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Terrorisme international : l’humanité sur une poudrière

Publié le jeudi 18 mars 2004 à 11h07min

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"La communauté internationale doit se rassembler pour lutter
contre le terrorisme de toutes ses forces et sans relâche. (...).
Mais soyons lucides. Nous devons (...) nous rassembler pour
mettre un terme aux conflits qui alimentent la colère et les
frustrations des peuples. (...)

Face au terrorisme, nous devons
opposer force et détermination, mais nous devons aussi
affirmer dans le monde, les valeurs de respect et notamment
de respect de l’autre, de justice et de solidarité". Le président
français, Jacques Chirac, montre ainsi la voie à suivre, pour
venir à bout du fléau.

En soit, ce n’est pas une trouvaille,
puisqu’il est évident que le mal ne sera pas vaincu par la force
des armes, mais plutôt par le redressement de tous les torts en
luttant contre les racines du mal. Des racines qui ont pour
noms, comme l’indique Jacques Chirac lui-même, misère,
humiliation et injustice.

Par ailleurs, le président burkinabè
Blaise Compaoré avait, en d’autres termes, déclaré lors de la
dernière conférence mondiale des parlementaires, tenue à
Ouagadougou, que le terrorisme se nourrissait des injustices
constatées à l’’échelle planétaire. En tout état de cause, en
affirmant tout haut une vérité que certains puissants de ce
monde se refusent de voir en face, Jacques Chirac pose là un
acte courageux.

Ainsi donc, la France de la Révolution de 1789 et de la
Déclaration universelle des droits de l’homme, la France très
soucieuse et respectueuse des principes de liberté, d’égalité et
de fraternité, s’illustre une fois de plus, dans son plaidoyer pour
une humanité plus juste. Mais, dans les faits, n’est-ce pas
encore une opération de charme, comme sait si bien le faire le
président français ?

Nul n’ignore en effet que lors des grands
rendez-vous des plus puissants dirigeants de la planète, où
l’occasion est donnée d’aborder les problèmes des Etats
"faibles" qui ne pèsent pas lourd sur l’échiquier international,
Jacques Chirac est le premier à plaider pour un monde plus
juste. Mais, fait regrettable : ses propos ne se traduisent pas
toujours en actes concrets.

Autant dire qu’il n’est pas toujours
allé au bout de sa logique. Comme si, parfois, ses promesses
n’ engagent que ceux qui y croient. Incontestablement, le
président français a parfois déçu les assoiffés de justice, déçu
ceux qui espéraient qu’il les soulagerait de leur lourd fardeau.
Tout récemment, après s’être farouchement opposé à une
guerre préventive contre l’ Irak sans l’aval de l’ONU,
n’a-t-il pas viré sa cuti, au grand étonnement du monde, dès
lors qu’il s’agissait de partager le gâteau irakien ? A peine la
victoire de la coalition américano-britannique était-elle
proclamée qu’il n’avait pas hésité à édulcorer le ton avec George
Bush pour espérer être invité à la table des nombreux marchés
de reconstruction de l’Irak. Un acte que d’aucuns ont qualifié
d’indécent.

En tout cas, Jacques Chirac a donné, dans
certaines circonstances, l’impression de faire de la
récupération politique. Certes, cela peut paraître de bonne
guerre, si l’on considère que la realpolitik a ses lois. Car non
seulement chaque Etat doit se soucier de ses intérêts, mais
bien plus, il s’est agi parfois pour Chirac, d’éviter d’être
totalement isolé vis-à-vis de ses puissants pairs. Mais
avouons que, ne pas respecter ses engagements peut, à la
longue, nuire à son image de président. Celui qui a été qualifié
par les Français de super répétiteur de contre-vérités a-t-il tiré
leçon de ses errements ?

Il n’a pas épargné l’Afrique de ses
bourdes en annonçant la victoire d’un président africain, alors
que les résultats des élections présidentielles n’avaient pas
encore été proclamés officiellement. Il s’est parfois éloigné des
rivages de sa propre logique quand il a soutenu et continue de
soutenir des dictatures en Afrique, alors qu’il est prompt à
affirmer que la France est attachée à certaines valeurs comme
la démocratie et l’Etat de droit.

Bref, le fait que ses propos ne
collent pas toujours avec ses actes, enlève du crédit au
personnage.
Cépendant, le président français a au moins le mérite de son
courage. Car si ses pairs des pays industrialisés tenaient le
même discours, par rapport aux remèdes contre le terrorisme,
nul doute qu’il y aurait une avancée significative dans la lutte.

Mais quoi qu’on dise, le terrorisme n’aurait pas eu autant de
force et de cruauté si le droit international n’avait pas été piétiné
par Bush. A cause de la crise irakienne et de l’indifférence
mondiale face aux souffrances du peuple palestinien, etc., ce
mal a été attisé à tel point qu’il est devenu une menace
mondiale.

Mais Israël est-il moins terroriste que l’Irak de Saddam
Hussein ? L’Amérique est-elle moins criminelle quand elle
apporte sa caution inconditionnelle à Israël, malgré ses
nombreux charniers et ses innombrables atteintes aux droits de
l’homme ? Nous assistons vraisemblablement à un choc des
civilisations où, assurément, les dominés rendent le mal par le
mal. Et tant que les Etats dominants n’auront pas le courage de
reconnaître leurs torts, de donner une définition juste, honnête et
claire du terrorisme, ils seront le théâtre d’actes terroristes.

Le
dernier en date, toujours présent à l’esprit, a été l’attentat de
Madrid qui a fait 200 morts et près de 1500 blessés le 11 mars
dernier. A eux d’y réfléchir pour qu’enfin, l’humanité ne soit plus
assise sur une poudrière.

Le Pays

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