Le projet RBC/AH de Ouargaye a été initié dans le souci de venir en aide aux personnes avec déficience qui sont très souvent démunies et marginalisées par la société : il s’agit des aveugles et autres handicapés. La région du Koulpélogo est, en effet, réputée pour abriter beaucoup de personnes ayant une déficience. "Les conditions socioculturelles, climatiques et sanitaires (analphabétisme, manque d’hygiène, onchocercose...) influent beaucoup sur cet état de fait", constate un enseignant du département de Soudigui.

C’est pour résoudre un tant soit peu cette situation que la RBC/AH s’est donc installée en 1986. « C’est pour répondre au devoir du bon chrétien pour l’amour de son prochain », nous a confié le coordinateur, Pascal Bélemsigri. Un handicapé moteur du nom de Antoine a reconnu que les handicapés sont les premiers bénéficiaires de l’action de RBC/AH. « Elle nous a redonné la joie de vivre, le bonheur de se sentir aimé. Malgré mon handicap, je peux participer à la construction de la nation et sentir que je suis un homme à part entière ».

Selon le coordonnateur du projet, Pascal Bélemsigri, le sacerdoce de son institution trouve sa justification dans cette phrase : « soulager ceux qui ont une déficience » et donner l’espoir.

Des objectifs nobles dans une démarche participative

La plupart du temps au Burkina, constate-t-on, les personnes présentant une déficience quelconque, de naissance ou d’acquisition, se voient rejetées par les autres et constituent un poids pour la communauté. Face à cette situation, les responsables de RBC/AH entendent faire siennes les paroles de Jésus Christ à savoir : « Je ne suis pas venu pour les biens-portants, mais pour les malades ». Créer pour prévenir et guérir la cécité et les autres handicaps, la RBC/AH se fixe par ailleurs pour objectifs d’éduquer et de rééduquer les aveugles irréversibles et personnes handicapées et aider les personnes impécunieuses sans distinction de religion ni de sexe.

Ces objectifs, indique-t-on, sont poursuivis à travers une stratégie de développement participatif pour la communauté et par la communauté. Ainsi, le projet sert de courroie de transmission entre spécialistes et patients. "Cette stratégie permet de découvrir des malades et de sensibiliser les parents (familles des malades) », a souligné M. Bélemsigri.

C’est dans ce cadre que l’équipe de coordination a entrepris de vulgariser les techniques de l’Information, Education et Communication (IEC) dans les familles des patients, dans les CSPS et à toutes les occasions favorables sur les maladies handicapantes et leur prévention. En outre, elle fait le dépistage des patients par ses agents appuyés par les personnes ressources. Aussi, cette structure effectue des tournées de consultation en collaboration avec les spécialistes et infirmiers des CSPS concernés en ophtalmologie, psychiatrie, kinésithérapie en ce qui concerne les préventions primaires.

Pour les préventions secondaires, il faut noter que RBC/AH fait de la chirurgie de cataractes et traite d’autres maladies oculaires en collaboration avec une équipe partenaire basée à Bawku au Ghana. L’institution fait également de la chirurgie orthopédique et plastique en collaboration avec l’hôpital Saint Jean de Dieu de Tanguiéta au Bénin. Dans cette optique, elle assure l’appareillage des handicapés physiques au centre Caltaux de Tenkodogo et au centre Paul VI de Ouagadougou. En même temps, RBC/AH rééduque les personnes handicapées et traite les épileptiques.

Le troisième niveau d’intervention de la RBC/AH lui permet de sensibiliser les gens pour l’acceptation de l’infirmité par l’intéressé et par la communauté. Cela lui permet de dispenser une formation spéciale aux aveugles et autres personnes avec déficience dans plusieurs domaines tels que : l’orientation et la mobilité, la prise en charge de soi. L’agriculture, l’artisanat sont appris aux déficients dans le cadre des activités génératrices de revenus. Le transfert dans les écoles spécialisées des enfants aveugles et sourds ainsi que l’octroi de tricycles aux handicapés moteurs font par ailleurs partie de ses activités.

Accompagner les aveugles et autres handicapés

Il ressort des statistiques de cette structure que les différentes actions ont permis au cours de ces trois dernières années (2000 à 2003), de traiter 363 aveugles, 62 sourds, 271 handicapés physiques, 2507 épileptiques, 130 malnutris et 221 cas divers. En ophtalmologie, 6550 consultations ont été effectuées et 31, patients ont bénéficié de la chirurgie de la cataracte.

Par ailleurs au cours de la même période, les handicapés physiques (568) ont bénéficié de la kinésithérapie et se sont vus octroyer des voiturettes (44), 91 cannes et 39 appareillages divers. En fin 2003, la chirurgie de cataractes et consultations traitant d’autres maladies oculaires (25 au 30 juillet) a concerné plus de 200 patients.

Outre les actions de prise en charge, le projet a mis en place un programme d’accompagnement qui permet à son public cible de s’auto promouvoir et de se prendre en charge. Cela, à travers la dotation en charrettes et charrues aux groupements d’aveugles, le reboisement d’arbres fruitiers et forestiers et l’installation de jardins au profit des groupements des personnes handicapées. Rappelant que le handicapé est une personne à part entière, M Belemsigri a conclu qu’il faut donner aux personnes ayant une déficience, "la possibilité de s’affirmer".

Guy Moise Moussa NABA
AIB/Ouargaye