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Campagne agricole 2006-2007 dans la Boucle du Mouhoun : La moisson sera bonne pourvu que...

Publié le lundi 4 septembre 2006 à 06h45min

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Bonoudaba Dabiré (droite) et l’agriculteur Kani Bicaba

Les paysans de la Boucle du Mouhoun, à l’ouest du Burkina Faso, ont maintenant les yeux tournés vers le ciel pour voir leurs efforts couronnés par une bonne moisson. C’est le constat qui ressort de la visite effectuée par le ministre délégué à l’Agriculture, Bonoudaba Dabiré dans cette région le 30 août dernier.

M. Dabiré est allé encourager les agents du département chargé de l’agriculture, les chefs de projets et les producteurs. La physionomie de la campagne agricole 2006-2007 dans la Boucle du Mouhoun est satisfaisante ; de même que la réalisation des projets. En effet, la valorisation des premières pluies a facilité une bonne croissance des cultures dans les Balé, les Banwa et le Mouhoun.

C’est cela qui nous permet d’espérer de bonnes productions, a justifié le directeur régional de l’Agriculture de l’Hydraulique et des Ressources halieutiques de la Boucle du Mouhoun, Maurice Traoré. De plus, la régularité des pluies observées en juillet devrait permettre aux semis tardifs de sorgho et de mil du Sourou, du Nayala et de la Kossi de boucler leur cycle. Si ces dernières spéculations sont au stade de montaison, le maïs et le coton sont respectivement à l’épiaison, à la maturation et à la capsulation. Selon Maurice Traoré, l’ensemble des cultures dans la Boucle du Mouhoun présentent un bon état végétatif.

Baisse « dangereuse » des prix des céréales...

Par ailleurs, le remplissage satisfaisant des principaux cours d’eau (Mouhoun, Balé, Kossi, etc.) augure de bonnes perspectives pour la conduite de la petite irrigation villageoise en saison sèche, a souligné M. Traoré. Dans l’ensemble, la disponibilité des stocks de produits agricoles, la bonne récolte en vue et l’arrivée des premières récoltes ( maïs et niébé surtout) ont provoqué une baisse sensible des prix des denrées alimentaires.

Finie la flambée des prix des produits agricoles dans la Boucle du Mouhoun. Actuellement, le sac de mil ou de maïs se négocie à 7000 F CFA. Une situation que le directeur régional de l’Agriculture, de l’Hydraulique et des Ressources halieutiques a qualifiée de « baisse dangereuse » des prix craignant ainsi que le producteur de Bèna (Banwa) ou de Founza (Mouhoun) ne bénéficie des retombées économiques de la vente de sa production.

Au cours de sa tournée, le ministre Dabiré et sa délégation ont visité la bananeraie de Souri, située à 15 km sur l’axe Dédougou-Bobo-Dioulasso. « Ah, on se croirait quelque part en Côte-d’Ivoire », s’est écrié le ministre émerveillé par la qualité des plants de banane. Cette plantation est exploitée par un groupement de dix membres dont une femme sur une superficie de 32 hectares. « Ce que j’ai vu à Souri est le reflet d’un axe fort de la stratégie de développement rural qui doit se bâtir sur la diversification de la production en vue d’améliorer les revenues des paysans », a déclaré Bonoudaba Dabiré.

Et l’expérience de Mahamoudou Bonkoungou dans cette perspective d’accroissement des revenus fait cas d’école. Exploitant 8 hectares de banane, il a réalisé un bénéfice net annuel estimé à 19 millions de F CFA en 2005 pour une production de 300 tonnes. Après les échanges avec les producteurs, la délégation a mis le cap sur le bas-fond rizicole de Kabeka. Ce sont les pieds dans l’eau et au prix des embourbements que le ministre, accompagné par le gouverneur Pascal Benon, a visité les réalisations sur ce périmètre. 150 tonnes de riz y sont attendues à la fin de la campagne.

A Founza, dans le département de Ouarkoye, l’exploitation agricole de Kani Bicaba force l’admiration. Il exploite 245 hectares dont 90 ha de coton, 96 pour le maïs et 45 pour le sésame.

En 2005, il a eu plus de 26 millions de F CFA de bénéfice. Kani Bicaba pratique une agriculture intensive avec l’utilisation et la production de semences. « A partir du 20 mai, on n’a plus de repos. On a un jour de repos toutes les trois semaines », a dit Kani Bicaba qui travaille avec 67 employés dont 30 femmes. « Si le Burkina a trente producteurs de la trame de Kani, c’est parti, on pourra atteindre la sécurité sinon la souveraineté alimentaire ». En attendant, les paysans ont besoin de pluies en septembre pour réaliser des rendements excédentaires.

S. Nadoun Coulibaly (coulinad@hotmail.com)


La parole à des directeurs provinciaux

Jean Patrice Siénou, DPA/ Mouhoun : « Le stade actuel de la campagne est satisfaisant dans le Mouhoun. Nous espèrons une bonne récolte étant donné que toutes les cultures sont en phase de production. Si nous avons quelques pluies en septembre, toute inquiétude sera levée. Environ 250 000 hectares sont emblavés dans le Mouhoun dont 60 000 pour le coton. On n’a pas eu de poches de secheresse ».

Valentin Coulibaly, DPA/ Banwa : « Dans les Banwa, la campagne agricole présente une physionomie satisfaisante. L’ensemble des postes pluviométriques accusent un niveau de remplissage supérieur à celui de la campagne écoulée. Si cette donne se poursuit en septembre, les rendements seront supérieurs à ceux de la campagne 2005- 2006 estimée à 950 kg à une tonne/ ha pour le coton et le maïs à 1- 1,5 t/ha. Les prix sont à la moitié (7 000 - 8500 F) des denrées à la même période en 2005. Les indicateurs agricoles affichent une bonne situation par conséquent ».
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Les chauffeurs et les embourbements

Mercredi noir pour les hommes au volant lors de la tournée du ministre délégué à l’Agriculture dans la Boucle du Mouhoun. « Ah, c’était le rallye à Kabeka », dans le département de Ouarkoye. Cinq véhicules du convoi y compris ceux du ministre et de Sidwaya se sont embourbés en même temps alors qu’ils tentaient de rallier le bas -fond rizicole de Kabeka.

C’est donc à pieds et en pataugeant dans les eaux que l’on s’ y est rendu. La tournée était celle de la maîtrise du volant pour les chauffeurs. Sur le pont de Bagassi débordé par les eaux dans les Balé, un membre du convoi n’a pu contenir sa peur : « Vas à gauche », a-t- il lancé au chauffeur croyant qu’il les amenait dans le decor. Ah, sacré chauffeur et la route. Même si on n’a pas dansé le coupé décalé, c’était comme...


Kani et son « Assemblée »

Lors de la visite de son champ, le gros producteur de Founza n’a pas mâché ses mots à l’annonce des 300 tracteurs que le Burkina va acquerir bientôt pour le monde rural. Kani Bicaba a dit au ministre délégué de ne pas distribuer ces moteurs aux « politiciens petits producteurs » afin, a-t-il ajouté, que ces tracteurs rapportent quelque chose au pays au lieu de dormir à Ouagadougou.

Bien sûr, il a été rassuré par Bonoudaba Dabiré : « les tracteurs seront destinés aux gros producteurs ». Interrogé sur le fait qu’il fait ou non de la politique, Kani affirme faire de la politique. Mais attention, il ne compte pas siéger à l’Assemblée nationale. « Non, je ne veux pas, j’ai déjà mon Assemblée ici », a-t-il conclu. Vérité d’un producteur...

S.N.C

Sidwaya

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