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Rebellion touarègue au Mali : Les leçons de la médiation algérienne

Publié le jeudi 6 juillet 2006 à 07h42min

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La crise au nord du Mali vient de trouver un dénouement heureux et louable à Alger. Les protagonistes s’y sont en effet entendus, sous la houlette des autorités algériennes. Ils sont parvenus à l’élaboration d’un document cadre de sortie de crise, intitulé "Accord d’Alger pour la restauration de la paix, de la sécurité et du développement dans la région du Kidal".

En rappel, la crise qui est sur le point d’être résorbée était née de l’attaque simultanée, le 23 mai dernier, de garnisons militaires, respectivement à Kidal et à Ménaka au Mali, par d’ex-rebelles touaregs en rupture avec l’armée malienne.

Cette attaque avait provoqué une certaine psychose chez les Maliens. Pour beaucoup, les vieux démons étaient de retour dans le pays. Avec cet accord d’Alger, les conditions d’un retour durable de la paix semblent donc réunies, d’autant que le gouvernement malien s’est, entre autres engagements, résolu à créer un fonds spécial d’investissement en vue de mettre en oeuvre un programme de développement économique, social et culturel pour la région, et à renforcer la participation des cadres du Nord dans les différents rouages de l’Etat. De leur côté, les insurgés se sont engagés à restituer les armes, munitions ou véhicules soustraits lors de la mutinerie du 23 mai.

Les mutins ont également, en contrepartie, obtenu la possibilité de regagner les camps militaires, avec des garanties fermes sur leur sécurité et avancements en grades. Toutes ces concessions montrent à quel point les autorités de Bamako ont fait montre de sang-froid et de discernement dans la gestion de la crise. Malgré les suspicions d’ingérence extérieure inévitable en pareille situation, le Mali n’a jamais fait publiquement cas de l’implication d’une main étrangère dans cette crise.

Si cette signature d’accord de paix est, évidemment, à mettre à l’actif des deux parties maliennes, qui ont su surmonter leurs divergences et se faire confiance, elle est aussi et surtout le fruit de la médiation algérienne. Ce succès marque, peut-être, le retour en force de ce pays sur la scène diplomatique africaine, aidé en cela par l’embellie du cours du pétrole, dont il est l’un des principaux bénéficiaires sur le continent. En effet, par le passé, l’Algérie, membre actif du mouvement des Non-alignés, voire révolutionnaire, était l’une des consciences de l’Afrique.

A ce titre, elle avait toujours su jouer les équilibres entre les Etats du Maghreb et ceux au sud du Sahara. En oeuvrant pour la paix au Mali, l’Algérie donne un bel exemple de bon voisinage. Certes, les autorités algériennes, qui viennent de sortir d’une longue période d’instabilité politique, ont, d’une certaine façon, intérêt à ce que la paix règne de l’autre côté de la frontière ; car, comme on le dit, quand un incendie éclate chez le voisin, il y a vraiment lieu de le secourir, ne serait-ce que pour éviter éventuellement d’en être, à son tour, victime.

Mais, au-delà de ces considérations, leur acte mérite d’être salué à sa juste valeur car cela signifie, quelque part, que les Africains n’ont pas forcément besoin de l’assistance des puissances du Nord pour résoudre leurs problèmes. Autre leçon à tirer de cet Accord d’Alger, le nombre limité d’intervenants dans le règlement de cette crise.

Si les Algériens sont parvenus plus ou moins rapidement à sceller un tel accord avec les différentes parties, c’est sans doute parce qu’ils étaient les seuls acteurs de la médiation. L’on a l’impression que moins les médiateurs sont nombreux, mieux cela vaut. Peut-être que si plusieurs Etats, même africains, avaient été associés à cette médiation, l’on n’aurait pas enregistré des avancées aussi notables, tellement le jeu des intérêts aurait fait retarder les choses.

La difficulté à trouver une solution à la crise ivoirienne, dans laquelle sont impliqués de nombreux médiateurs (ONU, UA, CEDEAO, France, Afrique du Sud), en est une parfaite illustration. Il en est de même de la crise du Darfour, qui perdure en raison du choc des intérêts économiques, géopolitiques et géostratégiques divergents des grandes puissances.

Le Pays

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