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Résolution des conflits en Afrique : Lever les obstacles à la médiation

Publié le lundi 14 août 2006 à 07h37min

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Ces dernières années, plus particulièrement depuis les années 1990, on assiste à une multiplication de foyers de tension, de conflits armés dans le monde. L’Afrique est également prise dans cette turbulence. Un Africain sur cinq (5) a vécu dans un pays qui a connu la guerre ou un conflit social avec des conséquences devastatrices pour plusieurs générations.

C’est, entre autres, ce qui contribue à donner une image sombre sinon négative au continent. Les afro-pessimistes, face à un tel « chaos », ne manquent pas dès lors, d’arguments pour soutenir leur position.

Le génocide rwandais en 1994 est l’expression achevée de la folie meurtrière des hommes. A des degrés divers, d’autres pays africains ont connu ou connaissent des drames : l’Angola, le Burundi, la République démocratique du Congo, la Guinée Bissau, le Liberia, le Congo, la Sierra Leone, la Somalie, le Soudan, le Tchad, la Côte d’Ivoire et le Togo.

Les conflits entre Etats comme ceux qui ont opposé en 1974 le Burkina Faso (la Haute-Volta à l’époque) au Mali ou actuellement le Cameroun au Nigeria pour des questions de frontières ne sont pas les plus nombreux. En revanche, les conflits intérieurs sont de loin, en nombre élevé avec pour effet, la mort d’innocentes personnes (pour la plupart des civils), l’apparition de réfugiés et de déplacés. D’ailleurs, l’Afrique, dans ce registre, tient le triste record.

Face à ce qu’il faut bien convenir d’appeler une catastrophe, les Africains ne pouvaient que prendre des initiatives pour éviter au continent le pire. D’où une politique de prévention et de gestion des conflits qui n’a pas, du moins jusque-là, donné la pleine mesure de sa capacité à résoudre efficacement la question, même s’il y a eu des cas réussis ou en passe de l’être comme en République démocratique du Congo et à un certain degré au Burundi et au Togo.

Pourquoi tant de difficultés à résoudre ces genres de questions ? La démarche idéale ici est fonction de la nature du conflit. C’est un truisme de soutenir qu’il est plus difficile d’éviter la guerre que de résoudre un conflit ou de bâtir la paix. De manière générale, le risque de guerre est plus élevé dans un pays où règnent la répression et l’absence de droits politiques.

Par contre, les Etats qui ont des institutions politiques de nature à intégrer les différences sociopolitiques, à élever les niveaux de vie économique et social des populations, réduisent, sinon écartent les risques de conflits. Les médiations africaines (et elles sont de plus en plus nombreuses) ne peuvent ignorer ces éléments cités plus haut pour établir leurs feuilles de route.

L’actualité du sujet nous pousse à citer des cas de conflits « préoccupants », parce que « difficiles à résoudre » ou qui l’ont été autrement que par la négociation. Il a fallu en Angola, la mort « provoquée » de Jonas Savimbi, l’opposant à l’époque au pouvoir de Luanda, pour que la guerre civile prenne fin après vingt-cinq (25) ans de conflit armé.

Au Liberia, la communauté internationale, pour ne pas dire les Etats-Unis a dû contraindre Charles Taylor à la démission pour que ce pays emprunte enfin le chemin de la paix. La Côte d’Ivoire ne fait, elle, que s’enfoncer chaque jour dans « l’aventure » depuis le déclenchement en 2001 de la guerre civile. Et cela malgré les nombreuses médiateurs et le déploiement des forces armées internationales dans ce pays.

D’aucuns soutiennent que si nombre de conflits persistent sur le continent, c’est parce qu’entre autres, les médiateurs ne sont pas à la hauteur ou manquent de crédibilité. La recherche du « leadership », les interventions intérieures et étrangères pour divers intérêts, notamment géostratégiques et économiques, expliqueraient, aux yeux de certains, toutes les difficultés des médiations.

De toutes façons, il faut bien que les protagonistes dans un conflit veuillent la paix, sachent « déposer » leurs intérêts égoïstes et œuvrer pour les intérêts de leurs peuples pour que la médiation réussisse. Sans ces préalables, aucune médiation ne peut aboutir, quelle que soit la qualité ou la personnalité du médiateur. En tous les cas, plus que les interventions sous-régionales ou de la communauté internationale, la bonne gouvernance reste le meilleur remède à la destabilitation et aux conflits divers.

Par Bessia BABOUE

Sidwaya

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