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Pyong Yang : Le dernier tir de sommation

Publié le vendredi 7 juillet 2006 à 08h42min

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Fini le temps des SS-20 et des Pershing de croisières, mais paradoxalement, il y a de quoi être toujours inquiet. La course aux armements se poursuit et plus que jamais, on n’est pas à l’abri d’une terrible catastrophe à l’échelle planétaire.

Depuis la chute du mur de Berlin et la fin de l’équilibre de la terreur (entre les deux grands USA & URSS), l’Oncle Sam est désormais seul maître à bord du navire mondial. Naïvement nous étions en droit de penser qu’avec un seul capitaine dans ce bateau, les brebis égarées allaient être ramenées de gré ou de force à la bergerie, et que chacun se teindrait tout coi dans les rangs.

Eh bien, pas du tout et le récent tir d’essai de sept missiles dont un Taepadong-2 d’une portée de 6 700 km de la Corée du Nord est illustratif du danger qui guette l’humanité. C’est vrai, du temps de la splendeur de l ’URSS, la Corée du Nord était un de ses satellites et était respectueuse des us et coutumes dans ce milieu.

Maintenant que le maître du Pacte de Varsovie est passé de vie à trépas, les élèves, naguère si disciplinés, agissent comme bon leur semble. Et bonjour la catastrophe !! Pour les responsables nord-coréens "ce lancement réussi de missiles fait partie des exercices de missiles normaux qui ont pour but de renforcer nos capacités de légitime défense".

Ignorant royalement la désapprobation et l’opprobre de la communuté internationale, Pyongyang a promis hier jeudi de nouveaux tirs de missiles et, pire, a menacé de prendre des mesures de rétorsion rigoureuses en cas d’éventuelles sanctions des Nations unies.

Fortement exténués par la guerre en Irak qui s’apparente à bien d’égards au cauchemar vietnamien, les USA ont véritablement du mal à dicter leur règle de conduite à certains pays classés parmi "l’axe du mal". Et c’est en partie pour dénoncer un tel classement où, entre autres, nous retrouvons l’Iran, Cuba, la Corée du Nord, que Kim Jong II, le leader incontesté dans ce rideau de fer, a opéré le lancement de ces missiles.

Ainsi le régime nord-coréen utilise des milliards de dollars pour se doter de l’arme atomique et de missiles de longue portée alors qu’une partie non négligeable de ses 25 millions d’habitants ne mange pas à sa faim. Camper géographiquement et historiquement la péninsule de Corée et surtout la Corée du Nord ne serait nullement de trop.

Péninsule située entre la Mer du Japon et la Mer Jaune, la Corée s’est scindée en deux à l’issue de la guerre qui a duré de 1950 à 1953 faisant de ce pays deux entités bien distinctes politiquement parlant. D’un côté nous avons la Corée du Sud, bourgeoise et capitaliste et de l’autre, la République démocratique populaire de Corée, dite Corée du Nord.

Bien arrimée à l’ex-bloc de l’Est, la Corée du Nord est dirigée depuis 1948 par une dictature rouge incarnée de main de maître par Kim Il -Sung. En 1994, à sa mort après 46 ans (seulemenet !) de règne et comme il est de coutume dans de tels régimes totalitaires, son fils, Kim Jong-Il, lui succède et mène la même politique, faite de dictature atroce.

Ainsi, pendant que la Corée du Sud a irrémédiablement emprunté la difficile voie du développement, le Nord, lui, se "tiermondise" tout en prenant soin de fermer ses frontières et d’interdire la moindre liberté d’expression. Mais apparemment, quelles que soient les gesticulations de Pyongyang, cette liberté qu’il s’est donnée en tirant ses missiles qui se sont abîmés en Mer du Japon risque de faire des gorges chaudes.

Ce n’est un secret pour personne que les princes qui nous dirigent n’ont pas aimé ce tir d’essai, qui les terrifie et mijotent dans le secret de leur bureau d’efficaces mesures de rétorsion. C’est d’ailleurs pour cela que le Conseil de sécurité des Nations unies étudie depuis mercredi dernier un projet de résolution concocté par Tokyo et Washington, qui prévoit des mesures punitives contre Pyongyang.

Il est d’ores et déjà prévu par le Conseil l’interdiction du transfert de ressources financières, biens matériaux et technologies à destination des utilisateurs qui pourraient contribuer aux programmes nord-coréens en matière de missiles et d’armes de destructions massives. Qui pis est, ce projet est placé sous le chapitre VII de la Charte de l’ONU, qui ouvre la voie à d’éventuelles sanctions ultérieures.

Mais ces éventuelles sanctions pourront-elles être vraiment effectives ? Le doute est permis, car comme il fallait s’y attendre, les alliés naturels de Pyongyang que sont Pékin et Moscou et dont les voix comptent sur le plan international montrent déjà une réticence certaine à l’idée d’une résolution, préférant une déclaration lapidaire, sans conséquence.

Et c’est ainsi que la Corée du Nord peut impunément continuer à jouer à cache-cache avec la communauté internationale. On aurait pu le tolérer si ce jeu était sain et inodore. Mais il est hautement nocif pour l’humanité, car pour Pyongyang, c’est le dernier tir des sommations.

Boureima Diallo

Observateur Paalga

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