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Côte d’Ivoire : Du renfort pour Banny

Publié le mercredi 2 août 2006 à 07h38min

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Laurent Gbagbo et Konan Banny

Très cher neveu. Un spectateur bien avisé de la comédie humaine disait que quand une femme commence à voir des rides sur le visage, elle dit que c’est le miroir qui est cassé. C’est le cas de Laurent Gbagbo.

Spécialiste de la politique de l’autruche, il refuse de regarder son pouvoir s’enlaidir et d’en tirer les conséquences. Résultat : il aura tout déployé pour retarder, sinon faire capoter le processus de transition devant conduire à l’élection présidentielle.

Ses armes favorites sont la guerre psychologique, la manipulation des foules dont il a l’art et qui n’a rien à envier aux méthodes fascistes, les grelots du nationalisme étriqué, les sirènes de l’ivoirité, les magnats (surtout français) de la finance internationale qui reprennent progressivement la haute main sur l’économie ivoirienne, sans oublier certains chefs d’Etat africains regroupés en syndicat et qui s’identifient à l’entêtement du président ivoirien à vouloir s’éterniser au pouvoir. Une chose est sûre : Gbagbo ne pourra pas tripatouiller la Constitution pour se faire réélire.

Mais pour l’instant, on n’en est pas encore là. Ce qui est remarquable, c’est que Gbagbo n’a pas réussi à "croquer" Konan Banny, l’actuel Premier ministre. S’il est vrai que ce dernier, contrairement à Seydou Elimane Diarra, l’agneau qu’on avait envoyé dans la jungle, bénéficie de l’appui de la communauté internationale, il faut avouer que le banquier est un homme de caractère, conscient que les forces du mal sont à l’intérieur de la Côte d’Ivoire et que le combat doit se mener sur place.

Sur ce point, il vient d’avoir du renfort. Un véritable antidote à l’insécurité et à l’anarchie qui ont longtemps élu domicile dans la rue. Il s’agit des Jeunes Houphouëtistes qui viennent de lancer à la figure des Jeunes Patriotes que trop c’est trop ! Cette mise en garde a permis la poursuite des audiences foraines, chose impensable il y a à peine un mois. De quoi remonter le moral de Charles Konan Banny qui, malgré sa forte personnalité, pouvait se décourager. On l’a même vu, à l’issue d’une rencontre avec Gbagbo, repartir sans serrer la main au président. Il s’est racheté en revenant saluer le chef de l’Etat.

Mais cette politesse protocolaire ne traduisait-elle pas tout simplement la colère d’un Premier ministre qui a l’impression d’avoir affaire à un chef d’Etat qui lui jette des peaux de banane ? Peut-être que c’était aussi une manière pour lui de montrer à Gbagbo que s’il est un homme qui privilégie le consensus, il n’en demeure pas moins qu’il est en même temps quelqu’un qui peut céder aux mêmes sentiments que tout être humain, y compris l’énervement. Comme quoi, de temps en temps, face à un adversaire têtu comme un mulet, la seule alternative payante, c’est d’opposer la même obstination. Une sagesse de chez nous dit qu’avant de partager la viande du lièvre, il faut mesurer la superficie de son terrier. Or Konan Banny est un mastodonte au sens plein du terme. Gbagbo a voulu partager la chair de Banny sans l’avoir pesé.

Très cher neveu. Tout comme au Burkina, les Libanais de Côte d’Ivoire ont marché contre les bombardements de leur pays par Israël. Quand on sait que ces derniers ont déjà subi les pires violences au plus fort de la crise ivoirienne, on ne peut que dénoncer ces dérives qui endeuillent le pays du cèdre. La communauté libanaise constitue l’un des piliers de l’économie ivoirienne. Ce conflit porte donc, par ricochet, un coup supplémentaire à l’économie ivoirienne qui peine à retrouver son embellie d’antan.

Très cher neveu, nous sommes tous d’accord que le sport, en même temps qu’il soulève les passions au point de provoquer certaines dérives, contribue à adoucir les moeurs.

L’on se rappelle que Drogba, de retour d’une compétition où lui et ses coéquipiers ont été battus, a su calmer, en levant sa main, la colère des supporters. L’admiration pour les Eléphants avait même franchi les frontières de la Côte d’Ivoire. Drogba, l’idole des Ivoiriens, celui dont le nom a été prêté à une marque de bière, s’apprêterait à offrir ses services ailleurs. Après lui, qui va-t-on trouver pour calmer sportivement les nerfs des Ivoiriens, et surtout des politiciens qui s’en servaient pour faire oublier leurs déboires ?

Ton oncle

Le Pays

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