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Lac de Kompienbiga : Les poissons s’en vont !

Publié le vendredi 18 août 2006 à 07h17min

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Seize (16) ans après sa mise en eau, le lac de Kompienbiga se meurt et les poissons avec. Plus de cinq cents (500) personnes vivant des revenus de la pêche voient leurs activités ainsi menacées...

On ne peut parler de poisson au Burkina Faso sans penser à la Kompienga. C’est dans cette province de la région de l’Est que se trouve le lac de Kompienbiga, situé à une quinzaine de kilomètres de Pama. Ce lac est l’une des principales sources de ravitaillement du pays en poisson. Des centaines de commerçants s’y rendent fréquemment, qui à la recherche de grosses carpes pour satisfaire l’appétit effréné des amateurs du poisson braisé de Ouagadougou, qui pour acheter le poisson fumé destiné à la consommation des ménages.

Et cela, grâce à une population très active qui a fait de la pêche, sa principale source de revenus. Les pêcheurs sont estimés à quatre cents (400) personnes. La plupart sont des Marka ou des Dioula, venus du Mali, des Hauts-Bassins et du Mouhoun, à la recherche du mieux-être. Le quartier Tounga de Kompiengiba qui signifie l’aventure en langue bambara, abrite le marché de poisson. C’est là que chaque matin les commerçants viennent chercher le poisson.

Là, le premier choix du poisson frais, se vend à 1250 F, le kilo. Le deuxième choix constitué de petits poissons, est vendu par les pêcheurs à leurs propres épouses ou aux autres femmes du village à trois cents (300) F, le kilo. Les femmes à leur tour, se chargent de les revendre ensuite à 750 F, le kilo. L’activité permet aux femmes de Kompienbiga, d’avoir un revenu mensuel allant de 12 500 F à 15 000 F CFA. Avec ces économies , Mme Salimata Ouattara dit épauler, de temps en temps son mari à assurer les besoins de la famille.

Le lac de Kompienbiga pour Salimata, représente toute sa vie. Cela fait déjà près de quinze (15) ans qu’elle et son époux ont quitté leur quartier natal de Dioulassoba dans la ville de Sya pour vivre à Kompienbiga. Depuis, beaucoup de changements se sont opérés dans la zone. Outre les pêcheurs, plusieurs autres personnes, essentiellement des agriculteurs et des éleveurs se sont installés autour du lac.

Toute chose qui pose un problème de gestion non seulement de l’environnement immédiat du lac mais aussi des hommes qui ont le plus souvent des intérêts divergeants. En effet, selon le responsable de l’Unité technique du périmètre aquacole d’intérêt économique de Kompienga, Yacouba Ouédraogo, les activités des différents acteurs vivant des ressources de la retenue d’eau, jouent sur son évolution d’ensemble et sur les phénomènes de recrutement.

Il s’agit surtout de l’utilisation de matériels prohibés par les pêcheurs eux-mêmes et de diverses pollutions occasionnées par les produits chimiques utilisés par les agriculteurs. Progressivement, le capital productif du lac en a pris un coup. D’un tonnage de près de 2000 tonnes l’année, le poisson fourni par le lac est estimé, de nos jours, à moins de 750 tonnes par an. C’est ainsi que, jour après jour, les pêcheurs ont vu leur revenu chuter de façon vertigineuse.

L’inquiétude se lit sur tous les visages aujourd’hui. Ils savent bien que si rien n’est fait d’ici à quelques années, il leur sera encore plus difficile de subvenir aux besoins de leurs familles. Yacouba Ouédraogo pense qu’il faut un sursaut national pour sauver l’ouvrage. « Il s’agit d’une richesse nationale qu’il faut à tout prix protéger », a-t-il déclaré. Le dernier mot revient donc à l’Etat qui doit délimiter un périmètre de protection du lac et résoudre l’insécurité foncière prévalant dans la zone.

Fatouma Sophie OUATTARA

Sidwaya

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