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Commerce de la viande et des poulets grillés : Un secteur rentable mais tourmenté

Publié le vendredi 7 juillet 2006 à 08h22min

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Chaque jour, des dizaines de milliers de Burkinabè consomment viandes et poulets. Le secteur de la vente apparaît prometteur. Pourtant, tout n’y est pas rose. Regards sur un secteur victime du développement de la concurrence et de la hausse des prix des matières premières.

A Ouagadougou, vivre du commerce de la viande devient de plus en plus difficile. La plupart des vendeurs se plaignent des conditions pénibles de leur métier : développement de la concurrence, accroissement des coûts ... Certes la grippe aviaire a modifié la donne et augmenté les ventes de viande durant quelques temps, mais les chiffres ont rapidement baissé, pour revenir à la normale.

Pourtant, il y a quelques années, le secteur était florissant. Quelques dizaines de marchands alimentaient en viande, l’entièreté de la capitale burkinabè. Mais depuis, les choses ont changé. La concurrence est arrivée à tel point que l’on rencontre aujourd’hui un vendeur de viande à chaque coin de rue. Il est alors difficile de disposer d’une clientèle suffisante pour vivre et entretenir une famille.

Même en vendant leurs produits une fois et demie, leur prix d’achat, les marchands de brochettes font peu de bénéfices. Ouédraogo Tasséré, vendeur au Boulgou Bar, explique : « Si nous achetons pour 7 000 F CFA de viande, nous pouvons vendre jusqu’à 11 000 F de brochettes. Mais il faut tenir compte de l’achat des ingrédients (piments, huile ..) pour assaisonner le viande et du bois pour la grillade. En fin de compte, il ne reste pas grand-chose ».

Sans oublier qu’à ces dépenses, il faut encore ajouter le prix de la location du local, très variable d’un cas à l’autre. Cependant, la situation n’est pas identique pour tout vendeur de viande. Il y a dans ce métier, des inégalités. Ainsi, Maïga Sané vendeur sur le site du Projet ZACA admet faire un bénéfice journalier de l’ordre de 2 000 F CFA. La raison en est toute simple : spécialisé dans un secteur moins concurrentiel (grillades de rognons, de cœurs et de viande rouge), Maïga Sané est connu et reconnu grâce à la qualité de ses produits. D’autres facteurs peuvent encore entrer en jeu, tels l’aménagement de l’espace au profit du climat ou encore la situation géographique du commerce.

Le poulet tient sa place

Poulets télévisés, braisés, sautés, au four, flambés..., autant de spécialités qui sont prisées des Ouagalais. Chaque jour, plus d’un millier de volailles sont tuées et préparées dans les maquis et restaurants pour satisfaire les nombreux clients. L’engouement des Ouagalais pour ce type de viande s’est accru depuis que les autorités ont rassuré les populations du recul de la menace de la grippe aviaire.

Exercée au Burkina depuis plus d’une trentaine d’années, la vente de poulets grillés est une activités qui peut être très rentable. Une opportunité d’affaires pour ces vendeurs installés un peu partout dans la ville. Malgré leur nombre sans cesse croissant, ils font chaque jour des recettes intéressantes. Car c’est une des activités commerciales qui rapporte rapidement au Burkina Faso. Au Boulgou Bar par exemple, on y vend en moyenne, 100 poulets au four par jour. « La demande avait relativement baissé avec l’apparition de la grippe aviaire, mais actuellement, les ventes ont repris de plus belle », souligne Abdoulaye Drabo, gérant du Bar. Le poulet est acheté vivant à environ mille quatre cents (1 400) F CFA l’unité, et revendu après préparation à mille sept cents (1 700) F CFA aux clients.

Avec une centaine de poulets vendus par jour, le vendeur gagne sur chaque poulet, trois cents (300) F CFA, soit environ trente mille (30 000) F CFA de recettes par soirée de vente et près de neuf cent mille (900 000) F CFA par mois. « Il nous faut déduire les dépenses de ces recettes qui sont énormes », précise M. Drabo. « Nous devons tenir compte du papier aluminium à acheter, du transport des poulets, de leur lieu de stockage jusqu’au bar, et des ingrédients pour l’assaisonnement de la volaille... ».

Il n’a cependant pas donné le montant exact des dépenses.

Les recettes sont fonction de la taille du commerce et des moyens qui sont injectés dans l’activité.

Sayouba Lingani, propriétaire de « Poulets Bissimilahi » qui tient un petit commerce de poulets télévisés à Koulouba affirme pour sa part, vendre par jour, environ cinquante (50) poulets, soit une recette journalière de près de quinze mille (15 000) F CFA. M. Lingani qui fait dans l’informel, trouve qu’il lui est également difficile d’évaluer ses dépenses journalières. Selon lui, des dépenses telles que le gaz pour la grillade, les ingrédients pour l’assaisonnement (arôme, piment ...), les émoluments des employés et la location de l’espace, font qu’il ne gagne presque rien en fin de compte.

Malgré toutes ces charges, ils affirment cependant arriver à tirer son épingle du jeu. « Je m’en sors. Avec ce que je gagne, j’arrive à subvenir aux besoins de ma famille », soutient M. Lingani.

Les grilleurs de viande et de poulets rencontrent des fortunes diverses. Pendant que les uns tirent leur épingle du jeu, d’autres par contre, tirent le diable par la queue. Ainsi vont les affaires.

Gladys OUEDRAOGO
Céline BONHOMME
(Stagiaires)


Piment, recette secrète

Ce qui fait la particularité de la brochette ou du poulet, c’est l’assaisonnement qui est utilisé pour la préparation. Le piment utilisé pour l’assaisonnement est généralement composé d’arachides grillées, d’ail et d’épices. Mais chaque vendeur a sa façon spécifique de préparer son piment pour retenir sa clientèle.

Un « petit quelque chose » gardé secret, est généralement ajouté à la recette pour relever le goût et donner au piment des propriétés aphrodisiaques. Ce petit plus est gardé jalousement par les vendeurs, car le dévoiler, c’est accroître la concurrence déjà assez grande.

Sidwaya

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