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Tribunal pénal international : Le médecin après la mort

Publié le lundi 4 septembre 2006 à 06h52min

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Après plusieurs années de guerres et des dizaines de milliers voire des millions de morts, le Tribunal pénal international intervient pour condamner les auteurs de ces morts. Ainsi, la communauté internationale plutôt que de faire de la prévention préfère la solution d’un tribunal qui apporte « consolation » aux victimes.

Cette fois, c’est Joseph Kony, le n°1 de L’armée de résistance du seigneur (LRA) et d’autres chefs rebelles ougandais dont Vincent Otti qui sont dans le collimateur du Tribunal pénal international. Ils sont recherchés pour crime de guerre. Joseph Kony, prophète autoproclamé qui se dit possédé par l’esprit saint, affirme se battre pour défendre les dix commandements bibliques (dont celle qui commande de ne pas tuer).

Il a lancé son premier soulèvement dans le nord de l’Ouganda en 1986 quand le président Yoweri Museveni, toujours au pouvoir, est arrivé à l’époque à la tête du pays. En vingt ans de conflit, près de deux millions de personnes ont été déplacées dans le nord de l’Ouganda. Des milliers de personnes ont été tuées et la LRA a enrôlé de force des milliers d’enfants soldats.

C’est pourquoi après deux décennies de guerre, le Tribunal pénal international (ce nouveau palais de justice planétaire) veut sévir en punissant les présumés coupables. Le scénario est partout le même. En Afrique il y a aussi le Tribunal pénal international spécial pour le Rwanda (TPIR), ou bien d’autres encore. En Europe, on peut citer le Tribunal spécial pour l’ex-Yougoslavie. A ce jour, quatre personnes ont été condamnées pour génocide, crimes de guerre et crimes contre l’humanité dans un conflit qui a fait soixante charniers.

Le dernier en date est le plus grand avec un millier de squelettes exhumés. Toutefois si le TPI arrête, condamne et juge, la grande question est de savoir son rôle. Est-ce une simple organisation chargée d’apporter consolation aux parents de victimes du Rwanda, de Sébrenica, de l’Ouganda...? Car elle intervient après les conflits dont beaucoup d’entre eux notamment les génocides au Burundi et au Rwanda auraient pu être évités par la communauté internationale.

Mais plutôt que de faire de la prévention, c’est la solution de TPI qui a été trouvée. Elle apparaît donc comme le médecin après la mort pour ne juger que des personnes. Autrement dit une fois les génécidaires poursuivis ou condamnés, on se frotte les mains. Justice a été rendue et on passe à un autre conflit. La légimité du TPI contestée par certains pays en conflit est significative.

Même si Carla del Ponte, la procureur du TPI fustige la Serbie pour son refus d’arrêter Ratko Mladic et Radova Karadzic en Serbie, le TPI doit reconnaître qu’il a de sérieuses défaillances. Des défaillances clairement dénoncées par un ancien ministre du gouvernement intérimaire pendant le génocide de 1994 au Rwanda.

Auteur d’un livre de 612 pages sous le titre « Rwanda : le faîte du mensonge et l’injustice », Augustin Ngirabatware pense que le TPI a été « mis sur pied par l’ONU sur de fausses prémisses ». Pour lui, la juridiction est confrontée à ses contradictions internes : dire le droit ou la politique ? juger les individus ou les institutions ?

ces questions bien qu’émanant d’un présumé génocidaire, méritent réflexion car de nombreux coupables restent sur les carreaux parce que « trop gros » pour être supportés par le TPI. Quand un conflit fait des milliers de morts par le fait des marchands d’armes et compagnies multinationales à la recherche du profit au détriment des vies humaines, il n’y a justice que lorsque tout coupable aussi bien que ceux qui sont sur le champ de bataille, les commanditaires et les bailleurs de fonds sont jugés.

Autrement, le TPI ressemblera à une justice qui musèle les tribunaux nationaux des pays pauvres et impose sa loi et son verdict après de nombreux conflits qui n’ont que trop duré et qui auraient pu être résoulus bien avant par d’autres moyens.

Hamadou TOURE (hatoure@yahoo.fr)

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 4 septembre 2006 à 12:55 En réponse à : > Tribunal pénal international : Le médecin après la mort

    N’oubliez pas que le TPI et la CPI n’ont rien à voir. Le TPI est une cour temporaire fondée par les Nations Unies alors que la CPI est une coure permanente autonome qui n’a encore jugé personne.
    Gabriel Kahn

  • Le 4 septembre 2006 à 18:43 En réponse à : > Tribunal pénal international : Le médecin après la mort

    L’auteur de cet article semble confondre les TPI et la CPI. si les TPI interviennent en ex-yougooslavie et au rwanda, la CPI pour l’instant agit au darfour, en RDC et en Ougandan. il faut faire la part des choses. De plus, à mon sens, la repression des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité commis dans les diiferents conflits constitue une sorte de prévention à la commission de tels crimes dans les conflits futurs. il ne faut pas sous-estimer ce pouvoir de dissuasion. Médard Kiénou

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