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Affaire Norbert Zongo Faut-il blâmer la Justice ?

Publié le jeudi 31 août 2006 à 08h23min

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Faut-il blâmer la Justice burkinabè parce qu’elle n’aurait pas jusqu’à présent identifié formellement et coincé les coupables de l’assassinat de Norbert ZONGO et ses 3 compagnons d’infortune du 13 décembre 1998 ? C’est apparemment plus que toutes les autres, la question qui de plus en plus s’impose dans cette affaire.

Et chacun d’y apporter sa ou ses réponses avec la conviction qui va avec.
Tout naturellement il y a ceux qui tranchent dans le vif pour condamner la Justice sans réminiscence. Ne suivez pas mon regard.

Leurs arguments sont aussi simples et « convaincants » que la CEI a déjà identifié des suspects sérieux, les mobiles du crime seraient connus, au XXIe siècle il serait parfaitement inadmissible qu’un tel crime ne soit pas résolu après 8 années d’investigations etc. Pour eux, en réalité la Justice ne veut pas trouver les coupables !

En partant de ce pôle de convaincus on traverse une vaste zone d’adeptes de réponses de Normands qui vous jettent pleins d’arguments pour dire qu’ils ne sont ni pour, ni contre un éventuel blâme et que la vérité à leur sens se situerait entre les deux. Bien sûr en les écoutant on fait comme la mémoire, on prend ce qu’on veut entendre et on se laisse traverser par tous les autres. A ce jeu bien malin, qui pourrait s’en sortir.

De l’autre côté du gué se trouvent ceux qui soutiennent avec forces arguments que le Burkina Faso n’a pas à rougir de sa Justice et qu’il faudrait tout au contraire la féliciter pour sa sérénité ou à tout le moins, l’encourager et travailler davantage pour l’aider non seulement à élucider cette affaire, mais à affirmer davantage son indépendance et son efficacité. N’est-il pas dit que chaque pays a la Justice qu’il mérite ?

Comparaison n’est certes pas raison dit-on, mais à jeter un coup d’œil furtif dans les placards « judiciaires », même dans les pays assurément développés (en économie comme en démocratie), on se rend compte que des cas de la même nature que l’affaire Norbert ZONGO s’entassent sur les étagères. Et pourtant il s’en trouve dans ces pays pour nous donner des leçons.

Hypocrisie ou simplement sommes-nous de petits imbéciles (dans le sens étymologique du terme) pour gober leurs propos et hurler à l’unisson que notre pays est l’enfer sur la terre, l’épicentre de l’impunité... ?
Comme pour faire mentir toutes ces « âmes sensibles », et leur rabattre le caquet, l’actualité exhume ici et là en Europe comme en Amérique des faits restés irrésolus depuis de nombreuses années ou des cas où la pression de l’opinion publique a poussé à des erreurs judiciaires monstrueuses.

Pêle-mêle on peut citer l’affaire Natasha KAMPUSCH, cette fillette enlevée et détenue pendant 8 ans dans la banlieue de Viennes et que toutes les forces de police n’ont pas réussi à délivrer pendant tout ce temps ; l’affaire d’Outreau dans laquelle le juge BURGAUD se retrouve accusé de faute professionnelle pour avoir par excès de zèle fait envoyer derrière les barreaux pendant des années d’innocents citoyens accusés à tort de pédophilie ; l’affaire Stacy et Nathalie deux mineures récemment assassinées ; et que dire de cette affaire d’assassinat d’une mini-miss qui est à son énième rebondissement après dix ans de yoyo entre les mains de la plus puissante des polices du monde, celle des USA, etc.

En réalité, ceux-là qui jettent la pierre à notre justice sont loin d’être aussi naïfs qu’ils ne paraissent. Pour tout dire ces messieurs et dames refusent leur propre impuissance : celle d’apporter les preuves de leurs accusations, alors même qu’ils se disent maîtres du pays s’ils ne sont pas les investigateurs les plus perspicaces de la planète.

L’Opinion

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