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Dialogue inter-togolais : Blaise Compaoré retenu médiateur à l’unanimité

Publié le vendredi 28 juillet 2006 à 08h28min

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Me Yawovi Agboyibo

Le président du Faso, Blaise Compaoré a reçu mercredi 26 juillet 2006 en fin d’après-midi, une délégation du dialogue inter-togolais. Cette délégation, conduite par Me Yawovi Agboyibo, président du bureau du dialogue inter-togolais, était composée de la vice-présidente, Mme Wala Tchengaï Kissem et du rapporteur, Gilbert Bawara.

Interrogé par les journalistes sur l’objet de leur entretien avec le président du Faso, Blaise Compaoré, le chef de la délégation a indiqué qu’ils étaient venus voir le chef de l’Etat burkinabè, sur proposition de toutes les parties prenantes au dialogue, pour lui demander d’en être le facilitateur afin de les aider à parvenir à un consensus sur un certain nombre de points qui restent à être discutés.

« Vous savez que la classe politique et la société civile togolaise sont en dialogue depuis le 21 avril 2006. Ce dialogue s’est normalement déroulé et on peut dire qu’entre les Togolais, beaucoup d’efforts ont été faits. Nous sommes parvenus à hauteur de 80% de règlement des points inscrits à l’ordre du jour.

L’essentiel a donc été fait mais il se trouve qu’un certain nombre de points méritent toujours d’être approfondis pour nous permettre d’arriver à un consensus. Sur ces points, les participants ont estimé qu’il fallait recourir à une facilitation extérieure. Cela est d’ailleurs prévu dans notre règlement intérieur. Et les propositions de noms qui ont été faites, l’unanimité s’est dégagée sur la personne du président Blaise Compaoré.

Nous avons donc été mandatés de venir lui notifier cette décision et souhaitons vivement qu’il la prenne comme une mission extrêmement importante pour un pays voisin, le Togo... », a expliqué aux journalistes le chef de la délégation.

Selon Me Agboyibo, le président du Faso a ressenti leur démarche comme un devoir envers la sous-région et envers l’Afrique et a accepté d’y apporter sa contribution . « Ce n’est pas la première fois que le président Blaise Compaoré le fait. C’est un peu en hommage à tout cela que la classe politique togolaise a porté son choix sur sa personne... » a-t-il noté.

Sur les points de désaccord qui ont nécessité cette facilitation extérieure, Me Yawovi Agboyibo a cité le code électoral notamment le mode de scrutin, de la CENI, la question de l’armée, de l’impunité. « Il y en a qui estiment que pour la Commission électorale nationale indépendante, il y a lieu d’arriver à une solution partagée par tous, de même que les problèmes de l’armée et de l’impunité ... » a-t-il souligné.

Etienne NASSA (paratena@yahoo.fr)


Comment résoudre « l’équation » Olympio ?

Après un premier passage dans la capitale burkinabè l’année dernière, l’opposition togolaise conduite par maître Yaovi Agboyibo était dans nos murs mercredi 26 juillet 2006.

L’bjectif de ces va-et-vient de la classe politique togolaise au Burkina Faso (le nouveau président Faure Gnassingbé est aussi un habitué de Ouagadougou) la recherche de la paix et de la concorde civile et politique grâce à l’intervention de Blaise Compaoré. Si le dialogue politique inter-togolais coince jusqu’à présent (une réunion à Paris n’a rien donné) point n’est besoin d’être grand clerc pour dire qu’il bute sur un « détail » important : la réinsertion politique et sociale de Gilchrist Olympio, fils du père de l’indépendance togolaise Sylvanius Olympio, tué dans les conditions que l’on sait en janvier 1963.

Depuis, sa famille a été condamnée à une errance sans fin, au cours de laquelle, Paris, Londres et Accra ont été les principaux points de chute. Une errance au cours de laquelle le fils Olympio n’a eu de cesse d’anathémiser le régime Eyadema, promettant même s’il ne le disait pas « vivo voice », de régler ses comptes une fois qu’il accéderait au pouvoir.

On comprend dès lors qu’il n’ait jamais compéti lors des joutes électorales consécutives à l’ouverture démocratique des années 1990.

Bien que s’étant reconverti en démocratie, Eyadema ne pouvait accepter que cet homme « dangereux » (surtout du fait de sa popularité) participe à ces scrutins avec le risque de triompher ou à tout le moins de provoquer des émeutes, malgré le « verrouillage » du système.

Ainsi, l’opposant essuiera quelques rafales de mitraillettes dans les années 90, alors qu’il était revenu au pays pour « vaincre le mal ».

Il ne devra son salut qu’à une fuite éperdue au Ghana et depuis, « chat échaudé craignant l’eau froide », il ne s’est plus « assis » au pays.

Et malgré le changement de régime intervenu à Lomé, et nonobstant les garanties offertes par Faure Gnassingbé, il ne s’est pas présenté à l’élection présidentielle du 24 avril 2005.

Il a commis à la tâche l’un de ses supplétifs, le vieil Akitani Bob qui s’en est sorti avec un score honorable au regard du contexte togolais.

C’est dire si Olympio constitue à lui seul le « problème », les autres poids lourds de l’opposition ayant tous accepté de jouer le jeu. Edem Kodjo siège à la primature, cependant que Léopold Gnininvi, Yaovi Agboyibo ... »djafoul » à Lomé sans trop de bobos.

Le Togo se normalise donc et les uns et les autres devront œuvrer à lui éviter le « syndrome » ivoirien dans la mesure où ici aussi, Nordistes et Sudistes se regardent en chiens de faïence depuis quatre décennies.

L’atout de Blaise Compaoré dans cette intermédiation c’est qu’il connaît son monde sur le bout des doigts.

Déjà habile intercesseur en 1990-1992 après la crise politique consécutive aux massacres de Bê (fief de l’opposition) le président du Faso a pour atout-maître le magistère qu’il semble exercer sur le président Faure Gnassingbé.

Lequel n’hésite pas à lui donner du « grand-frère » et à en référer à Ouagadougou sur les dossiers sous régionaux.

Dans cette diplomatie de l’ombre, le rôle de l’armée togolaise pourrait être déterminant.

Une armée dont on dit qu’elle sert plus les intérêts du clan présidentiel que ceux de l’Etat togolais et qui, en effectuant sa « mue démocratique » pouvait être le juge de paix.

Compaoré, qui y a des relations, sera appelé à les « activer » pour que la « troupe » se mette au diapason.Une « négociation à tiroirs » qui ne fait que commencer et dont l’issue ne peut être que positive au regard de la qualité du négociateur et de l’état d’esprit de plus en plus « bon » des protagonistes. A suivre donc.

Boubakar SY

Sidwaya

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