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Elections en RDC : Droit dans le mur ?

Publié le mardi 25 juillet 2006 à 07h54min

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Joseph Kabila

La République démocratique du Congo, l’ex-Zaïre de Mobutu, va-t-elle pouvoir organiser l’élection présidentielle, prévue pour se tenir, en principe, dans cinq jours c’est-à-dire le dimanche 30 juillet 2006 ? Telle est la question que l’on se pose aujourd’hui.

De mémoire d’historien, c’est la première fois, depuis l’indépendance, qu’un scrutin libre et pluraliste va avoir lieu dans ce vaste pays d’Afrique centrale (plus de 2 millions de km2). Autan dire que l’immensité du territoire impose du même coup un défi logistique à relever : 50 000 bureaux de vote, 23 avions et 63 hélicoptères pour acheminer le matériel électoral, 30 millions de bulletins de vote pour la présidentielle et autant pour les législatives, 2 000 observateurs internationaux, 75 000 policiers ; coût de l’opération : 458 millions de dollars.

Avec ces élections, c’est le destin de tout un peuple qui porte encore les stigmates des guerres (1996-1998) qui l’ont marqué, depuis la chute et la mort de Mobutu, qui se joue. On attend donc beaucoup de ces scrutins, qui verront l’élection du président et de 500 députés. Trente-trois candidats en lice sont à la conquête d’environ 25 millions d’électeurs.

A l’heure actuelle, personne ne sait comment les élections en RDC vont se dérouler. Au regard des violences qui précèdent le jour du scrutin du 30 juillet prochain, rien n’est sûr quant au bon déroulement du vote. Le 8 juillet dernier, l’ancien journaliste de Jeune Afrique économie Bapuwa Mwamba, est assassiné ; on a vu pu voir aussi des militants qui boycottent les élections se livrer à des actes de vandalisme dans les rues de la capitale.

La conquête des voix se fera entre des candidats ayant conquis le pouvoir par la guerre, ou à la faveur de la transition en 2002. Le candidat à sa propre succession, Joseph Kabila, même s’il est candidat indépendant, a un parti qui le soutient, le Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD). Il bénéficie aussi de l’appui de Washington et est certainement pressé de légaliser son pouvoir.

En tout état de cause, les uns et les autres ont travaillé à ce que la présidentielle et les législatives aient lieu et il serait difficile de faire machine arrière. Les gens sont également fatigués d’attendre et repousser l’échéance n’est pas pour arranger la situation de désordre électoral dont les ingrédients sont déjà réunis.

On sait que la paix n’est pas encore définitivement faite entre rebelles et autres fractions armées qui écument le pays. C’est dire tout simplement que les conditions ne sont pas véritablement réunies. Déjà au début du mois de juillet, on signalait des combats à Bunia entre l’armée congolaise et des miliciens des Forces de résistance patriotique en Ituri. Des hélicoptères de la MONUC ont été attaqués dans la même région.

Ainsi, entre les affrontements de partis politiques qui dénoncent des fraudes en perspectives, et la présence des rebelles rwandais qui créent l’insécurité dans l’est du Congo notamment, on s’achemine vers les élections. Outre le défi logistique, les autorités congolaises ont donc à faire face à l’insécurité, qui risque d’hypothéquer les scrutins.

L’armée est impuissante face aux groupes armés, auxquels même la Mission des Nations unies au Congo est incapable de faire accepter le désarmement. Mais à quelques jours seulement de la tenue des élections, peut-on vraiment envisager leur report ou aller droit dans le mur ?

Agnan Kayorgo

L’Observateur

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