LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Nous sommes lents à croire ce qui fait mаl à сrοirе. ” Ovide

Géopolitique : Le Proche-Orient et l’avenir du monde

Publié le samedi 26 août 2006 à 09h25min

PARTAGER :                          

Sur le plan géographique, le Proche-Orient est une zone allant de l’Egypte à l’Iran en passant par la péninsule Arabique et à laquelle il faut inclure le Soudan au sud, la Libye à l’ouest et le Pakistan à l’est.

Dans tous les cas, on voit d’emblée qu’il s’agit de pays et de régions disparates dont les quelques liens communs sont l’islam et le pétrole et où dominent les pays dits arabes.

Une autre caractéristique du Proche-Orient qu’il faut nécessairement souligner est son importance stratégique permanente à travers les âges et ce d’Alexandre le Grand à la route de la Soie de l’Arabie heureuse jusqu’aux pétroliers géants de notre époque.

Tout eut été pour le mieux dans le meilleur des mondes si à présent les enjeux religieux, pétroliers, géostratégiques et militaires que représente cette région ne constituaient pas une menace directe pour tout le reste du monde à cause des nouvelles technologies de l’information et de la communication.

Avant, l’information voyageait à dos de chameaux puis de bouche-à-oreille, ce que les Français traduiront bien à propos par "téléphone arabe". De nos jours, les technologies de l’information et de la communication permettent d’informer des millions de personnes de manière quasi instantanée. Les implications de cette globalisation peuvent parfois être inattendues. On se rappelle le tollé soulevé par les caricatures parues dans un journal danois dont l’audience se limite au seul royaume du Danemark puisqu’imprimé en Danois. Soulèvements populaires, incendies de représentations diplomatiques, appels au meurtre, fatwas et protestations de toutes sortes se sont abattus sur ce petit pays dont on peut même dire qu’il est l’un des plus convivial d’Europe.

C’était à croire que ces dessins s’attaquaient à la liberté de croire au prophète et de pratiquer sa religion. Même si le principal argument avancé pour justifier cette fronde est que l’islam interdit toute représentation du prophète, comment peut-on alors l’imposer à l’autre, à celui qui ne partage ni les mêmes valeurs ni les mêmes croyances ?

Au nom de quel principe peut-on transformer un relativisme culturel en norme universelle dans un monde qui se caractérise précisément par la diversité des dogmes et des religions ?

Cette forme d’intransigeance qui engendre et entretient la haine et que tour à tour on nomme fondamentalisme ou intégrisme pousse à des extrêmes le plus souvent meurtriers qu’on appelle alors terrorisme. Grâce aux technologies de l’information et de la communication, les causes du terrorisme sont à présent nombreuses et ne puisent plus leur manifestation dans le seul fait religieux, mais naissent aussi de la simple comparaison de sa situation d’avec celle d’autrui.

Proche-Orient un acteur incontournable dans le devenir du monde

Si par exemple pour les Pays-Bas, les liaisons homosexuelles sont légales, comment prévoir la réaction d’un Saoudien face à la manifestation d’un tel phénomène ? Terre de guerre, terre de foi mais surtout haut lieu de l’histoire de l’humanité, le Proche-Orient détient à présent des moyens de pression (pétrole) et d’expression (terrorisme) grâce auxquels son empreinte sur le devenir de l’humanité est inévitable.

Conscients du phénomène, 57 chefs d’Etat, musulmans se sont réunis en décembre 2005 avec une idée en tête, mettre fin au chaos.

Leur religion, sereine depuis des siècles s’est muée depuis vingt-cinq ans en un fanatisme sanguinaire. Pas question pour les 57 de se noyer dans des analyses psychosociologiques ; la maladie, ils l’ont diagnostiquée et ils sont là pour la guérir.

Le roi Abdallah Ben

Abdelaziz d’Arabie Saoudite a bien fait les choses. Pour marquer du sceau du sacré les engagements de chacun, il a réuni tout ce beau monde autour de la Kaaba, le lieu saint des saints de l’islam.

Objectifs affichés : combattre le jihadisme, réécrire les manuels scolaires, proscrire les fatwas, appelant au meurtre, écarter les prêcheurs de la sédition qui défigurent les principes pacifiques d’un islam tolérant qui a toujours vécu en bonne entente avec tous les peuples, sans oublier une lutte implacable contre le terrorisme.

Chacun de retour chez lui, devait mettre en œuvre ces préceptes mais, c’était sans compter avec l’empêcheur de tourner en rond qui, pour cette circonstance, se révèlera être Mahmond Ahamdinejad, le nouveau président iranien. Combattre le jihadisme ? Trahison répliquera-t-il avant de claquer la porte et se précipiter sur les caméras pour y aller de propos incendiaires.

"Nous devons rayer Israël de la carte. Les Etats-Unis et l’Europe ont créé un mythe ; ils l’appellent le massacre des Juifs. Ils prétendent que six (06) millions de Juifs ont été exterminés. La preuve, vous l’ignorez peut-être, mais les recherches sur le prétendu holocauste sont prohibées en Occident. Les historiens qui s’y hasardent sont tous en prison.

Cependant, prenons-les au mot. Ils assurent que six (06) millions de Juifs ont été tués. Admettons. Mais qui les auraient assassinés ? Pas les musulmans... ". Ces déclarations passeront en boucle dans tout le monde musulman. Inutile de dire que les tièdes résolutions des 57 chefs d’Etat n’éveillent pas le moindre commentaire. La situation restera donc en l’état.

Le rôle que le Proche-Orient est appelé à jouer dans le devenir du monde n’est pas difficile à deviner. Il appartient aux Etats-Unis qui malgré leur puissance ont toujours fait preuve de sagesse de prendre la juste mesure des choses et d’"inviter" les uns et les autres à privilégier un monde de paix et de concorde.

Luc NANA

L’Hebdo

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 28 août 2006 à 12:07, par N. Ouedraogo En réponse à : > Géopolitique : Le Proche-Orient et l’avenir du monde

    "Au nom de quel principe peut-on transformer un relativisme culturel en norme universelle dans un monde qui se caractérise précisément par la diversité des dogmes et des religions ?"
    De quel monde parle ce journaliste ? Car le monde de selon Bush (qui cite Dieu-chrétien- dans chacun de ses discours sur la politique étrangère US, qui dit des "ce qui ne sont pas avec nous sont contre nous", etc.) est bien un monde uniformisé à l’image des USA. La globalisation montre tous les jours cette volonté de planifier ces diversités et réduire les irréductibles à l’asservissement (en taxant tous les "originaux" de terroristes). La réaction (car il s’agit bien d’une REaction et non d’une action) des états islamistes, bien qu’autoritaires et parfois tortionnaires (mais qu’en est-il de Guantanamo et d’Abu Grahib ?), est un contre poids à cette volonté d’imposition d’une idéologie. Cet article aurait été complet si une telle analyse "de mirroir" aurait été faite concernant la volonté d’hégémonie des USA et de la pensé unique du libéralisme.

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique