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Crise ivoirienne : Il faut appeler Blaise Compaoré

Publié le mercredi 9 août 2006 à 08h00min

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Très cher oncle,

Je ne t’apprends rien en te disant que chaque fois qu’une conversation s’engage entre des personnes, le souvenir de la mort vient leur rappeler qu’elles sont mortelles. Permets-moi donc de commencer ma lettre par une triste nouvelle.

Il s’agit du décès du père de Thomas Sankara, le 4 août dernier, à l’âge de 87 ans. Simple hasard, simple rencontre de l’histoire ou message de Dieu ? Toujours est-il que beaucoup de gens font un rapprochement entre le 4 août, jour où Thomas Sankara et ses compagnons s’emparèrent du pouvoir, et le jour du décès de son père.

De même, la disparition du vieux Sankara à 87 ans rappelle le 15 octobre 1987, jour où le président du CNR trouva la mort. Laissons à ceux qui, à travers les âges, ont appris à interpréter certains faits de la vie nous dire ce que tout cela représente comme signes. En attendant, de sources proches de la famille, le vieux Sankara sera inhumé jeudi prochain à son domicile.

Tu sais qu’on n’enterre pas les personnes d’un âge avancé de manière expéditive. D’ailleurs, on dit que de telles personnes ne sont pas mortes, mais simplement parties. On prépare méticuleusement donc ce départ. Pour ce qui est de ce cas, on a appris que certains membres de la famille étant à l’extérieur, on attend leur arrivée pour procéder à l’inhumation. Tu sais que sa belle-fille, Mariam Sankara, et ses deux enfants résident en France depuis le décès de Thomas Sankara. Les gens se demandent d’ailleurs si elle va venir.

Mais la grande question demeure celle de savoir si Blaise Compaoré ira s’incliner devant la dépouille mortelle de celui qui fut aussi son père, ou bien s’il va envoyer des gens le représenter. En attendant, en dehors des hommes politiques qui se réclament de Thomas Sankara, des officiels ont été présenter leurs condoléances à la famille éplorée. Comme on le dit, la mort, c’est la ration de Dieu, et chacun, à son tour, est appelé à être sollicité pour donner sa part.

Sache aussi, cher oncle, que le président du MBDHP (Mouvement burkinabè des droits de l’homme et des peuples) est de retour suite à une évacuation sanitaire sur la France. Manifestement, l’intéressé a été sérieusement secoué. Dieu merci, il est en train de récupérer. Ce qui l’a touché, ce sont les marques d’amour et de solidarité manifestées à son endroit par tant de Burkinabè, toutes obédiences politiques confondues. Comme quoi, au-delà de nos différences, à la limite parfois de l’affrontement, les hommes savent abandonner leurs mésententes aux vestiaires pour se consacrer à l’amour du prochain.

Cher oncle, tu as dû apprendre que Blaise Compaoré a été désigné par les responsables politiques togolais (pouvoir et opposition) pour arbitrer leurs différends. Réussira-t-il ? C’est la question que l’on se pose ici. Toujours est-il que, de plus en plus, la tendance à emprunter la voie africaine pour le règlement des conflits sur le continent est en train de faire recette.

Ce fut le cas, par exemple, de l’Algérie, qui a réussi à réconcilier le gouvernement malien et les Touaregs. L’on se demande, d’ailleurs, si l’Afrique n’aurait pas intérêt à revenir à l’arbre à palabres, cette forme bien élaborée de justice dont l’impartialité ne souffrait d’aucune contestation. Le recours systématique à des médiateurs, étrangers aux réalités africaines, a prouvé ses limites, et surtout ses inconvénients en ce sens que ces messies venus de l’extérieur ont souvent des arrière-pensées marquées du sceau des intérêts des pays dont ils sont originaires.

Très cher oncle, après les élections présidentielle et municipales, la tension politique a cédé la place à une sorte d’accalmie. Mais voilà qu’un groupe parlementaire de la mouvance présidentielle, la Convention des forces républicaines (CFR), vient de jeter un pavé dans la mare en demandant que la Commission électorale nationale indépendante (CENI) soit placée sous tutelle du ministère de l’Administration territoriale. Que ce soit à son initiative personnelle ou simplement par obéissance aux ordres de son maître, il faut dire que pour un ballon de sonde, c’en fut un.

L’opposition, qui semblait être au tapis après les différents scrutins, s’est réveillée. Même si sa colère n’a pas dépassé les habituelles dénonciations verbales. Mais il faut reconnaître qu’elle n’a pas totalement tort. On ne peut pas vouloir une chose et son contraire. La mise en place d’une CENI a été un accouchement difficile. Faut-il déjà jeter le bébé (né par césarienne) avec l’eau du bain ?

En fait, ce ne sont pas souvent les textes qui sont mauvais, mais plutôt les hommes chargés de les appliquer. En disant cela, je pense à la Côte d’Ivoire, un pays où, apparemment, aucun texte ne satisfait le pouvoir. Avant de terminer, je t’informe que les perspectives d’une bonne fin de saison pluvieuse sont réelles au grand déplaisir des spéculateurs et des affameurs.

Ton neveu

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 9 août 2006 à 12:00, par Dr Kabore ( Washington DC US) En réponse à : > Crise ivoirienne : Il faut appeler Blaise Compaoré

    Chers freres ,
    continuez d’admirer votre propre nombril .Un jour , vous serez surpris face a la realite.
    Que Dieu vous garde.

  • Le 9 août 2006 à 14:12 En réponse à : > Crise ivoirienne : Il faut appeler Blaise Compaoré

    Etre pyromane, c’est aussi simple que dire bonjour en chinois,... hîn-hôn. Mais être pompier, c’est tout un processus.

  • Le 19 août 2006 à 16:28, par travelmate En réponse à : > Crise ivoirienne : Il faut appeler Blaise Compaoré

    J’aime bien quand on dit qu’aucun texte ne satisfait le pouvoir ivoirien !
    Continuez à faire du nombrilisme. On écrit à son oncle même à travers des journaux. L’oncle est inaccessible ?? Ce n’est pas en Cote d’ivoire que l’on verrait cela :) :).

    Cher, enfin cher c’est mal placé après ce que j’ai lu, MON cher neveu, un jour je t’inviterai à la maison pour manger kabato. Sans faute, tu peux compter sur moi.

    Gro bisou

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