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Togo : Le "projet d’accord politique global" reste toujours inacceptable pour la CDPA

Publié le vendredi 21 juillet 2006 à 10h03min

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On aurait tort de croire qu’il n’est plus nécessaire de revenir sur le « 
projet d’accord politique global » après la signature de « l’accord
politique de base » par la « coalition des Sept ». Dans sa forme
initiale comme dans sa forme révisée et dans son dérivé sous forme de « 
l’accord politique de base », ce projet mérite qu’on s’y attarde et
qu’on l’analyse en profondeur.

Une telle analyse est indispensable pour mieux comprendre les faits et
les dires de nos acteurs politiques qui participent à ce 12e dialogue,
ceux du régime comme ceux de l’opposition. Elle est également nécessaire
pour savoir où va l’opposition togolaise. Il ne sert à rien de courir...
Comme on l’a déjà dit, il faut regarder dans le rétroviseur si l’on veut
mieux avancer.

En sa qualité de Président du dialogue et du directoire, Mr Agboyibo a
justifié l’adoption de "l’accord politique de base <c_nosp_085k.html> "
par le fait que le document comporterait des "avancées significatives
par rapport... aux objectifs recherchés".

La CDPA-BT avait analysé la composition du dialogue <c_nosp_085f.html>
et celle du directoire présidé par le CAR <c_nosp_085f.html> , pour
montrer qu’elle était tout à fait inéquitable au détriment des partis
sensés représenter l’opposition, et que sur les questions essentielles,
à chaque fois une majorité se constituerait automatiquement contre
l’opposition démocratique.

C’est ce qui vient de se passer clairement pour une première fois. Il
est évident que les autres décisions essentielles continueront d’être
prises de la même manière, toujours au profit du système en place. La
présence de facilitateurs n’empêchera pas la poursuite de ces pratiques.
Et les législatives en vue ne parviendront pas à supprimer leurs
conséquences désastreuses pour l’opposition et le pays.

La procédure d’adoption de "l’accord politique de base" par les "Sept"
relève donc d’une manigance qu’aucun de tous ceux qui veulent le
changement politique au Togo ne saurait accepter.

Dans tous les cas, le "projet d’accord politique global" était
inadmissible. Qu’il soit "révisé" ou qu’on lui donne un autre nom pour
abuser l’opinion, /il reste toujours inadmissible/. Il ne l’est pas
seulement parce qu’il n’a rien d’un projet d’accord politique. Il l’est
aussi et surtout parce que dans la réalité, il sert seulement les
intérêts du vieux régime de dictature.

Il est clair maintenant pour tous que le dialogue est conçu et organisé
pour que, par ces genres de manoeuvres politiques inadmissibles, le
régime en place et à son parti - le RPT - continuent de se maintenir au
pouvoir et continuent de détenir le contrôle absolu de la vie politique
du pays comme auparavant. Les élections législatives pour lesquelles il
est ainsi monté ne changeront rien à cet état de fait.

A plusieurs reprises, la CDPA-BT avait mis l’opinion intérieure et
extérieure en garde, en déclarant que ce 12e dialogue ne déboucherait
sur rien qui favorise le processus de démocratisation, précisément parce
qu’il est monté pour engager le pays dans la voie d’une normalisation
inadmissible de la situation politique résultant des prétendues
élections du 24 avril 2005 et dans la voie d’une stabilisation du
pouvoir de Faure Gnassingbe.

Le "projet d’accord politique global" vient de confirmer la pertinence
de ces mises en garde. Quel que soit le nom dont on l’affuble et quelles
que soient les manoeuvres pour le faire passer dans l’opinion, "le
projet d’accord politique global" reste inadmissible.

Il n’est finalement pas surprenant qu’un parti comme le CAR, qui est
sensé lui aussi représenter l’opposition au dialogue, se retrouve dans
la "Coalition des Sept" pour adopter ce document. Mr Agboyibo,
rappelons-le, avait accepté d’être président du dialogue malgré les
réticences de ses amis de la vieille "Coalition des 6" ; il n’avait pas
donné le sentiment d’être gêné de se retrouver encadré dans le
directoire par deux membres du RPT dont un ministre du gouvernement ; il
s’est mis à jouer au médiateur entre le régime et l’opposition avec une
ardeur évidente... Ce sont là des signes qui ne trompent pas.

