LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

Tchad : DEBY ITNO fait de la résistance

Publié le jeudi 31 août 2006 à 07h46min

PARTAGER :                          

Après avoir été réélu dans un contexte socio-politique difficile avec la « question » du pétrole et l’aile armée de son opposition dans le rôle de détonateurs, le président tchadien s’en va à nouveau en guerre, contre des sociétés exploitant l’or noir dans son pays (Petronas et Chevron) prouvant au passage qu’il est résolu à revoir les contrats léonins qui régissent l’exploitation de l’or noir au Tchad.

On a beau ne pas aimer DEBY pour des raisons « démocratiques » (pour beaucoup, il n’aurait pas dû réviser la constitution pour briguer un troisième mandat) qu’on ne saurait condamner le combat qu’il livre actuellement aux sociétés pétrolières Petronas et Chevron, sur fond de redistribution des revenus de l’or noir.

Le président tchadien a « décrété » la fermeture desdites sociétés « jusqu’à nouvel ordre » au motif qu’elles ne s’acquittaient pas de leurs impôts et taxes diverses. Une décision qui selon le chef de l’Etat tchadien, cause « un énorme préjudice à l’Etat », hypothéquant du coup l’ambitieux programme de lutte contre la pauvreté, mis sur pied par son gouvernement après la découverte de l’or noir.

Malgré la levée de boucliers suscitée par cette décision dans certains cercles du libéralisme « bien pensant », il faut reconnaître la justesse du combat actuel de DEBY et celui à venir (cette passe d’armes n’est qu’une escarmouche) qui va porter sur la révision des contrats régissant l’exploitation du pétrole tchadien. Sur le premier point, alors que les sociétés qui exploitent le pétrole tchadien ont engrangé un peu plus de 5 milliards de dollars américains en 2005, l’Etat tchadien n’aura récolté que 600 millions de dollars sur la même exploitation.

A l’origine de cette situation pour le moins critiquable, les fameux contrats d’exploitation suscités. Longtemps rangé dans la catégorie des pays pauvres très endettés, ne disposant d’aucun littoral, le Tchad s’est découvert une nouvelle vocation avec la découverte de l’or noir. Une « nouvelle » qui a aiguisé les appétits industriels, sociaux et économiques du pays et qui se révélera être un « pétard mouillé » une fois le premier baril tchadien mis sur le marché.

Pressés de jouir de la manne et surtout ne disposant d’aucun autre moyen, DEBY et son gouvernement avaient donc accepté les contrats que leur proposaient les sociétés occidentales mais surtout « l’injonction » faite par la Banque mondiale de réserver une partie de la manne au social. C’est ainsi que bon an mal an (que le cours du pétrole soit à la hausse ou à la baisse) le Tchad devait se contenter de 30 F CFA sur chaque baril produit tout le reste revenant à ses différents créanciers. Et, dans ces 30 F CFA, le tiers devait revenir donc aux secteurs sociaux (éducation, santé, etc.). A l’exercice, le gombo s’est révélé sec pour les Tchadiens et gluant pour ses créanciers, un cas de figure typique en Afrique Noire.

Avec l’irruption de la Chine sur le marché de l’or noir et la raréfaction du produit, le Tchad trouve une occasion idoine de renverser la donne, sans craindre les mesures de rétorsions occidentales. Lesquelles se résument à la cessation de l’exploitation du pétrole, ce qui dans l’occurrence sus-décrite, constituerait du pain béni pour la Chine qui sauterait sur le morceau.

DEBY comme les Occidentaux le savent et le vainqueur du bras de fer sera celui des deux qui se révélera habile manœuvrier. Si les deux facteurs suscités constituent en effet des handicaps pour l’Occident, sa capacité de nuisance est un atout non-négligeable qui pourrait peser dans la balance. Pour quelques dollars de plus ou de moins, on a en effet vu les officines politico-financières occidentales orchestrer des coups d’Etat contre les empêcheurs d’exploiter en rond.

Du reste, même si le déficit démocratique explique qu’une partie de l’opposition tchadienne ait pris les armes, les « injonctions »de certains pétroliers ne sont pas étrangers à cette situation. La guerre du pétrole » a donc commencé au Tchad et, à l’instar des autres pays africains qui ont vécu la même situation avec plus ou moins de bonheur, l’exemple du pays prouve que la « malédiction congénitale » a la vie dure.

L’Opinion

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique