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Affaire Norbert Zongo : La polémique enfle...

Publié le lundi 21 août 2006 à 07h39min

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La longue absence, pour cause de maladie, de Halidou Ouédraogo, le président du Collectif contre l’impunité avait mis un certain bémol à la voix de celui-ci qui hausse le ton après le retour au bercail de son leader et le non-lieu prononcé en faveur de l’unique inculpé dans l’affaire Norbert Zongo. La colère semble s’être ravivée sur cet assassinat qui aura, considérablement, réduit une des valeurs du patrimoine culturel national : le respect de l’autre.

A l’époque, l’étonnement ne fut-il pas à son comble ? L’"opération" avait été montée sur le modèle des expéditions punitives orchestrées par la "mafia", du temps de la prohibition, en Amérique.

Si, pour certains, les réactions d’hostilité consécutives au non-lieu sont dictées par l’incompréhension des règles de droit, pour d’autres au contraire, au rang desquels nombre de sympathisants du Collectif, il semble se dérouler, ici, ce que Chamfort déclarait, à l’époque, à propos de son pays : "En France, on laisse au repos ceux qui mettent le feu et on persécute ceux qui sonnent le tocsin."

Un autre constat est que l’idée que l’on se fait, généralement, des journalistes sous les tropiques aura contribué à ce drame. En effet, certains hommes de pouvoir les considèrent - ou veulent les voir - comme des dauphins dressés à faire des tours et qui, sans broncher, doivent attendre qu’on leur jette des poissons. Hélas !
Pour leur part, les admirateurs du supplicié continuent de voir en cet acte l’image de cet homme, fusillé en France en 1944 et qui concluait, dans la dernière lettre qu’il adressa à son épouse : " Bonheur à ceux qui vont nous survivre et goûter la douceur de la liberté, de la paix de demain !" N’est-ce pas pour cela qu’il y en a qui n’ont pas hésité à parler de "crime contre la paix" ?

Selon un vieux proverbe chinois, "tuer un homme en épouvante dix mille". Dès lors, doit-on s’étonner de ce que, huit années après, l’assassinat de Norbert Zongo et ses trois compagnons suscite toujours autant d’émoi et d’inquiétudes ?

L’on imaginait, à peu prés, le résultat de l’appel interjeté par l’avocat de la famille ; de nombreuses hypothèses avaient été échafaudées à ce propos.
A présent, que va faire le Collectif ? Question d’autant plus capitale qu’il faudra bien, un jour, dire qui a dit de faire quoi ! Les fatalistes, eux, s’en remettent au destin, en plaignant toutefois ceux qui auront à vivre des chimères à la Macbeth
En plus d’autres dossiers sociaux ayant, eux aussi, toute leur importance, la rentrée politique ne s’annonce pas de tout repos, surtout que l’affaire Norbert Zongo vient, une fois de plus, de démontrer son caractère quasi international. En effet, l’Union européenne qui, rappelons-le, finance la réforme de la Justice au Faso, s’en inquiète.

Pour mémoire, nous rapportons le communiqué qu’elle a rendu public à ce propos :
"L’Union Européenne exprime sa préoccupation suite au dépôt au greffe de grande instance de Ouagadougou de l’affaire Norbert Zongo. L’Union Européenne estime que l’élucidation de l’assassinat du journaliste Norbert Zongo et de ceux qui l’accompagnaient le 13 décembre 1998 reste d’une importance fondamentale pour le respect des droits de l’homme et de l’Etat de droit au Burkina Faso.

Aussi, l’Union Européenne encourage-t-elle les autorités judiciaires à poursuivre vigoureusement l’instruction du dossier pour que justice puisse être rendue dans cette affaire. Elle lance également un appel au gouvernement du Burkina Faso pour faciliter toute activité des autorités judiciaires pour l’instruction du dossier et favoriser la manifestation de la vérité."

Qu’est-ce à dire, sinon constater l’inquiétude de ceux-là mêmes qui portent assistance au Faso afin de promouvoir la démocratie ? Ils ne cesseront guère d’en parler, jusqu’à la résolution de la question. Et plus l’on mettra du temps à le faire, plus sera lourd à porter ce boulet sanglant, générateur de méfiance, de suspicions diverses, voire de haines.

Prenant en compte toutes ces inquiétudes et impatience de l’opinion, la Commission nationale pour les droits humains a voulu apaiser les uns et les autres, en soulignant bien que "l’affaire" n’était pas "classée", volontairement remisée dans quelque tiroir secret, comme le pensent certains individus. Cependant, pour en reparler, il faudra des faits nouveaux. C’est là où la polémique trouve son terreau le plus propice à sa croissance. Après ce qui s’est passé, et pour nombre de Burkinabè, pourra-t-on jamais trouver de "témoin" "fiable", plutôt après le silence qui pourrait s’installer, durablement, dans cette affaire ?

L’homme de la rue, quant à lui, regrette seulement que l’histoire, par cet acte ignoble survenu à Sapouy, ait divisé les Burkinabè en trois catégories : les coupables et leurs complices ; ceux qui ne veulent pas se compromettre dans l’affaire sans se "salir" les mains ; ceux qui veulent savoir la vérité. Il semble toutefois que la patience devra accompagner le temps dans la quête de celle-là.
Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il faudra s’attendre à toutes sortes de manifestations dans cette volonté de savoir et de mettre un point final à l’impunité.

Déjà, la semaine dernière, des femmes, tout de noir vêtues, sont allées se recueillir sur la tombe de Norbert Zongo. Par ce geste, ces dames qui disent s’appeler "les femmes en noir" entendaient protester contre le non-lieu et l’impunité. On le voit, l’affaire est encore bien loin de connaître son épilogue

A. Pazoté

Journal du jeudi

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Vos commentaires

  • Le 21 août 2006 à 20:10 En réponse à : > Affaire Norbert Zongo : La polémique enfle...

    Vous Monsieur le journaliste, je regrette profondément que vous n’ayez pas de formation juridique conséquente. En journalisme, un module de droit devrait être obligatoire pour assimiler et retransmettre les tenants et les aboutissants d’une affaire.
    Alors l’affaire Norbert ZONGO est classée dans l’attente de charges nouvelles et ce, pendant 10 ans : un point, un trait. Le reste n’est que tergiversation inutile et vous avez le devoir de respecter ce fonctionnement institutionnel du code de procédure pénale burkinabè.
    Croyez-moi, je suis spécialisé en droit pénal et ce que je dis est constitutif de doctrine juridique. Interrogez poliment Me SANKARA qui va vous confirmer cette vérité juridique. Ange, France

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