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Affaire Norbert Zongo : Dossier classé en attendant de nouvelles charges

Publié le lundi 31 juillet 2006 à 07h25min

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Le procureur Barry est revenu dans les détails sur l’assassinat du journaliste Norbert Zongo le 13 décembre 1998. C’est le même jour selon lui, que la police de Sapouy s’est rendue à 7 km à la sortie de cette ville pour les formalités d’usage après que des témoins l’ai informée de ce qui était arrivé au véhicule de Norbert Zongo.

Dès le lendemain, les victimes ont été identifiées. Le 31 décembre 1998, le Procureur du Faso ouvrait une information judiciaire contre X. Le 7 janvier 1999, il y eut la création de la Commission d’enquête indépendante (CEI). C’est après avoir décélé des contradictions flagrantes entre les déclarations de l’adjudant Marcel Kafando et Jean Racine Yaméogo dans les deux déclarations que le juge Wenceslas Ilboudo en charge du dossier a procédé à l’inculpation de Marcel Kafando le 2 février 2001 pour "assassinats et destruction de biens mobliers".

Auparavent, le 29 janvier 2000, Jean Racine Yaméogo dans une première audition chez le juge Ilboudo, n’a pas reconnu avoir rencontré Marcel Kafando le 13 décembre. Le 15 mai 2001, il y eut la première confrontation entre Jean Racine Yaméogo et Marcel Kafando et le premier a maintenu ses déclarations et Marcel les siennes.

Mais au cours de cette confrontation, la santé de Marcel Kafando ne lui permettait plus de continuer l’interrogatoire qui fut suspendu. Il a fallu attendre le 31 mai 2006 soit cinq ans après pour qu’il y ait une deuxième confrontation. Ce jour-là, Jean Racine Yaméogo ne se souvenait plus exactement quand est-ce qu’il a rencontré Marcel Kafando. Il doute entre deux dates : le 13 et le 14 décembre.

Dans ce cas de figure selon le procureur général, le doute profite toujours à l’accusé selon un principe de droit. C’est pour cette raison que Marcel Kafando bénéficie aujourd’hui d’un non-lieu. A partir de ce moment, le juge Wenceslas est dessaisi du dossier Zongo qui sera classé au greffe du Tribunal de grande instance de Ouagadougou en attendant toutes nouvelles charges, c’est-à-dire "toute nouvelle information susceptible de modifier l’information" selon Abdullay Barry.

Les journalistes restés sur leur soif

Toutes sortes de questions ont été posées aux deux procureurs après leurs explications mais ceux-ci sont restés pratiquement sur leur propre conviction dans les réponses. En effet, comment se fait-il que sur la base d’un petit doute, le juge d’instruction ait oublié qu’à deux reprises dans son audition et dans la première confrontation du 15 mai 2001, Jean Racine Yaméogo a maintenu intactes ses déclarations ? Est-ce que l’intéressé, pendant les cinq ans qui séparent les deux confrontations n’a pas subi des influences diverses ou tout simplement n’a pas reçu de l’argent pour se dédire ?

Comment l’intéressé peut confondre les deux dates l’une, le 13, étant un dimanche, un jour non ouvrable et l’autre un lundi et donc un jour de travail ? Est-ce que le juge Ilboudo ou les deux procureurs peuvent après cette conférence de presse aller s’asseoir tranquillement pour boire une bière sans être inquiétés au vu de l’ampleur de la crise que ce dossier a provoquée dans le temps ?

A toutes ces questions, les deux procureurs ont survolé dans leurs réponses. En réalité, ils n’avaient pas de réponses à toutes ces nombreuses questions. Mais au lieu de se précipiter pour lever l’inculpation de Marcel, le juge en charge du dossier pouvait essayer de faire une enquête pour savoir pourquoi Jean Racine est subitement revenu sur ses propres déclarations alors qu’il ne les avait pas faites sous la contrainte au moment de ses premières auditions.

Une affaire préparée de longue date

Tout tend à montrer que le juge Ilboudo était pressé d’en finir avec ce dossier qu’il est manifestament incapable de traiter, vu sa complexité et ses nombreuses connexions avec le pouvoir en place. L’histoire retiendra néanmoins que c’est lui qui a bâclé ce dossier alors qu’il avait bien la possiblilité de le mener autrement et d’aboutir à la vérité. Lui, le procureur général et le procureur du Faso ont sans doute rendu service à un pouvoir en place. Mais les pouvoirs changent et tôt ou tard cette décision pourrait se retourner contre eux. En réalité, le scénario a été mis en place depuis le mardi 6 juin 2006 date de la première conférence de presse qui a évoqué la question de non-lieu dont Marcel Kafando pourrait bénéficier.

Ce jour-là, le procureur du Faso a révélé que Marcel Kafando sera jugé si Jean Racine Yaméogo, au cours de la confrontation maintient toujours sa déclaration ; dans le cas contraire, il bénéficiera d’un non-lieu. Le procureur du Faso avait déjà l’information que Jean Racine était revenu sur ses déclarations, la confrontation ayant eu lieu le 31 mai 2006 et la conférence de presse le 06 juin. c’est pourquoi il fallait envoyer une sonde dans l’opinion publique pour connaître les réactions avant de revenir à la charge pour donner l’information à l’opinion.

Du reste, depuis l’année dernière, après l’interview de Paul François Compaoré paru le 2 février 2005 dans l’Observateur Paalga, des journaux proches du pouvoir avaient déjà appelé à la relaxe de Marcel Kafando dans l’affaire Norbert Zongo. Aujourd’hui, leur appel a été entendu. On attend maintenant la réaction de l’opinion publique burkinabé.

Liermè Somé
L’Indépendant

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