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ONU : Pauvre Kofi Annan !

Publié le mardi 1er août 2006 à 07h36min

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Kofi Annan

Le secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan, vit l’un des moments les plus pénibles de sa carrière. Il en a vu sans doute de toutes les couleurs depuis son accession à la tête de l’Organisation mondiale en 1997, à l’instar de l’invasion américaine de l’Irak avec tout son corollaire, mais les événements en cours au Liban constituent une épreuve décisive pour l’homme et l’institution qu’il est censé diriger.

Les massacres perpétrés par Israël sur les populations libanaises ont révélé un secrétaire général impuissant à faire appliquer le droit international.

Aucune de ses demandes, depuis l’éclatement de la crise, n’ont été prises en compte. Il n’a pas réussi à faire passer un mot condamnant les tueries à grande échelle d’innocents civils. Israël a même poussé la provocation jusqu’en allant tuer quatre Casques bleus .Mais là aussi, M. Annan ne peut que se plier à la volonté américaine qui lui dicte les mots autorisés ou proscrits.

S’il est vrai que la réalité du pouvoir est détenue par le Conseil de sécurité, avec comme chef de file les Etats-Unis, il n’en n’est pas moins exagéré de dire que Kofi Annan doit se déterminer clairement face à la marginalisation dont il est l’objet. En pareil cas, et comme il est de coutume chez les gens qui ont de la personnalité, c’est la démission qui est la façon la plus éclatante d’exprimer son désaccord. Qu’est-ce qui peut lui rester à faire, sinon de rendre le tablier, après la piteuse image qu’il ne cesse de donner au monde, et qui a conduit des milliers de Libanais à saccager les locaux de l’ONU à Beyrouth ?

Le Ghanéen avait pourtant là une opportunité, peut-être la dernière avant la fin de son mandat, de redorer son blason et celui des Nations unies. Qu’a-t-il encore à perdre alors que sa tête est mise à prix par l’Administration Bush qui avait réclamé sa démission depuis l’affaire pétrole contre nourriture en Irak ?

C’est le moment où jamais pour Annan, dont le mandat fut une suite d’humiliations de la part des grandes puissances, notamment de l’Amérique, de relever la tête et de dénoncer les graves événements en cours au Proche-Orient et les tentatives israélo-américaines de les minimiser et de les soustraire à la condamnation sans équivoque des instances internationales. De ce baroud d’honneur, il n’en est rien. Le profil bas est toujours de rigueur, ce qui a frustré les Libanais dont des milliers ont pris à partie les locaux de l’ONU à Beyrouth.

Une attitude de colère qui montre qu’entre l’ONU et les Libanais, risque de s’instaurer une ère de défiance. Voici le danger qui fragilisera davantage les Nations unies : le manque de courage de ses dirigeants et la perte de confiance des peuples. Il n’est pas rare d’entendre des Libanais jurer de faire fi des bonnes manières édictées par le monde dit civilisé et démocratique, pour devenir à leur tour des "terroristes".

La tolérance observée face au terrorisme d’Etat pratiqué par Israël ne peut que nourrir en effet des vocations à l’usage de la violence chez les populations décimées par des années d’agressions. Comment les Etats-Unis, qui arment et financent Israël, donc participent d’une façon ou d’une autre, aux crimes contre les populations civiles de Palestine et du Liban, peuvent-ils faire croire qu’ils luttent pour la justice et la paix dans le monde ?

Le retournement de l’opinion libanaise est d’ailleurs symptomatique du sentiment anti-américain grandissant au sein des peuples arabes. Quand la première puissance se prend à ne plus écouter le reste du monde, cela devient inquiétant car on n’est pas loin de la folie des grandeurs.

Si l’année dernière, une grande partie des Libanais ne juraient que par l’Amérique, allant même jusqu’à l’aider à faire partir les troupes syriennes du pays, il faut avouer que la donne vient de changer, surtout depuis les massacres d’une soixantaine de civils dont de nombreux enfants à Cana. Les Libanais doivent avoir l’amère impression d’un baiser donné à Judas ... Certes, le détonateur de la crise actuelle est parti de l’enlèvement de soldats de Tsahal par le Hezbollah.

Mais tout laisse clairement voir que l’Etat hébreu n’attendait qu’on lui offre le prétexte de mettre en application un plan mûri de longue date, qui est d’écraser le Hezbollah, quitte à rayer le Liban de la carte du Moyen-Orient. Et, contrairement au président iranien dont les menaces contre l’Etat sioniste avait scandalisé les bien-pensants occidentaux, Israël ne parle pas. Il agit et laisse les autres faire le constat.

Le Pays

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