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Dialogue inter-Togolais : N’est pas médiateur qui veut

Publié le samedi 5 août 2006 à 08h27min

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Mission difficile mais pas impossible pour l’enfant terrible de Ziniaré au Togo. Blaise Compaoré a été désigné comme facilitateur dans cette crise qui oppose les frères togolais. Comment renouer les fils du dialogue entre un pouvoir qui ne veut pas perdre son héritage et des opposants déçus et révoltés ?

Blaise Compaoré, doyen des chefs d’Etat de la sous-région, homme d’expérience pour avoir plusieurs fois contribué à éteindre le feu dans d’autres conflits, est un président respecté et considéré.

Il sait assurer la stabilité et le progrès économique à son pays. Il pourra user de son poids pour convaincre les protagonistes de la crise togolaise.

Sous l’impulsion du modèle américain, l’attrait qu’exerce l’idéal démocratique s’est peu à peu développé au cours du XIXe siècle, puis a connu un déclin après la première guerre mondiale sous les coups de boutoir de nouvelles vagues philosophiques. Aujourd’hui après un détour de 80 ans, la démocratie semble avoir séduit, une fois encore l’imagination des intellectuels, des étudiants, des ouvriers et même des paysans dans le monde entier.

Pourtant, en dépit du déferlement récent de la vague démocratique au Togo, de nombreux dérapages semblent ponctuer chaque jour cette jeune démocratie qui laisse subsister beaucoup de doute quant à son avenir si un antidote puissant ne lui est administré à temps. Cette crise que traverse le Togo dure depuis maintenant plusieurs années. Elle a pris racine sous le règne du général Eyadema, au cours duquel plusieurs maux ont entraîné l’exode de bon nombre de Togolais. L’entente cordiale qui caractérisait jadis les relations entre Ewé des plateaux et les Kabiès dans cette région va se muer en jalousie, les autres autochtones n’appréciant pas tellement la façon dont les Kabyès s’enrichissaient.

Un tribalisme fondé sur la haine et la division enclenche l’exode.

Ce qui divise les tribus, les familles et les peuples, ce sont toujours les intérêts personnels et les spoliations, le bafouement des droits des uns et des autres.

Expulsion par-ci, humiliation, tortures, tueries, massacres systématiques et sans pitié de familles entières, rançonnages, pillages par là ; récoltes brûlées, maisons saccagées et bétail tué, tel a été le lot quotidien de malheurs que le couple démocratie et droit de l’Homme a servi à des frères togolais.

Depuis plusieurs années des tentatives de réconciliation ont été faites, mais cela n’avait pas arrêté la violence.

Les pouvoirs immenses que s’était attribués le général Eyadema et que d’ailleurs aucune portion réellement représentative du peuple togolais ne lui contestait en son temps étaient justifiés par le fait que seul un pouvoir central fort et non concurrencé pouvait permettre de briser ici et là toute tentative de s’opposer.

Eyadema décédé Faure Gnassigbé ne semble pas suivre les pas de son père. Depuis son accession au pouvoir après l’élection émaillée de violences et de contestations, Faure multiplie les gestes de compromis : formation d’un gouvernement de 33 membres dont 13 issus de l’opposition, mise en place de commissions sur les violations des droits de l’Homme et sur la réconciliation nationale et ouverture d’un dialogue inter-togolais.

Le désir de parvenir à la paix avait conduit les acteurs de la crise à signer à Ouagadougou en 1993 sous les auspices du président Blaise Compaoré, plusieurs accords qui ont connu des difficultés dans leur application.

Le 21 avril 2006 à la réouverture du dialogue qui s’était interrompu, les Togolais avaient réussi à se mettre d’accord sur certains accords de base le 6 juillet, même si deux partis, notamment l’UFC de Gilchrist Olympio et le CDPA de Léopold Gnininvi ont refusé de le signer, certains points querellés étant la composition de la CENI, le mode de scrutin et les conditions d’éligibilité à la présidence.

Les acteurs ont décidé de choisir un facilitateur parmi dix personnalités. Et c’est le président du Faso, Blaise Compaoré, qui a été désigné. Blaise Compaoré, un homme de talent, d’expérience et de paix.

Plusieurs fois sollicité dans la résolution de la crise togolaise, Blaise Compaoré connaît très bien le problème togolais. L’homme en lui-même est reconnu pour sa sagesse dans la gestion des conflits. Il a toujours géré les crises que ça soit de l’intérieur de son pays comme de l’extérieur avec la plus grande hauteur d’esprit.

Beaucoup de ceux qui le connaissent lui attribuent d’incontestables qualités de stratège. Il sait toujours trouver les meilleurs stratégies pour dénouer une crise. Il devra chercher des solutions aux points de désaccord entre l’opposition et le Rassemblement du peuple togolais (RPT, au pouvoir). Blaise Compaoré possède des atouts importants pour dénouer aujourd’hui la crise. Il a de très bonnes relations avec les différents acteurs de la crise et c’est un avantage pour lui.

Les acteurs togolais ont intérêt à aider ce facilitateur qu’ils ont ensemble choisi, car cette crise a trop duré. L’Union des forces de changement (UFC), principal parti d’opposition dirigée par Gilchrist Olympio, qui a demandé la reprise du dialogue, devrait aider le facilitateur dans sa tâche pour l’intérêt supérieur des Togolais.

Le 10 juillet dernier, un accord politique de base qui prévoit la recomposition de la Commission électorale nationale indépendante a été paraphé par sept des neuf délégations au dialogue. Ceux qui estiment que cet acte est une escroquerie politique doivent proposer des pistes de solutions pour qu’enfin le Togo puisse retrouver la paix définitive. En tout cas, bon vent à cette médiation.

Kibsa KARIM

L’Hebdo

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