L’organe de régulation de la presse congolaise, la Haute autorité des médias (HAM) a de la peine à réprimer. Des médias qui incitent à la haine à travers des propos racistes, la désinformation. « Des médias appartiennent aux candidats qui s’ingèrent dans la ligne éditoriale », explique le président de la HAM, Modeste Mutinga. C’est particulièrement le cas du chef de l’Etat, Joseph Kabila. En effet, le chef de l’Etat finance la télévision Digital Congo.

Quant à son adversaire, le vice-président Jean-Pierre Bemba, il est propriétaire de Canal Kin et de Canal Congo Télévision (CCTV). Influencées par leurs propriétaires, ces chaînes de télévision véhiculent des discours de discriminations raciales et tribales. Des propos capables de replonger le pays dans la guerre civile alors qu’il se remet à peine de cinq années d’instabilité.

Au vu de la responsabilité des médias dans le génocide rwandais, M. Mutinga appelle les siens à la prudence. On se souvient que la radiotélévision des « Milles collines » avait lancé des appels au meurtre des Tutsi pendant le génocide de 1994 au Rwanda. En RD-Congo, les médias des camps Kabila et Bemba ont annoncé de faux résultats. Donnant chacun vainqueur au premier tour en fonction de leur inclinaison.

Des partisans de l’ex-rebelle Jean-Pierre Bemba ont appelé sur CCTN à s’en prendre physiquement au président de la commission électorale, Appolinaire Malu Malu. Ils sont par ailleurs remis en cause la nationalité congolaise de M. Kabila.

Ce à quoi Digital Congo a répliqué en mettant en doute les origines ancestrales de M. Bemba. En outre, la chaîne publique, la Radiotélévision nationale congolaise (RTNC) a passé les images d’un meeting de Bemba lors duquel un policier a été lapidé par la foule. Les médias sont tenus pour responsables des affrontements du 20 au 22 août à Kinshassa entre les gardes présidentiels et les militaires de Bemba.

Ces affrontements ont fait au moins 23 morts. Les dérives médiatiques ont été dénoncées par Reporters sans frontières qui a demandé à Kabila et à Bemba de « faire taire les médias de la haine qu’ils entretiennent ».Dans cette affreuse atmosphère, la HAM tente de faire son travail.

Elle a suspendu des chaînes accusées « d’incitations à la violence », et a demandé l’interdiction des émissions politiques.

Samedi, la Haute autorité des médias a obtenu un engagement écrit des principales chaînes de télévision dont CCTN, Digital Congo et la RTNC, à respecter les règles déontologiques, journalistiques. Même si le directeur général de Digital Congo Frédéric Kitengie regrette que la faute de quelques uns entraîne des mesures générales. Un conseiller de la HAM, Kambalé Juakali ne croit pas au respect de cet engagement par les médias. Il affirme que les journalistes sont « partagés » entre la pauvreté et l’éthique et ils sacrifient l’éthique ». Ventre, quand tu nous tiens ! Nous espérons que les journalistes congolais ne donneront pas raison à Kambalé Juakali.

Noëlle Octavie

Sidwaya