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Chaussures de seconde main : Un secteur en pleine expansion

Publié le vendredi 21 juillet 2006 à 09h57min

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Se chausser à la friperie n’est plus une honte aujourd’hui. De plus en plus, les Burkinabè n’hésitent pas à aller vers les vendeurs de chaussures d’occasion pour se chausser.

Installés derrière la Maison du peuple, les vendeurs de ce type de chaussures ont vu leur activités prendre de l’envol à cause de l’envahissement du marché par des chaussures neuves, mais de moindre qualité. Regard sur une activité en pleine expansion, mais qui croule sous le poids des impôts.

Une cinquantaine de stands installés les uns à côté des autres, des chaussures (baskets, souliers, haut-talons...) exposées, des vendeurs et des « démarcheurs » prêts à accoster les clients, tel est le spectacle qui est offert aux clients sur le site de vente de chaussures de seconde main. Les clients sont tout suite « racolés » par les « démarcheurs », ces intermédiaires chargés d’attirer les acheteurs vers les différents stands. « Qu’est-ce que vous voulez ? Venez voir ! Même si vous n’achetez pas, faites plaisir à vos yeux ! », martèle un démarcheur à l’endroit d’un client hésitant.

Une clientèle assez diversifiée s’intéresse à ce type de chaussures ; des jeunes pour la plupart, mais aussi des fonctionnaires et des expatriés « qui connaissent la qualité des chaussures que nous vendons ici », soutient M. Compaoré, vendeur de chaussures pour hommes. Selon Salif Simporé, secrétaire général de l’Association des vendeurs de chaussures de la Maison du peuple, les chaussures d’occasion coûtent parfois plus cher que les chaussures neuves.

« Les chaussures neuves vendues actuellement sur le marché proviennent pour la plupart de Doubaï, elles sont fabriquées à base de latex et se détériorent sous l’effet du soleil », poursuit-il. « C’est la raison pour laquelle, les gens préfèrent la friperie qui est plus résistante, de meilleure qualité et qui est fabriquée à base de cuir », précise Salif Simporé.

Une cliente rencontrée sur les lieux nous confirme que les chaussures neuves sont effectivement plus jolies et coûtent plus cher souvent. Mais soutient-elle, ces chaussures ne sont pas de bonne qualité. Elle nous montre une paire de chaussures qu’elle a achetée à l’état neuf, mais qui en l’espace d’un mois est déjà dans un état défectueux. « Lorsque j’achète par contre une chaussure d’occasion, je peux l’utiliser pendant plus d’une année, avant qu’elle ne s’use ».

Le circuit d’approvisionnement

On peut également y trouver des chaussures orthopédiques pour enfants et pour adultes. Selon M. Simporé, ces types de chaussures coûtent excessivement cher à l’état neuf mais, peuvent être obtenues à moindre coût chez les vendeurs de chaussures de seconde main. Ceux-ci en proposent de toutes les pointures.

Les chaussures d’occasion qui sont vendues derrière la Maison du peuple proviennent généralement de l’Italie et de l’Angleterre. Mais les vendeurs sont obligés de se rendre à Lomé où sont stockées les chaussures pour s’en approvisionner. Là-bas, elles sont achetées à la paire, et non par ballot, comme c’est généralement le cas pour les articles d’occasion. Les chaussures sont ensuite lavées et cirées.

« Nous utilisons également un instrument spécial pour redonner aux chaussures leur forme initiale, » souligne M. Simporé. Après toutes ces étapes, la chaussure redevient comme neuve et peut être proposée aux clients. Nous vendons environ une dizaine de chaussures par jour à l’approche des fêtes et les jours de grande affluence. Il nous arrive cependant de passer parfois trois (3) jours ou plus d’une semaine sans vendre la moindre chaussure. Les prix sont fonction de la qualité et de la marque. Trois (3) catégories de chaussures sont proposées aux clients.

La première qualité (catégorie) pour homme peut être vendue à plus de dix mille (10 000) F CFA, six mille ( 6000) et trois mille (3000) pour la deuxième et la troisième qualité. La première qualité pour enfants est vendue à 3000 F CFA à Lomé et revendue à la clientèle à Ouaga à cinq mille (5000) F CFA. Notre clientèle, précise M. Simporé, a une préférence pour les chaussures de première qualité qui sont moins usagées et de meilleure qualité.

Malgré l’affluence derrière la Maison du peuple, les vendeurs de chaussures d’occasion se plaignent : « Nous sommes confrontés à de lourds charges notamment les frais de transport et de dédouanement ». Ils affirment devoir verser cinq cents (500) F CFA sur chaque chaussure, comme frais de dédouanement, quel que soit le type de chaussure. Ils se plaignent également des tracasseries dont ils sont l’objet lors du transport et des taxes supplémentaires qu’ils payent à 2000 F CFA à Cinkansé notamment.

Aussi, les impôts pour l’occupation de l’espace et la patente sur les chaussures qui « constituent des charges » pour les vendeurs. « En 2004, j’ai payé en termes d’impôt, 28 000 F CFA, en 2005, j’ai payé 45 000 F CFA. Et cette année, je suis imposé à 68 000 F CFA », se plaint M. Simporé qui voit chaque année son impôt doubler, sans pour autant en comprendre les raisons. De l’avis de Salif Simporé, la plus grande difficulté dans l’exercice de cette activité, c’est l’intervention des « démarcheurs » (intermédiaires). Lorsque certains clients arrivent, poursuit-il, ils ne prennent pas la peine de venir vers nous, ils traitent avec les intermédiaires.

Les prix des chaussures sont alors doublés ; « les chaussures que nous vendons à dix mille (10 000) F CFA sont proposées à vingt mille (20 000) F CFA aux clients par les intermédiaires. Et cela décourage les clients qui s’en vont » explique-t-il. Une situation qui est lourde de conséquences pour les revendeurs. Les vendeurs de chaussures souhaitent que les clients viennent directement à eux pour leurs achats.

Gladys OUEDRAOGO
Céline BONHOMME
(Stagiaires)

Sidwaya

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