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Crise ivoirienne : en attendant New York

Publié le lundi 10 juillet 2006 à 08h24min

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A.D.O et Gbagbo

C’est désormais de notoriété publique : déclarer une guerre, ouvrir un front sont bien souvent d’une déconcertante facilité. Par contre, le cas aujourd’hui de la Côte d’ivoire l’illustre, mettre fin à un conflit tient plutôt de la gageure.

Dans ce pays jadis si prospère, depuis le déclenchement des hostilités en septembre 2002, on tente d’établir le dialogue en multipliant les concertations et les sommets pour un retour à la paix. C’est ainsi que Yamoussoukro s’est retrouvée une fois de plus sous les feux de l’actualité.

Après Marcoussis, Accra I, II, III, et Pretoria, pour la nième reprise, la capitale héritée d’Houphouët-Boigny a abrité une conférence internationale sur la crise ivoirienne. Ce 6 juillet 2006, en effet, étaient réunis autour de la table, outre les protagonistes de la crise et les ministres des Affaires étrangères du Niger et du Congo, quelques habitués et des vétérans des multiples rounds de négociations engendrées par la situation en Côte d’Ivoire : le Sud-Africain Thabo Mbeki, le Nigérian Olusegun Obasanjo aux côtés du secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, venu spécialement présider cette rencontre.

Au menu des tractations, le bilan du processus de paix conduit par le Premier ministre de transition, Charles Konan Banny, en vue d’élections libres, régulières, ouvertes et transparentes prévues pour se tenir au plus tard le 30 octobre prochain. Pour mémoire, au cours de ce mouvement engagé sous l’impulsion du Conseil de sécurité depuis maintenant 6 mois, la mise à jour de certains points des accords de Marcoussis, Accra III et Pretoria s’avérait nécessaire. Il s’agit en particulier de l’opération de désarmement, démobilisation et réinsertion (DDR), du démantèlement et du désarmement des milices et de l’établissement des conditions nécessaires à la tenue effective des consultations du 30 octobre.

Alors où en est-on à seulement quatre mois de l’échéance ? Vraiment pas très loin de la ligne de départ, si l’on en croit les observateurs de la scène politique ivoirienne ; car si sur certains points comme la participation effective des ministres rebelles aux activités gouvernementales, les choses ont évolué, il n’en est pas de même pour le DDR. Ainsi, la rencontre de Yamoussoukro, la nième du genre, s’est tenue dans un contexte où le processus de paix, malgré quelques timides avancées, piétine toujours.

Et si selon les déclarations de Kofi Annan à l’issue de la rencontre « tout le monde sait qu’il faut vraiment aller de l’avant », l’annonce de l’examen de la question du « mandat présidentiel » en mi-septembre prochain, à l’occasion de l’assemblée générale des Nations unies, ne présage rien de bon quant à la tenue effective des élections. En effet, peut- on réellement croire que si près de l’échéance, des décisions porteuses d’espoir pour le retour de la paix en Côte d’Ivoire puissent être prises, fût-ce au plus haut niveau ? Mais d’ici là, les protagonistes de la crise ivoirienne ayant, une fois de plus, pris la ferme résolution de faire avancer les choses, reste à espérer, sans trop y croire, que le prochain round portera ne serait-ce qu’une poignée de fruits. Rien n’est moins sûr quand on sait qu’au sein de la classe politique ivoirienne les intérêts divergent fondamentalement.

En effet, il est connu que cette situation de ni guerre ni paix constitue pour certains du pain béni. Ainsi, pour rien au monde, ces pêcheurs en eaux troubles n’envisageraient un éventuel retour à la paix, mauvais pour leurs affaires. Alors, pendant que d’autres acteurs de la crise appellent de tous leurs vœux au retour à l’ordre normal des choses au pays de feu le Bélier, se démenant comme de beaux diables pour la cause, d’autres rusent pour jeter ne serait-ce qu’un grain de sable pour gripper la machine de la réconciliation nationale.

Mais si longue que soit la nuit, les rayons du soleil pointeront à l’horizon, annonciateurs d’un jour nouveau. Les prochaines concertations sur la paix en Côte d’Ivoire, prévues pour se tenir en septembre prochain, seront peut-être porteuses de véritables avancées vers la paix... C’est en tout cas le souhait de la sous-région, essoufflée par le ralentissement de la machine ivoirienne.

En septembre prochain à New York, la communauté internationale devra donc donner un vigoureux coup de manivelle, quitte à envisager de véritables sanctions à l’encontre de ceux-là qui rament à contre-courant de la paix.

L’Observateur Paalga

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