Le récent rapport du Sénat américain a achevé de convaincre que l’administration Bush s’est lourdement trompée de cible dans son offensive contre Al Qaida, le groupe de Ben Laden, à l’origine des attaques du 11 septembre. Sans doute préoccupé par sa survie politique, le président Bush a vite fait de trouver le coupable idéal, en la personne de Saddam Hussein. Mais aujourd’hui, l’aventure irakienne, en plus d’avoir été un fiasco militaire, se révèle être une catastrophe humanitaire. Elle n’a apporté ni démocratie, ni liberté, encore moins la paix.

Au contraire, on voit y poindre un phénomène hautement dangereux, qui fait autant de dégâts que tous les crimes de Saddam, la guerre civile et interconfessionnelle. George W. Bush est pris à son propre piège, lui qui a surfé sur la guerre en Irak pour entretenir l’illusion qu’il avait trouvé le remède au terrorisme, conscient que les Américains sont très sensibles aux questions de sécurité. Même sa propre opinion n’est plus dupe ; les sondages montrent chaque jour des Américains de plus en plus opposés à l’intervention en Irak.

A plusieurs reprises, les plus hautes juridictions américaines ont rappelé à l’ordre le président Bush pour sa propension à utiliser des méthodes aux antipodes des droits de l’homme, dont les illustrations les plus cruelles sont les prisons d’Abu Ghraïb et celles disséminées à travers le monde, le centre de détention de Guantanamo, les interventions sans mandat onusien, etc.

Le tribut le plus lourd que Bush doit payer du fait de son arrogance n’est pas seulement le retournement, en sa défaveur, de l’opinion. Bush et ses faucons ont créé une situation ingérable en favorisant la montée en puissance d’un sentiment anti-américain qui dépasse les frontières des mouvements islamistes radicaux. Des dirigeants latino-américains de gauche avec à leur tête Hugo Chavez aux activistes du Mouvement altermondialiste, ce sont tous les frustrés de la politique américaine qui regimbent. Désormais, tout déplacement de dirigeants américains est accueilli par des manifestations de protestation.

La pax americana ne se fera pas par la force mais par la conviction. On a beau être la première puissance du monde, il y a un bastion que l’on ne peut conquérir par les armes : le coeur humain. Israël, en voulant appliquer les méthodes de Bush sur son voisin libanais a certes réduit en poussière le pays, mais a-t-il mis à genoux son peuple ? De la même manière, Bush a dilapidé tout le capital de sympathie que ses prédécesseurs avaient bâti, au risque de mettre en danger son propre peuple qui n’a pourtant rien à voir avec les turpitudes des Républicains au pouvoir.

L’émergence de groupuscules hostiles à l’Amérique et prêts à user de la violence pour se faire entendre est en partie liée à la fin du bipolarisme. Le démantèlement de l’ex-Union Soviétique a rendu orphelins tous les opprimés qui jouaient sur l’existence de deux blocs pour arriver à leurs fins, notamment en termes de luttes pour l’indépendance.

On imagine comment nombre de peuples auraient pu accéder à la souveraineté nationale dans le contexte actuel où toute lutte de libération est assimilée à des actes terroristes. Même les Noirs d’Afrique du Sud, qui combattaient l’horreur de l’apartheid, auraient été rangés dans le fameux "axe du mal". C’est pourquoi beaucoup appellent de tous leurs voeux, l’avènement d’une nouvelle puissance qui viendrait contrebalancer l’ordre établi.

La Chine apparaît, en cela, comme la nation qui consacrera la renaissance d’un deuxième pôle qui marquera la fin de l’hégémonie américaine, qui a fait la preuve de son incapacité à instaurer la paix dans le monde. La Russie ayant ruiné ses chances de s’attirer les faveurs des plus faibles, en enterrant les valeurs de solidarité internationale qui faisaient la force de l’ex-URSS, les regards sont donc portés vers l’Empire du milieu.

Saura-t-il relever le défi ? En tout cas, les dernières décennies ont montré que les Chinois sont capables de tout, du meilleur, mais aussi, de temps en temps, du pire. S’ils réussissent à émerger, ce sera, de toute façon, de la faute de George W. Bush, qui restera dans l’histoire comme l’un des présidents qui ont le plus détruit l’image de l’Amérique à l’extérieur.

Le Pays

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