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Côte d’Ivoire : Gbagbo n’est pas pressé

Publié le mercredi 5 juillet 2006 à 06h19min

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Laurent Gbagbo et Kofi Annan

Très cher neveu. Les journaux français disaient que d’intérim en intérim, le président du Sénat (successeur du chef de l’Etat en cas de vacance du pouvoir) ferait son septennat. Dans le même ordre d’idées, de report en report du calendrier électoral, Laurent Gbagbo ferait deux mandats. Ce n’est pas de la politique-fiction.

En effet, le secrétaire général de l’ONU a laissé percevoir, de manière à peine voilée, l’éventualité d’une prolongation de la transition. Kofi Annan sait de quoi il parle.

Comme pour prendre les devants, le président ivoirien a écarté toute discussion sur la crise lors du passage du Secrétaire général de l’ONU à Abidjan. Il a estimé que tout au plus, Kofi Annan devrait se contenter de constater l’évolution de la situation. Laurent Gbagbo, même si dans le fond, est convaincu du contraire, n’est pas homme à changer d’avis. Dans ce contexte, l’on se demande sur quoi va déboucher le mini-sommet qui a lieu aujourd’hui. Or, il faut bien que cette énième rencontre crève l’abcès de l’imbroglio ivoirien.

A tort ou à raison (certainement plus à raison), beaucoup ne sont pas loin de penser que Laurent Gbagbo est le principal obstacle à la paix. Ils en concluent en suggérant qu’en cas de prolongation de la transition, l’actuel Premier ministre, Charles Konan Banny, puisse accéder à la tête de l’Etat. Une idée qui n’est pas dénuée de bon sens. En effet, en sept mois, il a réussi où les autres acteurs de la scène politique ivoirienne ont lamentablement échoué.

Une chose est sûre aujourd’hui. Les Ivoiriens sont fatigués et ils sont en quête de renouveau. Je suis sûr qu’ils caressent le secret espoir d’élire un homme qui n’est pas politiquement marqué, au-dessus des querelles de chiffonniers. Si l’exemple béninois qui a renvoyé les politiciens patentés mal conseillés par des marabouts et autres charlatans aussi aveugles qu’eux, pouvait faire tâche d’huile en Côte d’Ivoire, le chemin de la paix serait moins long.

Malheureusement, à moins d’un sursaut, un mot qui n’a presque aucun sens en Côte d’Ivoire, on ne voit pas comment ces hommes qui ont fait de la politique un métier et non une mission, pourraient prendre leur retraite car, comme le disait quelqu’un, la politique est plus dangereuse que la guerre. A la guerre, vous ne pouvez être tué qu’une seule fois. En politique, plusieurs fois. On devrait ajouter qu’en politique, on ressuscite aussi plusieurs fois. Et puisqu’ils meurent et ressuscitent plusieurs fois, les politiciens ivoiriens sont accrochés à tous les signes qui pourraient les maintenir de très près du pouvoir.

C’est dire qu’à des degrés divers, tout le monde profite de cette situation de ni guerre ni paix. Mais, la plus grande responsabilité incombe à Laurent Gbagbo, en tant que chef de l’Etat. Surtout qu’il ne rate jamais l’occasion de manifester bruyamment qu’il est le chef. On ne peut pas à la fois affirmer avec insistance son pouvoir, admettre que ce qui est bon est à son actif et crier sur tous les toits que ce qui est mauvais est du ressort des autres. Qui a intérêt à ce que cette économie de guerre qui échappe à tout contrôle perdure ? Qui a intérêt à ce que la non-tenue d’élections s’éternise ? Inutile d’avoir des binocles pour le savoir.

Pendant que ses adversaires passaient le temps à aboyer, la caravane de Gbagbo tissait patiemment sa toile de réseaux occultes en infiltrant tous les rouages de l’Administration, y compris les secteurs économiques les plus sensibles et vitaux qui appâtent l’extérieur : les milieux d’affaires, les lobbies militaro-industriels, les marchands de canons, etc. Si bien que la communauté internationale se trouve contrainte d’appliquer des mesures doucereuses à l’endroit de Gbagbo. Ainsi, ce dernier, d’un revers de la main, balaie les recommandations (et non les injonctions du Groupe international de travail). Gbagbo a d’ailleurs compris que la diplomatie du chéquier est plus payante que toutes les autres armes.

Après avoir massé une colossale fortune, grâce à des transactions informelles, il sait qu’il peut corrompre tout le monde. Même si sa fortune est loin d’équivaloir à celle des émirs des pays pétroliers, Gbagbo compte en Afrique de l’Ouest parmi ceux qui savent faire taire certaines velléités de contestation de son pouvoir.

Très cher neveu. Gabgbo n’est donc pas pressé. Pour lui, pourvu que ça dure. J’espère que tu ne manqueras pas de me parler de la saison hivernale qui débute actuellement là-bas. L’espoir d’une saison prometteuse permettra à nos populations d’oublier certaines promesses politiques qui se volatilisent aussitôt les élections terminées.

Ton oncle

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 5 juillet 2006 à 19:47, par digne africain En réponse à : > Côte d’Ivoire : Gbagbo n’est pas pressé

    Dommage cher neveu,que tu perçois le probleme de la CI,comme un probleme ou Gbagbo est en cause, souviens toi, on a tout dit sur lui, entre autre on voulait pas de la canditature d’untel parcequ’il est musulman,ou gbagbo est minoritaire,etc etc
    Il faut avoir le respect pour les morts que les rebelles ont tué, egorgé, violé.
    ON NE DEMANDE Q’UNE SEULE CHOSE "DESARMER LES REBELLES" un point c’est tout les autres insinuations comme "gbagbo n’est pas pressé" n’est que de la mauvaise foi, disons le LES VICTIMES NE PEUVENT PAS DEVENIR DES BOURREAUX

    Bien à toi cher Neveu, L’Afrique digne est en marche ;pour sa liberté,son respect, sois avec nous

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