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Mauritanie : Pourvu seulement qu’il tienne !

Publié le vendredi 4 août 2006 à 07h48min

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Ely Ould Mohamed Vall

Le dernier coup d’Etat en Afrique, sauf erreur, c’était en Mauritanie, où le régime du président Maaouilya Oul Taya est tombé. La nouvelle de sa chute avait même stupéfié plus d’un puisque l’ancien maître de Nouakchott donnait l’impression d’être un homme indéboulonnable.

Celui qui l’a chassé du pouvoir après 21 ans de règne, c’est l’un de ses proches, l’ex-colonel Ely Ould Mohamed Vall, alors qu’il revenait des obsèques du roi Fahd, en Arabie Saoudite.

C’était le 3 août 2005. Depuis hier jeudi 3 août 2006, cela fait un an jour pour jour qu’Ould Taya vit en exil. Si ce dernier continue de broyer du noir, les choses semblent aller dans son pays, où le Conseil militaire pour la justice et la démocratie assure vouloir rétablir l’Etat de droit.

Au lendemain du coup de force, les putschistes avaient laissé entendre à la face du monde qu’ils ont mis fin à une dérive « totalitaire » et ramené le pays à une véritable démocratie et annoncé leur intention de ne pas rester au pouvoir plus de deux ans. Le 7 août 2005, un gouvernement provisoire, constitué de civils, a été mis en place après qu’ils ont dissous le Parlement en s’engageant à conduire une transition devant déboucher sur des élections démocratiques et ouvertes à toutes les sensibilités politiques.

Cela fait donc un an que Mohamed Vall est aux affaires et on attend patiemment de voir s’il fera honneur à ses engagements. Il a pris l’engagement de ne pas se présenter à l’élection présidentielle de mars 2007. Il l’a redit lors d’un entretien qu’il a accordé récemment à Jeune Afrique et selon lui, il n’a jamais été question une seule seconde de revenir sur cet engagement solennel.

Il fallait, a-t-il poursuivi, établir une rupture symbolique fondamentale dans les esprits et casser une fois pour toutes la logique du pouvoir à vie. Le nouvel homme fort de la Mauritanie va plus loin en précisant que s’il se présentait en mars prochain, alors oui, le 3 août n’aurait été qu’un coup d’Etat de plus. Et tous les changements qu’ils ont introduits depuis n’auraient servi à rien. A entendre de tels propos, on est tenté d’avoir foi en la clairvoyance de Vall.

Partout où il passe, il affirme haut et fort que le jour J, le comité militaire, après l’élection, s’autodissoudra. Mais beaucoup de gens sont sceptiques quant à son départ en prenant d’autres cas. En Côte d’Ivoire, il y a eu le général Robert Guei qui était venu pour balayer la maison et qui a fini par être candidat à la magistrature suprême. On a vu par la suite ce qui s’est passé puisque le balayeur repose aujourd’hui dans une morgue en attendant une sépulture.

L’autre chef d’Etat, qui a aussi fait volte-face, c’est François Bozizé de la Centrafrique après son coup fumant contre Patassé. Il s’est présenté à l’élection en réussissant à ne pas subir le même sort que Guei. Le président mauritanien n’ignore pas cela et peut-être qu’il veut donner une autre image de lui. Mais il faut craindre qu’il ne soit flatté par son entourage qui a maintenant une idée des délices du pouvoir.

Il est entouré de civils qui n’ont peut-être pas la même vision que lui. Or, on sait que sous nos tropiques, ceux-ci sont des courtisans qui ne pensent qu’à leurs intérêts, des gens sans vergogne capables de dire au chef que dans tous les hameaux du pays on ne jure que par lui. Comme le temps fait son chemin, attendons que l’échéance arrive pour savoir si Mohamed Vall n’est pas un assoiffé du pouvoir. Pour le moment, son discours est tout autre et pourvu seulement qu’il tienne !

Justin Daboné

Observateur Paalga

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