Par ailleurs, pour marquer son opposition à l’UFC sur la question de la
présence de facilitateurs à ce dialogue, Mr Agboyibo avait pris
l’exemple du dialogue mené en solitaire par le FAR (Front des
Associations pour le Renouveau) avec le régime en 1991 en déclarant ce
qui suit : /"Les dialogues qui ont fait avancer notre processus
démocratique se sont déroulés sans facilitateurs. Les partenaires
togolais à ces dialogues, eurent à mettre en place des mécanismes
internes de déblocage de leurs divergences. C’est ainsi que nous avons
procédé lors des discussions de mars-avril 1991 entre le régime et le
FAR <c_nosp_085f.html> "/.

En d’autre termes, si l’on suit bien Mr Agboyibo, c’est grâce aux
mécanismes internes qu’auraient mis en place le RPT et le FAR en
mars-avril 1991 pour débloquer /"leurs divergences"/ que le dialogue
mené en solitaire par le FAR face au RPT a fait /"_avancer notre
processus démocratique sans facilitateurs"_./

La CDPA-BT avait alors manifesté des inquiétudes en disant ceci : /"Que
les Togolais parviennent à régler leurs problèmes entre eux est une
excellente chose. Mais si c’est dans l’esprit de ce que le FAR a fait en
1991, alors il est peut-être encore plus nécessaire de se poser des
questions sur l’issue de ce 11ème dialogue <c_nosp_085i.html> ." /

Il est indispensable que les responsables du CAR disent clairement aux
Togolais s’ils continuent de faire partie de l’opposition démocratique,
ou s’ils ont fini par rejoindre eux aussi le régime de dictature avec
armes et bagages, comme d’autres l’ont déjà fait.

Dans tous les cas, il est encore plus clair aujourd’hui que dans ce
contexte politique spécifique caractérisé par la détermination du régime
en place à se maintenir au pouvoir à tout prix, des dialogues de ces
types que nous avons eu depuis 1991 jusqu’à présent ne peuvent
qu’occasionner des manoeuvres du genre de ce qui a permis l’adoption de
ce projet politique global par cette "Coalition des Sept".

Dans ce contexte politique spécifique, la résolution du problème
politique togolais par l’opposition appelle de façon incontournable, une
implication réelle de la masse de la population dans la lutte politique
pour la démocratie dans le pays.

Cette implication passe nécessairement par une organisation de tous les
opposants, c’est-à-dire cette immense majorité de la population, dans un
mouvement capable de renverser le rapport des forces en faveur de
l’opposition démocratique <c_nosp_085d.html> .

C’est dans cet esprit que la CDPA-BT avait proposé depuis des années
l’idée de la nécessité de faire émerger ensemble de la masse de la
population une Force Alternative d’Opposition (FAO) et de bâtir ensemble
sur cette idée un Mouvement de la Force Alternative d’Opposition, le MFAO.

C’est pourquoi aussi le Bureau politique de la CDPA-BT invite, une fois
de plus, tous ceux qui veulent le changement politique (partis
politiques, organisations associatives, organisations religieuses...) à
accepter de se mettre ensemble pour construire ce mouvement.

C’est le seul moyen d’arriver à mettre en échec toutes les manoeuvres
tendant, pour des raisons inavouables, à maintenir le pays sous la coupe
du RPT et de ce régime de dictature militaire qui n’ose pas dire son nom.

La CDPA-BT réaffirme que l’opposition togolaise n’a pas encore épuisé
tous les moyens politiques de la lutte pour la fin de la dictature et
pour la construction d’une société démocratique au Togo. Les Togolais
peuvent encore réaliser leurs aspirations au changement démocratique. A
condition qu’ils acceptent de s’organiser autrement et de faire
autrement, c’est-à-dire construire le MFAO.

Le Parti lance encore un appel à tous les opposants, quels qu’ils soient
et où qu’ils soient, à accepter de se mettre ensemble, sans
considérations partisanes, pour construire ensemble le MFAO.

Fait à Lomé le 20 Juillet 2006

CDPA-BT,
Le Premier Secrétaire,
Prof. Emmanuel GU-KONU

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