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On plante des arbres et le désert avance

Publié le lundi 7 août 2006 à 07h22min

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La campagne de reboisement 2006/2007 a été lancée le 16 juin 2006 à Nobéré dans le Zoundwéogo. Dès lors, un peu partout au Burkina Faso, c’est le branle-bas avec les membres du gouvernement et de l’Assemblée nationale en tête.

On plante des arbres. On assiste aux multiples initiatives des associations des ressortissants de..., l’Amicale des élèves et étudiants de..., tous déterminés à lutter contre le désert en plantant massivement des arbres.

Ainsi, l’on entend par-ci, par-là, « cette année, nous avons décidé de mettre en terre 1000, 2000, 3000..., manguiers, acacias, eucalyptus ». Ces initiatives sont louables. Sur cent plants mis en terre, même si dix survivent, cela participe à la protection de l’environnement et à la lutte contre l’avancée du désert.

Au regard de la noblesse que recouvre la plantation d’un arbre, il serait souhaitable d’éviter de transformer l’activité en un fonds de commerce et les camps de reboisement en foires où l’on va se pavaner en se distrayant. En effet, par ces temps qui courent, il n’est pas surprenant de voir des associations, groupements ou organisations monter des projets déséquilibrés mettant en exergue l’activité de reboisement afin d’accéder à des financements.

Le plus souvent, une fois les fonds acquis, s’ils ne sont pas utilisés autrement, sans aucune préparation et aucun moyen de suivi d’un plant, on s’embarque et en direction la campagne. Après avoir planté l’arbre, c’est le sauve-qui-peut ; ceux qui ont planté disparaissent et à l’arbre de se chercher. Dans ces conditions, il n’est pas étonnant de voir les mêmes individus ou d’autres sur les mêmes terrains qui ont été des chantiers de reboisement trois à quatre années successivement.

De fait, c’est comme si chaque année, un arbre était planté dans le même trou. Alors, à chaque campagne, on plante des arbres au cours de cérémonies fort médiatisées et pourtant, le désert ne fait qu’avancer à grands pas au Burkina. Nous croyons qu’il est temps de mettre de l’ordre dans l’activité. Il est vraiment bon de se soucier de l’environnement, mais n’importe qui ne devrait plus se lever et aller planter un arbre parce qu’il s’agit d’un phénomène à la mode.

Et pour cela, le ministère de l’Environnement et du Cadre de vie devra jouer un rôle de contrôleur et de régulateur. Pour commencer, toute association préoccupée par l’environnement devrait, par exemple, déposer sa demande au ministère de tutelle.

Celui-ci, avec des critères clairs comme par exemple la motivation de l’association ou de l’organisation, ses moyens techniques et financiers, ses capacités de suivi des arbres plantés..., autorisera à ceux qui sont aptes à mener l’activité à le faire. Ce qui permettra un suivi et une évaluation de la plantation des arbres, de savoir en une campagne de reboisement, combien de plants ont été mis en terre, combien ont survécu et quelle est la situation exacte.

Sinon, ce sera chaque année le retour à la case de départ, on a l’impression de planter, pourtant c’est un arbre à chaque campagne dans le même trou. Ne soyons pas étonnés alors, si nos forêts disparaissent sous nos yeux. Il suffit juste d’arrêter ce qui est de l’ordre du « folklore » dans cette dynamique et de prendre conscience du phénomène.

Ali TRAORE (traore_ali2002@yahoo.fr)

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 7 août 2006 à 14:05, par Abraham En réponse à : > On plante des arbres et le désert avance

    Monsieur Traoré, vous touchez là un délicat sujet d’actualité dans nos pays.
    Si le point de vue que vous défendez est louable et juste, il reste que vos connaissances dans le domaine sont... lacunaires. Alors, soyons moins offensifs et plus constructifs.

    Il n’y a pas de "désert" de sable (je suppose que c’est de cela que vous parlez) au Burkina. D’autre part, le désert en tant que tel, n’avance pas. Le mécanisme de la sahélinisation/désertification est beaucoup plus complexe qu’il ne paraît.

    [Une thèse de doctorat a été soutenue par un burkinabé en mars 2002 à l’université Paris1-Panthéon-Sorbonne. Elle traite aussi du sujet en question, dans le Sahel burkinabé.]

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