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Bénin : Une grande école de démocratie

Publié le mardi 11 juillet 2006 à 07h34min

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Une fois de plus, le Bénin donne le bon exemple. On y vit la démocratie au quotidien. Finie donc la triste époque des lendemains des indépendances au Bénin où les coups d’Etat rythmaient la vie politique nationale comme celui perpétré par de jeunes militaires conduit par Mathieu Kérékou alors commandant de l’armée.

C’était le 26 octobre 1972. Et c’est ainsi que celui qui prendra plus tard le sobriquet de Caméléon mit en place un régime révolutionnaire marxisant qu’il dirigea d’une main de fer 17 ans durant.

Un règne, comme nous le disions, sous l’idéologie marxiste-léniniste, qui aura marqué l’histoire du pays. Mais avec le vent de la démocratie qui a commencé à souffler sur le continent africain dans les années 90, le président Kérékou a changé de tunique, convoqué une conférence nationale des forces vives de la Nation suivie de l’adoption par référendum d’une nouvelle constitution.

Et c’est parti pour une expérience démocratique avec l’organisation d’élections libres. A la présidentielle de mars 1991, Mathieu Kérékou, devenu entre- temps général, est mis à la touche par Nicéphore Soglo, qui prend les rênes du pouvoir.

Reconverti fraîchement à la démocratie multipatisane, le "Caméléon" a accepté le verdict des urnes. Mais en 1996, les Béninois, certainement déçus de la gestion de Nicephore Soglo, ont remis Kérékou en selle en 1996 puis en 2001.

Ses deux mandats achevés, il ne pouvait plus se présenter à une présidentielle, frappé qu’il est par la limite d’âge qui fixe à 70 printemps l’âge maximal pour se porter candidat à la magistrature suprême au Bénin.

Alors que d’aucuns pensaient qu’il allait suivre l’exemple de certains de ses pairs africains tels que Blaise Compaoré, Idriss Deby, Omar Bongo et nous en oublions, qui ont fait modifier la Constitution comme cela a été le cas chez nous avec la relecture de l’article 37, Kérékou a annoncé son départ et laissé une pléthore de candidats (26) briguer la magistrature suprême.

Le 5 mars 2006, les populations de l’ancien Dahomey ont été aux urnes dans le calme et ont porté le banquier Yayi Boni au pourvoir. Là aussi, le pays est sorti la tête haute. Une élection propre a vu le challenger du président élu, Adrien Houngbedji, reconnaître publiquement sa défaite et adresser dans la foulée ses chaleureuses félicitations au nouvel élu.

Au fil des ans donc, le Bénin ne cesse de donner des leçons au monde, balayant du coup la thèse selon laquelle "l’Afrique n’est pas mûre pour la démocratie". Mieux, contrairement à certains pays où les institutions démocratiques ne sont que des artifices, la Cour constitutionnelle vient encore de montrer que la séparation des pouvoirs est une réalité dans l’ex-Quartier latin de l’Afrique.

En effet, comme l’a fait le président sénégalais Abdoulaye Wade, au Bénin aussi, les députés, peut-être par cupidité, ont voulu proroger leur mandat d’une année pour, selon eux, coupler les législatives et les municipales par souci d’économie. Mais mal leur en prit, car la Cour constitutionnelle s’y est opposée de manière catégorique.

Et il ne fait aucun doute que sous d’autres cieux, cette loi serait passée comme une lettre à la poste, car des membres du Conseil constitutionnel qui ne disposent d’aucune marge de manœuvre en termes d’indépendance ne se seraient nullement fait prier pour avaliser un tel projet.

Véritablement, hormis le Bénin, il est rare dans nos républiques cotonnières de voir un Conseil constitutionnel désavouer de manière aussi claire et nette une Assemblée nationale, qui reste, quoi qu’on dise, le 2e pouvoir.

Inutile de dire que la démocratie, ce ne sont pas seulement la tenue régulière d’élections, la mise en place des institutions. Il faut que chacune d’elles soit véritablement indépendante dans ses prises de décisions. Le Bénin donne là une bonne leçon de démocratie. Un exemple à suivre.

Adama Ouédraogo Damiss

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 11 juillet 2006 à 09:39, par Hermann En réponse à : > Bénin : Une grande école de démocratie

    Est - ce a dire aussi que la cours constitutionnel du Burkina pouvait refuser l’octroi des 3 millions aux deputes en fin d’annee et aussi le relevement de leur indeminite de session pendnat que la majotite de la popualtion peine ? Si oui, pourquoi ne l’a t-elle pas fait ?

    • Le 11 juillet 2006 à 16:26, par yamaambaala !! En réponse à : > Bénin : Une grande école de démocratie

      Mon cher Hermann, il faut les laisser, ce sont des beni oui-oui qui sont à la cour constitutionnelle du BF. Des femelettes qui ne peuvent même pas roupester devant un petit deputé issu de mega parti, que je nomme le cdp.

      Honte à eux

  • Le 23 juillet 2006 à 06:38 En réponse à : > Bénin : Une grande école de démocratie

    Toutes mes vives felicitations a Mr Ouedraogo qui a le courage de reconnaitre que certains ont modifie la constitution pour s’eterniser au pouvoir... et que la democratie ne se resument pas a des elections fantomes precedees par des campagnes ehontees...Honnetement un ecrit d’un tel objectivite me surprend, surtout dans les colonnes de Sidwaya. Si quelqu’un m’offrait un abonnement gratuit a Sidwaya j’aurais considere cela comme une insulte....mais la franchement je vous tire mon chapeau. J’espere que vous saurez honorer votre audace, votre integrite et defendre l’honneur de votre metier de journaliste : je vous le souhaite !!!

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