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Exploitation future des zones libérées de l’onchocercose : La double revanche sur une maladie tropicale

Publié le lundi 31 juillet 2006 à 07h17min

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Un projet-pilote initié dans les zones transfrontalières du Ghana et du Burkina Faso, libérées de l’onchocercose, a permis de se rendre compte des grandes potentialités agricoles qui y existent. Les résultats du test étant concluants, les partenaires au développement se sont réunis pour examiner l’exploitation de ces zones à travers un programme plus important.

Une table ronde des bailleurs de fonds du Programme de développement socioéconomique de la zone transfrontalière du Burkina Faso et du Ghana, récemment libérée de l’onchocercose, s’est tenue le 30 juin à Ouagadougou en vue d’examiner la question du financement du programme et accorder les différents points de vue. Lancée en 1974, la campagne d’éradication de la cécité des rivières a permis d’éliminer totalement cette maladie dans onze des quinze pays de la CEDEAO. Quarante (40) millions de personnes sont désormais libérées de cette invalidité et vingt (20) millions d’enfants ne courent plus les risques de perdre la vue à cause de l’onchocercose.

Cette bataille gagnée, les acteurs se sont rendus compte que les zones fertiles au développement du vecteur de la maladie sont aussi fertiles pour l’agriculture. Un projet-test, « a permis de se rendre compte de l’existence d’énormes potentialités de développement et d’intégration socioéconomique des populations qui partagent parfois la même langue, la même origine ethnique, les mêmes terres et le même destin ».

C’est aussi que le secrétaire général du ministère burkinabè de l’Agriculture, de l’Hydrauliques et des Ressources halieutique Ibrahim Kaboré a justifié l’intérêt de ce programme. Les populations ont bénéficié de formations en irrigation, en utilisation des semences améliorées, en construction de pépinières, en développement d’activités génératrices de revenus...

Selon une étude, les femmes ont manifesté un engouement pendant la phase-pilote. Malheureusement, l’unique source de financement du projet, la Belgique, prendra fin en décembre prochain. En outre, les deux pays concernés sont limités par les moyens financiers, d’où la tenue de la table ronde. « Le Burkina Faso et le Ghana sont deux pays aux ressources limitées et qui, de ce fait, ne disposent pas de grandes capacités à financer leurs projets et programmes de développement », a indiqué M. Kaboré à l’endroit des partenaires au développement, notamment le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), le Fonds des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO, la Belgique, l’Union européenne, la Communauté économique et douanière des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).

Les zones désinfectées offrent vingt-cinq (25) milliards de terres fertiles pouvant nourrir dix-sept (17) millions de personnes de plus par an de la sous-région. La CEDEAO, coinitiatrice du projet-pilote, est conscient de cette importance économique et sociale du projet.

« Ce projet est au cœur des préoccupations majeures de la CEDEAO, il a été inscrit dans les actions prioritaires de son programme dans le cadre du volet NEPAD », selon le secrétaire exécutif adjoint de la CEDEAO, chargé des programmes d’intégration, Dr Monisoyre Afolabi. Pour lui, ce projet permettra de renforcer l’intégration sous-régionale et pourrait devenir un modèle de participation décentralisée au développement local. Pour l’instant, le test a été effectué dans trente (30) communautés des deux pays.

Par ailleurs, des conflits fonciers peuvent survenir entre exploitants agricoles et éleveurs, attirés par la richesse des terres. De plus, une exploitation anarchique veut fragiliser l’écosystème. Ces questions sont prises en compte dans le nouveau programme qui attend maintenant un financement. Il est attendu l’aménagement de huit cents (800) ha de bas-fonds, sept mini-barrages pour la riziculture et le maraîchage, quatre zones de pâturage, la construction d’abattoirs, la construction et réhabilitation de plus de cents (100) forages et des marchés ruraux .

Il est également prévu la réalisation de complexes scolaires, de centres de santé et de promotion sociale... Le projet permettra l’amélioration de la gestion des ressources naturelles, le renforcement des capacités des bénéficiaires, des cadres de planification et des politiques d’intégration régionale ainsi que la réalisation d’infrastructures socioéconomiques transfrontalières, ce qui fait le plus défaut.

Le Burkina et le Ghana, pays concernés pour l’instant, se sont dit « résolus » à accompagner les populations bénéficiaires en vue de renforcer les acquis de la phase-pilote. Si tout se passe comme prévu, les populations peuvent se souvenir avec sourire, de cette maladie invalidante qui a permis de découvrir leurs conditions de vie et le potentiel économique et social de leurs zones.

Aimé Mouor KAMBIRE

Sidwaya

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